Abricot : quelles sont les prévisions de récolte dévoilées lors de Medfel ?
La récolte 2023 d'abricots, d'après les prévisions présentées lors de Medfel, s'annonce à des niveaux semblables à ceux de l'an dernier en France et en Europe. Les épisodes marquants de gel de 2020 et 2021 ne se sont pas produits cette année. Mais la sécheresse, dont les effets sur les volumes ne sont pas encore connus, inquiète.
La récolte 2023 d'abricots, d'après les prévisions présentées lors de Medfel, s'annonce à des niveaux semblables à ceux de l'an dernier en France et en Europe. Les épisodes marquants de gel de 2020 et 2021 ne se sont pas produits cette année. Mais la sécheresse, dont les effets sur les volumes ne sont pas encore connus, inquiète.
L'année 2023 pourrait être similaire à 2022 pour les volumes français d'abricots. Selon les prévisions de récolte d'Europêch' dévoilées fin avril à Medfel, la production nationale devrait se situer autour de 125 000 tonnes, soit une hausse de 2 % par rapport à l'an dernier et de 16 % par rapport à la moyenne 2017/2021. Après deux années 2020 et 2021 très déficitaires à cause du gel notamment, la filière devrait donc retrouver des niveaux de production plus « normaux » pour la deuxième année consécutive.
« La météo capricieuse de ces dernières semaines et la baisse continue des surfaces expliquent que le verger français n’atteint plus les 150 000 tonnes et plus de 2017 ou 2015 », analysent les auteurs des prévisions de récolte. « L’hiver rigoureux et tardif entraine un retard important dans le calendrier, observe Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et Abricots de France. [...] On trouvera donc les abricots français cette saison aux alentours du 15 mai, jusqu’à la fin du mois d’août. Selon les premières estimations, la production retrouvera un niveau de calibre supérieur à l’an dernier, en raison de l’alternance et de la sécheresse qui ont limité le nombre de fleurs ce printemps. »
Surveiller de près les effets de la sécheresse
Au niveau européen, la production 2023 d’abricot est prévue autour de 500 000 tonnes, soit une baisse de 7 % par rapport à 2022 et de 7 % par rapport à la moyenne 2017/2021. Après deux années 2020 et 2021 très déficitaires autour de 400 000 tonnes, 2022 et 2023 sont des années moyennes, bien en-dessous de 2017 ou 2019 où la production se situait autour de 650 000 tonnes. L’an dernier, le gel a été présent dès le mois de mars en Grèce et en Italie, et début avril en France et surtout en Espagne, qui a été le pays le plus touché. Cette année, on signale un peu de gel en Grèce et dans le nord de l’Italie. « Des phénomènes de chute de bourgeons liés au manque de froid hivernal » sont également à déplorer, notamment en Espagne dans la région de Murcia, ainsi qu'une météo capricieuse en avril « avec des à-coups brutaux de températures ».
Les températures basses depuis le mois de janvier ont globalement retardé la floraison, et donc légèrement décalé le début de récolte dans de nombreux bassins de production. Il faudra surveiller de près les effets de la sécheresse qui sévit un peu partout mais plus particulièrement en Espagne et dans le Sud-Est de la France. Dans le Roussillon, des restrictions sur l’irrigation sont déjà imposées. « Les effets de cette sécheresse sur la production ne sont pas encore visibles à ce stade et on ne peut donc pas les prendre en compte dans les prévisions de récolte », précise la synthèse d'Europêch'.
Une année 2022 positive pour les producteurs français
En 2022, la faible pression de la concurrence espagnole a permis une entrée en saison relativement aisée pour l'abricot français. « La baisse du pouvoir d’achat a été ressentie, mais une consommation dynamique et des opérations promotionnelles nombreuses ont maintenu le marché à un niveau actif et satisfaisant », évoque Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et Abricots de France. A l’export, la demande a repris de la vigueur en raison de la faiblesse de la concurrence internationale. « Au final, c’est une saison satisfaisante qui a été vécue en 2022, et la filière française retrouve enfin des couleurs dans toutes les régions, apprécie Bruno Darnaud. Il faudrait maintenant confirmer en 2023 pour remonter le niveau de plantation, au plus bas depuis 4 à 5 ans ». Le taux de renouvellement annuel des surfaces est seulement de 2 % chez les producteurs d'abricots de l'AOP.
Grèce : une production au même niveau qu'en 2022
En 2023, la production grecque devrait atteindre 76 000 t, au même niveau que 2022 mais toujours en déficit par rapport au potentiel optimal (-6 % par rapport à la moyenne 2017/2021). Ce léger déficit de production est marqué sur les variétés précoces, aussi bien au sud du pays (Péloponnèse) qu’au nord (Veria, Chalkidiki). Cela s'explique par un hiver 2022/2023 très doux. Les variétés les plus tardives ne semblent pas être affectées.
Espagne : un potentiel de production à la peine
Avec près de 99 000 tonnes prévues en 2023, la production espagnole se situe 52 % au-dessus de celle de l’an dernier très déficitaire, mais 16 % en-deçà de la moyenne 2013/2017. Il n'y a pas eu de gel significatif à déplorer cette année. Dans les zones de production précoces, des baisses de volumes sont attendues. « Ces baisses sont dues principalement aux variations de température, explique Javier Basols, responsable filière fruits à la Fédération des coopératives agricoles espagnoles. D'une part, le temps froid des dernières semaines de février a retardé la floraison et, d'autre part, les températures élevées de ces dernières semaines ont affecté certaines variétés avec des problèmes de nouaison par manque d'heures de froids ». Depuis quatre ans, le potentiel de production espagnol ne s’exprime pas complétement notamment à cause du gel et de la grêle. En 2022, la production avait été très déficitaire, autour de 65 000 tonnes. Il faut remonter à 2017 ou à 2018 pour voir s’exprimer pleinement le potentiel de production espagnol qui se situe autour de 130 0000 à 150 000 tonnes.
Italie : des volumes en baisse
Cette année, la production italienne est prévue en baisse avec 203 000 tonnes, soit -26 % par rapport à 2022 et -13 % par rapport à la moyenne 2017/2021. Ce déficit de production est dû au gel, notamment dans les secteurs de plaine de la vallée du Pô, à des à-coups de températures pendant la floraison mais aussi à une alternance de production liée à la charge importante des arbres l’an dernier, ainsi qu'à la sècheresse. « En termes de surfaces, la légère baisse au niveau national, enclenchée depuis quelques années, se poursuit. Elle est de -4 % par rapport à 2022 », note Elisa Macchi, directrice de CSO Italy. Cette érosion des surfaces est liée à un moindre rythme de plantation. Dans le sud de l'Italie, la maturité est en retard de quelques jours par rapport à l'an dernier, tandis que les régions du Nord sont sur des dates de maturité similaires à 2022.