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Désherbage : l’écimage, solution de secours contre les adventices

Le recours à l’écimeuse se développe, y compris en conventionnel. Certains modèles offrent une grande marge de manœuvre pour rattraper une situation de fort salissement, au prix d’une technicité accrue.

En bio, passée juste avant la moisson, l’écimeuse (ici, la Selac de Bionalan) évite de récolter de la matière verte qui pénalise la conservation et la pureté, impliquant des efforts de triage importants. © Bionalan
En bio, passée juste avant la moisson, l’écimeuse (ici, la Selac de Bionalan) évite de récolter de la matière verte qui pénalise la conservation et la pureté, impliquant des efforts de triage importants.
© Bionalan

Débordé par des adventices qui montent à graine ? Pour gérer de telles situations, l’usage des écimeuses se développe, et pas seulement en agriculture biologique. Ces outils présentent l’intérêt d’empêcher les graines d’arriver à maturité, limitant ainsi la constitution du stock semencier d’adventices dans le sol.

« Quel que soit le système de production, l’écimage n’est pas un choix stratégique mais une solution de rattrapage, souligne Myriam Ouy, conseillère grandes cultures biologiques à la chambre d’agriculture du Loiret. L’objectif principal des utilisateurs n’est pas une réduction des produits phytosanitaires, mais de trouver une solution de secours. En agriculture biologique, passée juste avant la moisson, l’écimeuse évite aussi de récolter de la matière verte qui pénalise la conservation et la pureté, impliquant des efforts de triage importants. »

Intervenir sur une végétation sèche

L’efficacité de l’écimeuse est optimale lorsque l’on intervient sur une végétation sèche. Pour les vivaces tels que les chardons, l’idéal est d’intervenir avant la pluie. « C’est la meilleure façon de faire pourrir la vivace grâce à l’écoulement de l’eau à l’intérieur de la tige, souligne Myriam Ouy. Sur folle avoine, deux passages sont souvent nécessaires car l’écimeuse coupe le maître-brin de l’adventice, qui produit alors des épis secondaires. »

Le spectre d’action de ces engins est large. Chez Romain Vieren, agriculteur et entrepreneur de travaux agricoles dans l’Eure, l’écimeuse Bionalan de 14 mètres « sert surtout pour nettoyer les vulpins dans les blés ou la folle avoine dans les parcelles bio. Je l’utilise également sur chénopodes dans les légumes (pommes de terre, haricots et flageolets ».

Des modèles avec différentes fonctionnalités

Le marché des écimeuses s’est étoffé, avec des modèles plus ou moins perfectionnés. Dans sa version la plus simple (et la plus répandue), l’engin se contente de couper la tête des adventices au-dessus de la culture. C’est le cas de la Selac, modèle construit par l’entreprise Bionalan, dans les Ardennes (26 000 euros pour une 12 m). « C’est un outil facile à manipuler et précis, affirme Clément Bon, responsable commercial de la société. Sur une largeur de 12 mètres, on travaille au centimètre près grâce à la rampe frontale. Le réglage de la machine ne se fait pas en fonction du sol mais de la culture. On gagne en efficacité si la rampe est proche de la cime de la culture. C’est une opération délicate qui nécessite de la vigilance, avec peu de marge de manœuvre. »

Un correcteur de devers permet de maintenir une bonne stabilité dans le champ, pour une vitesse optimale de 8 à 10 km/h. « Des peignes servent à maintenir la végétation très volatile pour ne pas qu’elle soit couchée par le couteau, explique Clément Bon. Les lames tournent à 450 tours par minute. Cela évite de créer une dépression d’air et maintient la végétation à détruire. »

Récupération des graines d’adventices

Certaines machines ajoutent à l’écimage la récupération des graines adventices. « Ces modèles sont intéressants principalement pour éliminer les graines matures de la culture, mais également en cas de forte densité d’adventices, explique Myriam Ouy. L’évacuation de la matière coupée évite d’écraser la culture avec un andain lourd non ramassé. »

C’est ce type d’écimeuse récupératrice que commercialise Romain Bouillé, agriculteur en Seine-et-Marne : la Top Cut Collect, fabriquée par Zürn. « Ce type de machine permet des passages plus tardifs, lorsque la plante à éliminer est mature. Cette technique demande de la rigueur et de la patience pour faire un travail de qualité. » L’écimeuse récupératrice coûte trois fois le prix d’une écimeuse standard ne ramassant pas les graines.

 

 
Certaines écimeuses, comme la Top Cut Collect de Zürn, permettent de récupérer les graines d'adventices, autorisant une intervention tardive. © R. Bouillé
Certaines écimeuses, comme la Top Cut Collect de Zürn, permettent de récupérer les graines d'adventices, autorisant une intervention tardive. © R. Bouillé

 

La trémie, d’une capacité de 6 m3, recueille les graines et les menues pailles, ce qui nécessite parfois des vidanges régulières. Il est possible de piloter indépendamment la hauteur de la rampe à droite et à gauche. Des vérins hydrauliques situés sur les roues en bout de rampe permettent une variation de hauteur de 10 à 160 cm. Ils sont contrôlés depuis le poste de conduite, tout comme les réglages de vitesse des scies ou des tapis, adaptés selon la culture.

Des adventices coupées sous la culture

Plus complexes encore, des modèles permettent de couper les adventices sous la culture en place, à l’instar de l’écimeuse Combcut, développée par l’entreprise suédoise Just Common Sense. Son fonctionnement ne repose pas sur un réglage déterminé par la hauteur de la culture, mais sur la rigidité des tiges : cette écimeuse sélective peigne la culture en place et coupe les adventices sous sa cime. « C’est un matériel efficace qui nécessite des réglages très précis, donc une grande technicité de la part de l’utilisateur, précise Myriam Ouy. Grâce à l’inclinaison des 3 000 lames de cutter, les tiges les plus rigides et les plus grosses des plantes à détruire sont interceptées et supprimées. » Un Combcut de 6 mètres coûte 21 500 euros (source chambre d’agriculture).

D’après les retours d’expérience des agriculteurs utilisateurs, l’efficacité atteindrait 98 % en trois passages. « Combcut s’avère très efficace sur vulpins, car ils épient avant la céréale, affirme la technicienne. L’épi et les tiges, plus rigides que la céréale, sont coupés, contrairement aux feuilles plus souples de la culture, qui se faufilent entre les lames. » Outre son efficacité, ce type de matériel élargit la fenêtre de tir, puisqu’il est possible d’intervenir sous la culture.

Un débit de chantier de 9 à 12 ha/h

Le nombre de passages d’une écimeuse dépend du nettoyage à effectuer et du type d’adventices à éliminer. Le débit de chantier est de l’ordre de 9 à 12 ha/h, variable selon la largeur de rampe, la vitesse d’avancement et l’infestation de la parcelle. En prestation, le recours à une écimeuse classique vous en coûtera de 25 à 40 euros/ha. La facture s’élèvera à 60-75 euros/ha pour une machine récupératrice, transport des déchets non compris, d’après les tarifs constatés par la chambre d’agriculture du Loiret. Les subventions FranceAgriMer ont favorisé cet investissement de matériel, qui séduit de plus en plus d’agriculteurs en système conventionnel.

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