Foin : « Avec un séchoir à plat autoconstruit dans un ancien bâtiment, nous limitons l’investissement »
Éleveurs en Mayenne, Baptiste et Léo Blanchard ont transformé un ancien bâtiment à taurillons en séchoir en grange à plat. Objectif : réduire le montant d’investissement par rapport à un séchoir neuf.
Éleveurs en Mayenne, Baptiste et Léo Blanchard ont transformé un ancien bâtiment à taurillons en séchoir en grange à plat. Objectif : réduire le montant d’investissement par rapport à un séchoir neuf.
À Saint-Georges-sur-Erve, en Mayenne, Baptiste et Léo Blanchard font sécher du foin à plat pour le vendre à des éleveurs bovins et équins. « Nous avions un ancien bâtiment à taurillons entouré de 180 hectares de prairies. Nous l’avons transformé en séchoir pour produire un foin de qualité. » Avec l’appui du Segrafo, les deux cousins ont opté pour un séchage à plat, avec quatre cellules de 115 m², dont une multiproduit, soit une capacité de séchage instantanée de 75 tonnes de foin.
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Les éleveurs ont assuré eux-mêmes une grande partie des travaux : démolition, décaissement pour poser les caillebotis, pose de l’OSB, ouvertures permettant l’arrivée d’air chaud. Au final, sans compter l’autochargeuse de 80 m³ (72 000 €), la modification du bâtiment a coûté 267 000 €. « En neuf, un séchoir de cette capacité aurait nécessité un investissement de 700 000 € », assurent les associés.
À 0,13 € le kilowattheure électrique acheté et un coût de revient du bois déchiqueté de 13 €/m³, le coût de l’énergie pour sécher du foin est de 18,5 €/t de foin sec.
Un générateur d’air chaud à base de bois
La manipulation du foin se fait avec une griffe électrique sur roues. Le choix a été fait de ne pas installer de capteur solaire. « Comme nous voulions ventiler les 460 m² en même temps, le gain de température aurait été très faible pour l’investissement que cela aurait nécessité. De plus, nous avons 44 km de haies sur la ferme qui étaient déjà valorisées en bois déchiqueté. Nous avons donc choisi de sécher le foin uniquement à partir d’un générateur d’air chaud à bois déchiqueté. »
Les travaux, d'août 2021 à mars 2022, ont consisté en l’aménagement de quatre cellules, avec des cloisons en parpaings recouvertes d’OSB. Au sol, des treillis métalliques ont été mis dans les cellules pour le foin et des grilles métalliques ont été posées dans la cellule multiproduit. Ils sont disposés à 60 cm au-dessus du sol, permettant l’arrivée de l’air chaud par-dessous.
Un local accolé au bâtiment a été construit pour abriter le générateur d’air chaud de 720 kW et quatre ventilateurs.
Chiffres clés
Le coût total de l’investissement de 267 000 € comprend :
• 80 000 € de ventilateurs
• 70 000 € de générateur d’air chaud
• 37 000 € de griffe sur roues
• 36 000 € d’aménagements intérieurs (caillebotis, cellules…)
• 16 000 € de maçonnerie
• 15 000 € de raccordement électrique
• 5 500 € de charpente et couverture
• 5 000 € d’études
• 2 500 € de terrassement
Avis d'expert : Tanguy Morel, Idele
« Le séchage à plat est plus énergivore que le séchage en grange »
« Le séchage à plat est plus énergivore que le séchage en grange, car l’air qui traverse le foin n’est jamais saturé en humidité. C’est l’inverse avec le séchage en grange. Son principe est en effet de sécher le foin en ajoutant une petite couche chaque jour. Le premier jour, l’air qui traverse le foin passe de 50 % d’humidité à 100 %, car l’eau est facile à extraire. Le deuxième jour, il passe de 50 % d’humidité à 80 %, car l’eau au cœur de l’herbe est plus difficile à extraire. Mais comme on a remis de l’herbe fraîche dessus, il passe de 80 % d’humidité à 100 %. Il n’y a pas de gaspillage d’énergie. »