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Des variétés de maïs fourrage plus typées

Les semenciers diversifient leur offre de variétés de maïs fourrage en fonction de l’effort fourni sur la digestibilité des fibres, la quantité et le type d’amidon, ou encore la teneur en huile.

LG Semences propose pour la campagne 2019 trois nouvelles variétés HDI (hautement digestibles) dans les créneaux très précoce et précoce, et pour la première fois une variété semi-tardive.
© LG Semences

Près de huit cents variétés de maïs fourrage sont en vente en France. Pas facile a priori de faire le bon choix, sachant qu’Arvalis rappelle que les besoins se définissent d’abord par rapport à un système fourrager donné, en fonction des quantités d’herbe et de céréales utilisées pour l’alimentation hivernale des bovins, et qu’à chaque ration correspond un type de maïs. On peut les classer en maïs de type fibre, de type équilibré, et de type amidon. Les semenciers proposent d’ailleurs de plus en plus des variétés avec des profils marqués. Les entreprises de sélection se diversifient en effet, en fonction de l’effort fourni sur la digestibilité des fibres, la quantité et le type d’amidon, ou encore la teneur en huile.

C’est la voie la plus originale : la PME française Panam propose une gamme de maïs riches en huile, qui présentent des germes plus volumineux, à plus forte teneur en lipides. Les variétés RH contiennent 7 à 8 % d’huile dans le grain, et les variétés RH + 10 à 12 %, alors qu’un maïs classique est à 3 ou 4 % environ. « Ces variétés permettent d’augmenter la densité énergétique de la ration, et d’utiliser moins de concentrés », explique Frédéric Poujaud, directeur de Panam. Arvalis a cette année introduit la teneur en huile dans l’équation de prédiction de l’énergie brute, qui reposait jusque-là sur les teneurs en amidon et en MAT (1). Ces maïs sont riches en acides gras insaturés, en particulier en acide oléique (mono-insaturé). Ce ne sont pas des omégas 3 mais ils présentent un intérêt nutritionnel pour le consommateur. Un effet sur la tenue des gras de la viande est possible. Il n’y a pas encore de résultats expérimentaux sur bovins viande. Par contre, deux essais sur vaches laitières, menés à la ferme des Trinottières et à la ferme expérimentale de Grignon AgroParisTech, montrent un effet significatif sur la production laitière. Panam a inscrit ses premières variétés riches en huile en 2005. Le CTPS a créé une liste spéciale. « Désormais, les variétés riches en huile ont un rendement très proche des témoins et ne versent pas », informe Frédéric Poujaud.

Quel amidon, en quelle quantité et pour quelle digestion ?

Pioneer pour sa part mise sur le type d’amidon du grain pour obtenir une concentration en énergie (2). Des maïs dentés farineux pour l’ensilage, la gamme M3, sont proposés par le semencier américain depuis 2015 sur les créneaux très précoce à demi-précoce. « Ils apportent 2 à 5 % d’amidon en plus dans l’ensilage plante entière et se caractérisent par leur stay-green. Les tiges et les feuilles restent vertes à maturité du grain, ce qui préserve la digestibilité des fibres », assure Loïc Aubry de Pioneer. Ce type de maïs denté farineux s’ensile autour de 38-40 % MS. Ils promettent à ce stade de récolte un peu plus de rendement, et un grain rempli d’un amidon plus digestible qu’avec les habituels maïs cornés-dentés.

RAGT segmente également son offre en conservant l’optique d’une récolte classiquement réalisée aux alentours de 32 à 35 % de MS, mais en travaillant deux axes complémentaires, le premier axe étant le type d’amidon. « Nous avons caractérisé et identifié dix variétés de maïs dentés vitreux, couvrant une large plage d’indices de précocité pour la campagne 2019, explique Judicaël Devin, responsable maïs hybrides France chez RAGT. Ils présentent une vitesse de digestion de l’amidon dans le rumen intermédiaire entre les cornés dentés et les dentés farineux, types que nous proposons également, et ils sont ainsi plus souples d’utilisation. » Le deuxième axe d’expertise concerne l’optimisation du rendement UFL/ha en travaillant sur différents leviers agronomiques. « Nous avons travaillé sur l’effet de la date (semis et récolte), l’impact des densités et du binage. Nous avons des réponses qualitatives et quantitatives à donner sur les effets des coupes hautes, et l’incidence des écartements entre les rangs (75/40 cm) ».

