En blé dur, le choix s’étoffe avec des variétés prometteuses
Dès les prochains semis, plusieurs nouvelles variétés prometteuses seront disponibles en blé dur, apportant des progrès en rendement et en résistance aux maladies.
Dès les prochains semis, plusieurs nouvelles variétés prometteuses seront disponibles en blé dur, apportant des progrès en rendement et en résistance aux maladies.
Avec six nouvelles variétés inscrites en octobre 2020, le progrès génétique retrouve une dynamique en blé dur. « Cela signifie que les programmes de sélection sont à maturité avec des inscriptions qui dépassent les témoins, se réjouit Matthieu Killmayer, animateur de la filière blé dur chez Arvalis. On va pouvoir retrouver de la concurrence dès cette année. »
La tâche n’est pas simple. Depuis 2017, Anvergur (inscrite en 2013) s’arroge plus de 40 % de la sole française de blé dur, atteignant 55 % en 2021. Son principal challenger, RGT Voilur (2016), plafonne à 20 %. Parmi les nouvelles variétés, trois se détachent : RGT Belalur chez RAGT, Canaillou et Formidou chez Florimond Desprez. Ces variétés sont inscrites avec un rendement compris entre 103,2 et 104,6 % des témoins.
Certes, les gains apportés par ce millésime sont moindres que ceux enregistrés en leur temps par Anvergur et RGT Voilur. « Les deux leaders actuels restent des valeurs sûres, mais cela permet de diversifier l’offre », souligne Mathilde Lejards, ingénieure Arvalis pour la région Centre. On peut ainsi appliquer la recommandation d’emblaver deux, voire trois variétés pour limiter les risques. Arvalis préconise donc de faire une place à ces nouveautés afin d’en tester une ou deux.
Un nombre de sélectionneurs restreint
Ce dynamisme est de bon augure, car l’amélioration génétique est indispensable pour ne pas plonger la filière blé dur dans un cercle vicieux. La baisse des surfaces françaises, passées de plus de 400 000 hectares il y a dix ans à 250 000 hectares, et l’usage croissant des semences de ferme (actuellement entre 30 et 40 % de la sole), ont découragé les obtenteurs. Deux seulement, RAGT et Florimond Desprez, poursuivent la sélection du blé dur en France. Ils étaient six il y a encore quelques années.
« Nous conservons nos efforts de recherche sur le blé dur, mais, malgré notre position de leader, nous ne gagnons pas d’argent avec. Les revenus paient tout juste les investissements », explique Sébastien Chatre, directeur de RAGT R2n. Comme chez Florimond Desprez, c’est l’approche multiespèce, avec la mutualisation des moyens de recherche pour les différentes cultures, qui permet de maintenir le programme blé dur, mais avec des financements sous contraintes.
Pourtant, « il y a besoin d’innovation variétale, notamment pour faire face au contournement de résistance que l’on observe régulièrement pour des maladies comme les rouilles jaune et brune, affirme Matthieu Killmayer. Désormais, Anvergur décroche en cas de forte attaque de rouille brune, alors qu’elle était plutôt tolérante auparavant. »
Outre la productivité et la résistance aux maladies, le défi de la sélection est d’obtenir des variétés qui encaissent les accidents de fin de cycle de plus en plus fréquents. La dégradation qualitative – et du prix – qui en découle est une cause d’abandon de cette culture. « Il faut à la fois du rendement, des protéines, peu de mitadinage… il n’y a pas de produit miracle », indique Michaël Cochard, sélectionneur blé dur chez Florimond Desprez. Mais la pompe est réamorcée. L’obtenteur espère inscrire deux nouvelles variétés dès 2021, et une autre en 2022.
La résistance à la mosaïque en ligne de mire
Après vingt ans de sélection, le défi technique d’obtenir une variété commercialisable tolérante à la mosaïque est en passe d’être relevé. « Nous espérons mettre à disposition des agriculteurs une variété tolérante à la mosaïque d’ici trois ans », annonce Sébastien Chatre, de RAGT. La variété sera probablement moins performante que les leaders, mais devrait afficher des notes suffisamment solides pour permettre de regagner des hectares de blé dur là où la mosaïque l’en avait chassé.