Aller au contenu principal

Des charolaises avec 100 % de vêlage à 2 ans

Le vêlage à 2 ans concerne la totalité des génisses de Laurent Schmitt depuis trois ans. Cela ne pénalise en rien leur carrière qui gagne ainsi un veau supplémentaire et n’empêche pas pour autant d’obtenir des poids de carcasse satisfaisants côté réformes.

« Cela fait une dizaine d’années que j’ai initié le vêlage à 24 mois. Depuis trois ans, cela concerne 100 % de mes génisses », souligne Laurent Schmitt, éleveur de charolaises à Remeling, en Moselle à 5 kilomètres de la frontière allemande. Un choix d’abord motivé pour des raisons financières. « Entre sa naissance et son premier vêlage, une génisse coûte mais ne rapporte rien. Autant réduire cette période, surtout quand le poids des animaux permet de le réaliser dans de bonnes conditions. »

Lire aussi : Vêlage à 2 ans : une piste d’intérêt en bovins viande

Sur cet élevage où seules les femelles sont finies, le troupeau est conduit avec pratiquement 100 % d’IA depuis de nombreuses années. Il totalise une centaine de vêlages par an qui démarrent fin septembre avec un gros pic en octobre novembre. Tous les mâles sont vendus broutards pour des ventes qui ont lieu pour la plupart de fin mai à septembre à des poids vifs compris entre 350 et 400 kg.

20 à 25 % de renouvellement

Environ 25 laitonnes sont conservées chaque année pour le renouvellement en retenant globalement les plus lourdes et celles issues des meilleures mères. Elles sont sevrées début août et ne sont pas ressorties à l’automne. Du sevrage jusqu’à la mise à l’herbe au printemps suivant, leur ration se compose d’une association deux tiers d’enrubannage de prairie et un tiers d’ensilage de maïs complété par 1 kg d’orge aplati et un kilo d’un complémentaire à 30 % de protéines. Leurs GMQ sont légèrement supérieurs à un kilo. « Pour ce lot, je ne vise pas des croissances records mais je cherche à ce qu’elles soient les plus régulières possibles depuis la naissance jusqu’au premier vêlage. » Pour le lot qui va vêler pour la première fois cet automne, les données du contrôle de performance font état d’un PAT 210 jours de 268 kg sur l’ensemble des femelles. Les 26 par la suite triées pour le renouvellement pesaient 348 kg à 10 mois puis 459 kg à 13 mois.

Lire aussi : Six questions sur la faisabilité du vêlage à 2 ans en élevage bovins viande

Les premières IA ont lieu à compter de début décembre, uniquement sur chaleurs naturelles. Les génisses sont alors en moyenne âgées de 14 mois pour des poids vifs avoisinant 480 kg. « Dès le sevrage, quand j’en vois une qui extériorise des chaleurs, je commence à noter les dates. Certaines sont venues en chaleurs au moins deux à trois fois avant la première IA. » L’an dernier, le taux de réussite en première IA a été de 51 % pour les génisses, 61 % pour les primipares et 75 % pour les multipares avec un IVV moyen de 376 jours pour les primipares et 359 jours pour les multipares. La plupart des vaches sont réformées avant de passer le cap des dix ans même si Laurent Schmitt trouve un peu dommage de réformer certaines femelles simplement parce qu’elles ne sont plus éligibles aux cahiers des charges alors qu’elles vêlent encore chaque année à la même date avec une régularité d’horloge.

Poids de carcasse peu affecté

Les génisses sont mises à l’herbe à compter de début avril comme la plupart des autres lots de femelles. Elles ne sont pas fouillées mais, comme pour toutes les autres reproductrices, sont systématiquement réformées si elles sont vides. Leur ration printanière puis estivale repose sur la seule herbe pâturée avec un éventuel complément d’enrubannage si le manque d’eau fait griller les parcelles. À partir de la fin août toutes les femelles prêtes à vêler sont progressivement ramenées près des bâtiments pour les avoir à l’œil. Elles sont rentrées pour la mise bas puis remises à l’herbe dès que tout va bien, au moins pour les vêlages qui ont lieu le plus tôt en saison. Une fois vêlées les primipares sont regroupées en un seul lot. Leur ration hivernale repose comme pour les multipares sur de l’ensilage d’herbe associée à du foin disponible pratiquement à volonté complété par 1,5 kg de céréales aplaties/tête/jour alors que les multipares n’ont rien d’autre que de l’ensilage et du foin.

Lire aussi :

Le poids de carcasse moyen de l’ensemble des vaches de réforme avoisine 450 kg. Il était l’an dernier de 412 kg pour trois vaches réformées à un peu plus de 34 mois, 9 à 11 mois après leur premier et unique vêlage et de 439 kg pour des jeunes vaches de 40 à 42 mois abattues après un ou deux vêlages. « Mais une fois qu’elles ont vêlé deux ou trois fois, il n’y a pratiquement aucune différence côté poids carcasse comparativement à des vaches abattues après quatre ou cinq vêlages », précise Laurent Schmitt qui ajoute : « à mon avis la solution idéale pour raccourcir la durée de la vie improductive des génisses tout en étant un peu moins rigoureux sur le suivi de leur alimentation serait de les faire vêler à trente mois avec deux périodes de vêlages séparées de six mois. Mais je n’entends pas faire évoluer mes dates de vêlage et je tiens à rester à une période par an."