Pour la première fois, une variété HDi semi-tardive

Chez KWS, l’amidon a été beaucoup travaillé, comme partout en Europe, mais toujours en compromis avec la tenue de tige et la digestibilité de la partie tige-feuilles. « On se place toujours dans l’objectif d’une récolte du maïs fourrage autour de 35 % MS », précise Sabine Battegay, chef produit maïs et spécialiste fourrage chez KWS. Le semencier allemand élabore d’ailleurs un outil pour déterminer l’évolution de la matière sèche et de la maturité des plantes en fin de cycle, à partir d’images satellite et de données climatiques, par parcelle et par variété. Un système de tests pour les variétés phares sera en cours d’expérimentation dès 2019, et devrait être proposé dans les prochaines années. KWS propose d’autre part une gamme très précoce et ultra-précoce (up), d’indice inférieur à 200, validée sur différentes zones françaises en tant que maïs fourrage dérobé, derrière une orge par exemple.

LG Semences sélectionne des variétés sur la digestibilité des fibres depuis plus de quarante ans et poursuit sur cette voie. Le semencier en propose d’ailleurs pour la campagne 2019 trois nouvelles variétés HDi dans les créneaux très précoce et précoce, et pour la première fois une variété semi-tardive. « Avoir le plus de fibres digestibles est le plus sécurisant pour l’éleveur, par rapport à l’ingestion et à la valeur alimentaire. C’est un élément génétique sur lequel on peut compter tous les ans. La teneur en amidon, elle, est très influencée par les conditions de remplissage du grain en fin de cycle », expliquent Benoît Delord, chef de projet nutrition animale, et Martin Cazot, chef produit maïs précoces. LG Semences propose aussi depuis deux ans des variétés typées amidon pour lesquelles le niveau de digestibilité des fibres est élevé, afin de pouvoir concocter tous types de rations. « Une variété amidon sans bon niveau de digestibilité sera moins bien ingérée par l’animal. »

(1) Arvalis a établi que les maïs riches en huile apportent 0,012 UFL/kg MS en plus par point de matière grasse dans le grain de maïs au-delà de 3 %.(2) Voir Réussir Bovins Viande janvier 2018 p. 42.

L’adaptation aux conditions climatiques devient un objectif de sélection

Le rendement demeure le critère numéro un de la sélection du maïs fourrage. Tous les sélectionneurs poursuivent cet objectif et il continue de progresser (+0,1 tMS/ha par an en moyenne). Les essais sont menés à l’échelle européenne, ce qui permet de placer les variétés dans les conditions climatiques les plus diverses, et des algorithmes très puissants permettent d’analyser les résultats. Il faut à peu près sept ans pour qu’une variété arrive sur le marché.

Au-delà de la régularité du rendement dans le temps et le lieu, l’adaptation aux conditions climatiques devient un objectif de sélection. « Les équipes recherche de Limagrain ont évalué la tolérance au stress hydrique des variétés selon une méthode spécifique qui a fait l’objet d’un dépôt de brevet international en juin 2015. Les variétés sont déclarées Hydraneo® après plusieurs années de résultats positifs. » Hydraneo commence à être proposé en France pour des variétés de maïs grain et concernera à l’avenir des variétés fourrage. C’est un concept d’approche globale pour la gestion du stress hydrique. Il s’agit de prendre en compte, en complément de la génétique, les principaux facteurs de risque à travers un diagnostic préalable de l’exploitation. En fonction des résultats, les variétés les plus adaptées sont recommandées et des conseils agronomiques sont donnés afin de limiter le risque.

De meilleurs rendements à l’horizon 2050 malgré le réchauffement

RAGT travaille également sur la résistance des variétés aux conditions climatiques et de plus en plus de variétés fourrage seront dans les prochaines années labellisées « Stressless H2O ». « La gamme Stressless H2O est génétiquement efficiente en toutes conditions de stress hydrique et correspond à un cahier des charges précis. Elle garantit des performances en conditions normales et optimales, et l’efficience en conditions hydriques limitantes. »

Les chercheurs de l’Inra de Montpellier ont montré, à partir de simulations sur douze modèles climatiques et de mesures faites en conditions réelles, que l’exploitation de la diversité génétique de la floraison du maïs permettrait l’adaptation au changement climatique et l’augmentation des rendements à l’horizon 2050 (résultats publiés en octobre 2018). « Si les agriculteurs continuent à bien exploiter la variabilité génétique de la floraison comme ils le font actuellement, si les sélectionneurs continuent à fournir les variétés correspondantes, les rendements du maïs pourront augmenter. » Des variétés de maïs de plus en plus tardives sont en effet semées pour contrebalancer l’effet du réchauffement climatique. L’étude de l’Inra n’analyse pas les autres effets néfastes du réchauffement climatique, comme l’apparition de nouvelles maladies ou la fréquence d’épisodes climatiques extrêmes (inondations ou tempêtes).

Les sélectionneurs travaillent sur la vigueur au départ. C’est un critère de sélection important en lien avec la baisse du recours aux produits phytosanitaires et de lutte contre les ravageurs. Il existe une vraie variabilité génétique sur la vigueur de départ que l’on peut exploiter. LG Semences a identifié les variétés de sa gamme avec une excellente vigueur au départ grâce au label Rapid’start.

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