Des boucles en lecture-écriture testées pour la première fois
Un essai pratique a été conduit pour la première fois sur jeunes bovins afin d’évaluer l’utilisation de la technologie de lecture-écriture sur des boucles électroniques bovines.
Un essai pratique a été conduit pour la première fois sur jeunes bovins afin d’évaluer l’utilisation de la technologie de lecture-écriture sur des boucles électroniques bovines.
« Nous avons testé pour la première fois, à titre exploratoire, la technologie de lecture-écriture, initialement développée pour les puces électroniques des animaux de compagnie et des équins, sur des boucles électroniques bovines », commence Sébastien Duroy, chef de projet à l’Institut de l’élevage. C’est dans un contexte particulier que ce travail a été conduit car l’usage des boucles électroniques destinées à l’identification des animaux en lecture seule répond aujourd’hui à l’essentiel des besoins. À savoir, consulter à distance les informations individuelles d’un animal à partir d’un numéro d’identification.
« Or, dans le cadre du projet WelhBeef, il était nécessaire de disposer d’informations individuelles, d’usage immédiat. En effet, à l’entrée en engraissement, avoir connaissance des vaccinations prodiguées à l’animal et de son régime alimentaire dans son élevage de naissance est primordial pour l’engraisseur, en vue d’une gestion raisonnée de la transition alimentaire, des traitements vétérinaires et de la vaccination. De plus, nous étions en train d’étudier sur la sortie d’une nouvelle normalisation des puces électroniques en lecture-écriture, souligne le chef de projet. Écrire dans la boucle d’identification représentait donc un support intéressant qu’il convenait d’essayer en conditions réelles. Le projet WehlBeef a ainsi constitué un cadre expérimental approprié pour tester la lecture-écriture des boucles électroniques pour la première fois sur des bovins », poursuit le chef de projet.
Un test sur le terrain
Cette technologie étant assez récente, l’expérimentation avait pour objectif de tester dans les conditions de terrain, la possibilité d’écrire malgré les mouvements d’un bovin et ce, en plusieurs étapes au gré des évènements sanitaires. Il était également indispensable de vérifier la faisabilité d’une modification des données, ainsi que la stabilité et la disponibilité de celles-ci dans le temps.
Ainsi, dans le cadre du projet WehlBeef, des données à caractère sanitaire (nom du vaccin, dates des première et deuxième injections, code pour le type de régime alimentaire) ont été inscrites dans les boucles avant la sortie de l’élevage, pour être valorisées à l’entrée en engraissement. Cette étude a porté sur 170 broutards issus de huit élevages naisseurs et destinés à quatre ateliers d’engraissement. Les boucles ont été posées et encodées chez les naisseurs, pendant la phase de préparation, et au centre de rassemblement dans le cas des animaux témoins qui ne disposaient pas d’une période de préparation chez les naisseurs.
Une partie des bêtes préparées a fait l’objet de deux écritures, une après chaque injection de vaccin. Pour les autres animaux, l’encodage a eu lieu en une seule étape (après la deuxième injection, ou au centre de rassemblement pour les témoins).
107 animaux ont pu faire l’objet d’une lecture de contrôle en fin de période d’engraissement. Une partie des boucles a également été récupérée après abattage pour un dernier contrôle au bureau.
Enseignements
L’écriture des données s’effectue à une distance de 15 centimètres environ entre le lecteur et la boucle. Il est donc essentiel de travailler sur des animaux bloqués, en cage de contention ou au cornadis. Sept secondes ont été nécessaires en moyenne pour inscrire les données. Lorsqu’un animal s’écarte du lecteur par un mouvement de tête, le processus d’écriture ralentit légèrement mais va toutefois à son terme si l’opérateur maintient le lecteur dans la distance fonctionnelle des 15 centimètres.
De petits problèmes, en lien avec la version de l’application, ont été relevés mais ils n’étaient pas à relier à un défaut au niveau de la puce ou de la communication avec le lecteur. « Certains sujets n’ont pas pu être traités, comme la quantité maximale de données à enregistrer dans la puce. Ce point devrait faire l’objet de tests complémentaires. La question de la sécurisation des données n’a également pas été abordée, l’intérêt principal étant de vérifier la faisabilité d’écrire sur des boucles électroniques en conditions d’élevage. Le matériel utilisé a répondu aux besoins du test en permettant l’enregistrement, la lecture et le cas échéant la modification des données. Dans le cas d’informations plus sensibles, les fabricants seront probablement amenés à proposer des solutions de sécurisation et/ou de signature numérique. »
Des données valorisables immédiatement
« Initialement créée pour le secteur vétérinaire (animaux de compagnie et équins), la technologie encore récente est donc également utilisable sur des animaux de rente. Ce test a montré que la boucle électronique constituait un support d’informations possible circulant avec l’animal et consultable tout au long de sa carrière par ses détenteurs successifs. Mais on est encore très en amont d’un outil quotidien. »
Ainsi, ce type de puces peut représenter un réel intérêt pour un accès à des informations individuelles, d’usage immédiat lorsque les bases de données n’existent pas ou que leur accès est limité et non accessible à l’ensemble des détenteurs d’un animal au cours de sa carrière.
Ce travail n’a pas pour vocation d’améliorer l’identification réglementaire. Il n’y a aucune attente sur ce point. Il subsiste encore beaucoup de limites car ce travail reste un essai exploratoire. « Pour le moment, aucune suite à cet essai n’est prévue. L’objectif est dans un premier temps de porter à la connaissance d’éventuels utilisateurs, l’existence d’une telle technologie et ses potentialités. Il n’existe pas de marché, nécessaire au développement d’une telle technologie, pour un développement industriel. L’identification électronique concerne aujourd’hui 95 % des éleveurs laitiers. En élevage bovins viande, il n’y a pas de déclencheur suffisant pour que les éleveurs investissent. Avec les puces en lecture-écriture, il est possible de certifier un certain nombre d’informations sanitaires valorisables sur le broutard, pour des clients italiens ou espagnols par exemple qui n’ont pas accès à des bases de données limitantes ou même au sein d’une micro-filière et ayant besoin d’une valorisation immédiate. Peut-être que cela pourra favoriser l’utilisation des boucles électroniques », note Sébastien Duroy.
Fonctionnement des boucles en lecture-écriture
L’écriture des données s’effectue au moyen d’un lecteur portable. Ce dernier est piloté en Bluetooth par une application smartphone. « La saisie, l’ajout, la consultation des données s’opèrent par ce biais. Le lecteur portable ne constitue qu’une passerelle entre le smartphone et la boucle », observe Sébastien Duroy de l’Institut de l’élevage.
La lecture-écriture requiert des matériels (boucles et lecteurs) conformes à la norme ISO 14223-3. Cette norme est compatible avec les matériels ISO en « lecture seule » utilisés aujourd’hui sur toutes les espèces animales.
WelhBeef
Le projet WelhBeef porte sur l’étude de la préparation des broutards avant leur départ de l’élevage naisseur vers l’atelier d’engraissement. Son objectif est de tester l’impact de cette période d’adaptation sur la santé et l’utilisation des antibiotiques en engraissement. Des lots témoins et des lots d’animaux préparés ont été constitués dans chaque élevage. Les animaux préparés ont été vaccinés contre les troubles respiratoires et ont suivi un régime de transition alimentaire.
Les résultats finaux de ce projet seront disponibles à l’automne.