 

100 % croisement pour les génisses

Pour le premier vêlage, le croisement permet d’obtenir des veaux qui sont d’abord extrêmement vigoureux dans les minutes qui suivent leur naissance.

Après avoir longtemps travaillé uniquement en race pure, depuis deux ans toutes les génisses sont inséminées en croisement en utilisant au départ des doses de taureaux Redyblack puis Angus l’an dernier. Un choix pour partie poussé par Maxime Schmitt, fils de Laurent, actuellement salarié de Bovinext, l’organisme de sélection Redyblack mais qui va prochainement reprendre l’élevage familial. « Je n’ai pas un taux de renouvellement très important et de toute façon je n’ai que très rarement conservé pour le renouvellement des laitonnes issues de premiers vêlages », précise Laurent Schmitt qui s’avoue au final satisfait de ce choix de mettre un peu de couleur dans le cheptel. Mâles ou femelles, les veaux croisés sont légèrement plus légers à la naissance et les vêlages se passent globalement dans de meilleures conditions. Mais un de leur principal intérêt est leur vigueur dans les minutes qui suivent leur naissance. « Une heure après le vêlage, la plupart d’entre eux ont tété. C’est loin d’être vrai pour tous nos charolais même si une partie d’entre eux sont tout aussi vigoureux que des croisés. » Les croissances sont ensuite similaires à de purs charolais issus de primipares avec une légère pénalisation côté tarifs (-5 centimes du kilo vif) comparativement à des charolais de conformation équivalente.

Croisement d’absorption pour les croisées

En seconde IA, les charolaises sont conduites en race pure et les quelques croisées actuellement conservées pour le renouvellement continuent à être inséminées en Redyblack dans l’objectif de faire du croisement d’absorption pour constituer un petit cheptel de cette race. « Pour l’instant nous avons deux jeunes vaches issues de la première génération qui s’apprêtent à vêler de leur second veau et quelques génisses." Ces croisées sont toutes issues d’un premier vêlage de génisses mais ont eu jusqu’à deux ans des niveaux de croissance très similaires à de pures charolaises. Elles semblent en revanche atteindre leur format adulte plus rapidement et même si cela demande à être confirmé sur de plus grands effectifs, elles donneront donc une fois adultes des poids de carcasse moins conséquents que les pures charolaises. Elles tendent en revanche à se maintenir beaucoup facilement en état avec une alimentation strictement identique aux charolaises.

F. A.

Lire aussi : Jean_Claude Lhuillier, éleveur en Moselle « Nous sommes impatients de retourner sur les salons »

Lire aussi : Un contrat Label Rouge "gros bovins" entre Cloé, Charal et Cora

Rédaction Réussir

Les plus lus

<em class="placeholder">boeufs croisés limousines angus </em>
Croisement limousin x angus : des résultats qui bousculent les modèles

Connue pour élever un troupeau limousin bio en autonomie alimentaire depuis plus de vingt ans, la ferme expérimentale de…

<em class="placeholder">Maxime Couillard, situé à Jauzé dans la Sarthe, 169 ha de SAU, 55 vêlages en race charolaise, 1 600 m² de volailles de chair</em>
Veau dévoré dans la Sarthe : « Je déplore un manque de considération total des autorités »

Maxime Couillard, situé à Jauzé dans la Sarthe, a retrouvé le 15 septembre dernier l’un de ses veaux dévoré dans une…

%agr
Rouge des prés : « Combiner conduite économe et revenu avec un troupeau mixte »

Mathieu Chauvé et Florent Cesbron, éleveurs de rouges des prés dans le Maine-et-Loire, valorisent au mieux le potentiel…

<em class="placeholder">Eleveur dans le camembert de sa contention constuite à l&#039;intérieur du bâtiment d&#039;élevage</em>
Bâtiment : « J’ai construit ma contention à l’intérieur du bâtiment pour plus de sérénité »

Au Gaec des Reclous, dans la Creuse, les éleveurs ont construit leur contention en demi-camembert dans le bâtiment d’élevage…

vaches parthenaises veaux prairie
Revenu : les arbitrages à faire pour profiter de la déduction fiscale de 150 euros par vache

La déduction fiscale de 150 euros par vache s’applique encore en 2024. Le nombre de vaches à engager, la date de…

<em class="placeholder">Xavier Ferrand, engraisseur de jeunes bovins dans l&#039;Allier, a créé son mélange d&#039;huiles essentielles pour renforcer les défenses immunitaires des taurillons en atelier ...</em>
Maladies respiratoires des bovins : « J’utilise quatre fois moins d’antibiotiques grâce aux huiles essentielles et à la phytothérapie »

Le Gaec de la Sioule, dans l’Allier, a divisé par quatre son utilisation d’antibiotiques en atelier d’engraissement depuis que…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande