En bovins, « l’identification électronique est une voie d’avenir pour améliorer le quotidien des éleveurs »
Contrairement aux petits ruminants, l’identification électronique n’est pas obligatoire en bovins. Liée désormais à des équipements automatisés, cette technologie a vu ses usages se multiplier en élevage laitier. En revanche, en production allaitante, les boucles électroniques ont encore du chemin à faire. Éleveurs, professionnels de la filière et élus témoignent de leurs nombreux atouts, notamment pour soulager l’astreinte.
Contrairement aux petits ruminants, l’identification électronique n’est pas obligatoire en bovins. Liée désormais à des équipements automatisés, cette technologie a vu ses usages se multiplier en élevage laitier. En revanche, en production allaitante, les boucles électroniques ont encore du chemin à faire. Éleveurs, professionnels de la filière et élus témoignent de leurs nombreux atouts, notamment pour soulager l’astreinte.
« L’identification électronique présente des intérêts évidents en termes de traçabilité, de gestion sanitaire et de sécurité au travail. Et ils sont démultipliés s’ils sont couplés à la dématérialisation des passeports et des documents sanitaires », expose Daniel Perrin, secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) lors d’un symposium organisé par MSD Santé Animale au Salon de l’agriculture le 27 février 2024.
Les intervenants réunis à cette occasion sont unanimes : au-delà de l’enjeu crucial de sécurité sanitaire, cette technologie fait partie des solutions d’avenir pour améliorer le quotidien des éleveurs. En plus de fiabiliser la donnée, l’identification électronique contribue à alléger la paperasse administrative.
Une adhésion plus ou moins forte selon les filières
Les bénéfices de l’identification électronique ne sont plus à prouver. « C’est une technologie mature, fonctionnelle et normée depuis plusieurs décennies », appuie Sébastien Duroy, expert en identification animale à l’Institut de l’élevage (Idele). Rapide et précis, le dispositif peut se décliner à l’échelle de différents maillons. Il évite les erreurs de lecture et les fautes de frappe à la retranscription. C’est également une technologie sécurisante, puisque l’opérateur peut garder une certaine distance avec l’animal au moment de relever son numéro. Elle permet enfin d’automatiser certaines tâches.
« De fortes attentes sont exprimées de la part des opérateurs de l’aval mais comme l’identification électronique en bovins repose sur une démarche volontaire, sa généralisation relève avant tout d’un choix de filière », explique le spécialiste.
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Le dispositif trouve une adhésion plus forte en élevage laitier (lire l’encadré). 20 % des producteurs de lait en France bouclent électroniquement leurs animaux. Les éleveurs laitiers sont en effet nombreux à utiliser au moins un équipement automatique de type DAC, DAL, robot de traite, porte de tri dont le fonctionnement nécessite une identification électronique individuelle.
Dans le secteur bovin viande, seulement 2 % des éleveurs l’utilisent. « Les cas d’usage peuvent paraître un peu moins évidents qu’en élevage laitier », soulève Matthieu Repplinger, de la section bovine d’Interbev. L’emploi des boucles se cantonne essentiellement à la pesée électronique. « Au moyen d’équipements compatibles, la boucle électronique peut offrir une aide en permettant l’acquisition automatique du numéro et du poids de l’animal », soutient l’Idele.
« Un moyen de gagner en performances et en compétitivité »
Pour les intervenants, la généralisation des boucles électroniques est indispensable pour franchir le cap d’une agriculture 2.0. et pour répondre aux aspirations de la nouvelle génération. « 90 % des jeunes agriculteurs qui s’installent aujourd’hui s’orientent vers du matériel robotisé alors qu’est-ce qu’on attend pour se lancer ? », renchérit André Sergent, président de la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne. Du point de vue de Pascal Lavergne, député de la Gironde et éleveur allaitant, la ferme France doit s’appuyer sur de tels outils pour « rester dans la course », « gagner des points de compétitivité face aux grands producteurs de viande de ce monde ». Sur l’enjeu majeur de traçabilité, les données que la boucle a la capacité d’embarquer sur l’historique du bovin constitue une « arme de taille dans le cadre des contrôles de l’origine de la viande jusqu’à la barquette », reprend l’élu.
Cependant, « il reste un gros travail à mener sur la gestion des données », estime Séverine Breton, directrice de l’activité ovine au sein de Sicarev Coop. Aujourd’hui, la puce électronique contient pour seules informations le numéro individuel et unique de l’animal. Il faudrait pouvoir relier ce numéro à d’autres données relatives au bovin, sur les volets génétique et sanitaire par exemple.
La lecture individuelle et à proximité limite l’usage au quotidien en bovins viande
Aussi, la lecture un à un en proximité nécessite la contention de l’animal. Un autre frein de taille pour les élevages allaitants. Pour ouvrir le champ des possibles dans cette filière, « certaines technologies comme la lecture à haute fréquence mériterait de se démocratiser davantage », souligne Matthieu Repplinger. Selon l’expert, la gestion par lots et à distance serait plus en phase avec la conduite extensive des troupeaux et augmenterait certainement le consentement des éleveurs à prendre en charge ce léger surcoût. Parmi les possibilités, Matthieu Repplinger évoque le suivi de l’activité des veaux à leur passage au nourrisseur au pâturage.
« Par effet de levier, une plus grande adhésion des éleveurs allaitants à ce dispositif démultiplierait les bénéfices pour les autres acteurs de la filière », reprend Matthieu Repplinger. Les boucles pourraient être valorisées en centre d’allotement et en abattoir pour la pesée, le contrôle d’identification ou la traçabilité sur la chaîne d’abattage.
90 % des utilisateurs de boucles électroniques sont des producteurs de lait
Au 1er janvier 2024, 10 180 éleveurs bovins français utilisaient des boucles électroniques officielles. 90 % des utilisateurs sont des producteurs laitiers, incluant les troupeaux mixtes. Valorisée avec les automates de ferme, l’identification électronique concerne principalement les exploitations laitières de taille moyenne à grande.
« Depuis 2018, le nombre de nouveaux utilisateurs s’est stabilisé à environ + 230 élevages par an, précise Sébastien Duroy, expert en identification animale à l’Idele. La dynamique était plus forte entre 2011 et 2015 (+ 600 élevages par an), en lien avec le projet de dématérialisation des passeports en réflexion à cette période et anticipé dans plusieurs départements. »
Le saviez-vous ?
Dès les années 2000, l’identification électronique des bovins est envisagée au niveau européen mais ce n’est qu’en 2021, à la mise en application de la Loi de santé animale, que la règle générale de double marquage auriculaire conventionnel est encadrée. Depuis cette date, les États Membres ont officiellement la possibilité d’autoriser le remplacement d’une marque auriculaire classique par une boucle électronique, un bolus ruminal ou un transpondeur injectable. Dans un rapport publié en août 2023, l’Union européenne a jugé la règle actuelle satisfaisante et ne prévoit pas d’obligation réglementaire.
À ce jour, l’identification électronique des bovins est obligatoire dans six États membres (Danemark, Luxembourg, Autriche, Finlande, Irlande et Espagne). Dans les autres pays européens, son emploi est facultatif et relève d’une démarche volontaire des éleveurs.