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Des situations financières plus solides en 2020 pour les élevages de porcs bretons

L’analyse de Cerfrance Bretagne montre un niveau soutenu des marges brutes par truie sur deux années successives. Il a contribué à assainir la situation financière des élevages, mieux armés pour passer une année 2021 qui s’annonce moyenne.

2020 était partie pour être une année de records des résultats financiers en élevages de porcs, après une année 2019 déjà exceptionnelle. Mais la chute du cours du MPB suite à la pandémie de Covid-19 et à l’épidémie de fièvre porcine en Allemagne ont cassé la dynamique et fait de 2020 une année très contrastée, restant toutefois à un très bon niveau. C’est ce que souligne l’analyse de Cerfrance Bretagne, réalisée à partir des exercices clôturés de quelque 600 élevages naisseurs-engraisseurs spécialisés bretons. La marge brute par truie, qui a grimpé en moyenne à 1 820 euros pour les exercices clôturés durant le premier semestre 2020, a terminé à 1 404 euros en fin d’année (4e trimestre). Un niveau, certes légèrement plus faible que celui de 2019 (1 494 euros par truie), mais qui reste bien au-delà du seuil minimum par truie nécessaire pour couvrir les charges de structure et la rémunération des exploitants, calculé à 1 140 euros par truie pour 2020.

Un coût d’aliment stable sur 2020

 

 
Georges Douguet, économiste au Cerfrance Côtes-d’Armor. « Avec un taux d’endettement moyen de 62% en 2020, la majorité des exploitations porcines devraient bénéficier d'une meilleure situation financière pour passer avec moins d’inquiétude l’année 2021, qui s'annonce très moyenne pour le moment. »   © A. Puybasset
Georges Douguet, économiste au Cerfrance Côtes-d’Armor. « Avec un taux d’endettement moyen de 62% en 2020, la majorité des exploitations porcines devraient bénéficier d'une meilleure situation financière pour passer avec moins d’inquiétude l’année 2021, qui s'annonce très moyenne pour le moment. » © A. Puybasset
« Ces marges élevées sont la résultante d’une conjoncture favorable, d’un prix d’aliment stable et d’une augmentation des performances techniques », ont détaillé à trois voix les économistes Véronique Kerlidou, Géneviève de Lansalut et Georges Douguet du pôle études et prospective de Cerfrance Bretagne. Le prix moyen du porc payé aux éleveurs a été de 1,561 euro par kilo sur l’année, « un prix plus bas qu’attendu » (-6 %/2019) mais supérieur à la moyenne des cinq dernières années (1,515 €/kg). Le prix de l’aliment s’est quant à lui maintenu au même niveau que l’année précédente, soit 261 euros par tonne pour les éleveurs achetant 100 % de leur aliment ou 239 euros par tonne de prix moyen aliment. « La tension sur le prix des matières premières à partir du second semestre a commencé à se faire ressentir sur les exercices clôturés en fin d’année 2020 mais surtout sur début 2021. » Par exemple, sur les clôtures à juin 2021, le prix de l’aliment en 100 % achat sur 12 mois est en moyenne de 274 euros par tonne, soit 13 euros par tonne d’écart. « C’est beaucoup, lorsqu’on sait qu’en moyenne un écart de 5 euros par tonne pénalise de 2 centimes le coût de revient du kilo de carcasse. »

 

Un effet démultiplicateur de la productivité

Troisième facteur expliquant la marge brute élevée de 2020, le niveau technique des élevages connaît une progression constante depuis dix ans.

 

 
Elle tend même à s’accélérer ces dernières années sur le critère productivité. « Entre 2018 et 2020, on a gagné un porc produit par truie soit 27,7 porcs. » Le poids de porcs produits par truie grimpe à 3 319 kilos, soit un gain de 415 kilos en dix ans avec un alourdissement des poids moyens (93 kg de carcasse en 2020). Cette amélioration de la productivité contribue à écraser les charges. « Après un palier en 2015-2017, l’indice global de consommation diminue chaque année (2,79 en 2020), s’expliquant par une proportion croissante d’élevages performants dans l’échantillon et sous l’effet mâle entier pour une partie des producteurs. »

 

Une baisse de 8 % du taux d’endettement

Dans ce contexte de marges favorables sur 2019-2020, la situation financière des élevages s’est nettement améliorée. « L’endettement moyen a reculé de 8 % en un an, passant de 70 % depuis trois ans à 62 % en 2020, le niveau le plus bas jamais connu. » La trésorerie nette globale des exploitations s’est redressée à - 351 euros en 2020, contre - 636 euros par truie en 2019. « Ce sont de bonnes nouvelles, fruits de deux bonnes années passées qui ont permis un redressement rapide. Cela donne de la marge de manœuvre aux éleveurs, plus sereins dans leurs prises de décisions. Ils sont mieux armés en cas de difficultés », soulignent les économistes. Cette moyenne cache toutefois des disparités entre exploitations. S’il y a beaucoup moins d’élevages en très forte difficulté (6 % au lieu de 11 % en 2019), un sur cinq reste en situation « fragile » (contre un tiers en 2019), c’est-à-dire ayant un taux d’endettement supérieur à 80 % et une trésorerie inférieure à -900 euros par truie. « Il leur faudrait trois à quatre années comme celles-là pour atteindre une solidité financière. » D’autant plus que l’année 2021 s’annonce plus incertaine. « Les trésoreries vont être mises à mal du fait d’une pression sur le prix de l’aliment et d’une augmentation des charges sociales et fiscales, qu’il faudra anticiper après deux années favorables. Depuis le second semestre 2020, la marge par truie sur douze mois baisse régulièrement. Les clôtures comptables du premier semestre 2021 s’orientent vers un petit équilibre en moyenne. La situation s’améliore depuis mai-juin. L’été à venir sera déterminant pour assurer un équilibre sur l’année 2021, en particulier le prix du porc encore plus que celui de l’aliment. »

Des investissements en hausse mais pas suffisamment

 

 
Le contexte favorable des deux dernières années a permis une relance des investissements. Elle s’élève à 361 euros par truie en 2020, contre 268 euros au cours des cinq années précédentes. « On retrouve le niveau d’investissement des années 2013-2014, lié au passage aux truies gestantes en liberté. » Pour les économistes de Cerfrance Bretagne, il reste toutefois insuffisant. « Pour arrêter le vieillissement du parc de bâtiments de porcs charcutiers, il faudrait atteindre un niveau de 400 euros pendant cinq ans. » Beaucoup d’éleveurs sont restés prudents en 2020, attendant que le « bâtiment de demain », intégrant les nouvelles attentes sociétales, soit bien défini (quel cahier des charges ? quelle plus-value ?).

 

Le défi de la transmission

L’augmentation du coût du bâtiment liée à la forte inflation du prix des matériaux ne facilite pas non plus la prise de décision. « Pour autant, les écarts se creusent entre ceux qui investissent et ceux plus attentistes. » Georges Douguet y voit un enjeu fort pour la transmission des exploitations. « Beaucoup vont être à vendre dans les prochaines années. Les élevages les plus performants seront transmis plus facilement. »

Le saviez-vous ?

Les services études des trois Cerfrance bretons sont regroupés au sein du Pôle études et prospectives, dirigé par Damien Dupays. Doté d’une nouvelle plateforme régionale de données Analytix, son objectif est d’aller vers plus coopération et de mutualisation pour produire des études, observatoires et analyses de groupes à l’échelle départementale ou régionale des filières agricoles.

 

 

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