Dermatite digitale des bovins « une maladie sournoise et accablante »
Suite à l’achat d’un animal infecté, Marc Braidy, naisseur-engraisseur à Vervins dans l’Aisne a introduit la dermatite digitale dans son troupeau en 2016. Depuis, il gère la maladie avec beaucoup de détermination.
Suite à l’achat d’un animal infecté, Marc Braidy, naisseur-engraisseur à Vervins dans l’Aisne a introduit la dermatite digitale dans son troupeau en 2016. Depuis, il gère la maladie avec beaucoup de détermination.
« La dermatite digitale, je l’ai achetée à l’hiver 2016 avec l’acquisition d’un taureau de station », commence Marc Braidy, à la tête d’une exploitation de polyculture-élevage à Vervins dans l’Aisne. Hormis les mâles reproducteurs, aucun autre animal n’entre sur l’exploitation naisseur-engraisseur de 100 mères charolaises. « Au cours de l’hiver suivant, j’ai observé des boiteries et des pieds gonflés. Lever les pieds n’étant pas une habitude en élevage allaitant, j’ai commencé par traiter à l’aveugle. En six mois, la situation s’est dégradée. Sans le bon interlocuteur, je me suis rapidement trouvé désemparé. Puis l’éleveur avec qui j’ai acheté en commun le taureau a connu la même situation. Lui avait entendu parler d’un groupe de travail dont on s’est rapprochés. On a vite compris l’origine du problème : la dermatite digitale. Ce fut un véritable coup de massue. La question était dès lors de savoir comment gérer cela. C’est une véritable course contre la montre qui ne s’arrête jamais ! Car une fois introduite, c’est définitif. Il ne reste plus qu’à apprendre à gérer la maladie de manière acceptable sur les plans finances et charges de travail dans l’espoir d’un résultat lui aussi acceptable. »
Apprendre à vivre avec
« J’ai testé d’abord poudres et asséchants pour litières, sans grands résultats. » Depuis, le parage systématique a été mis en place deux fois par an d’abord pour les mères, puis pour les génisses de deux ans et bientôt pour les génisses d’un an. Une première fois en mars pour mettre le troupeau dans les meilleures dispositions pour le pâturage. Une seconde en septembre pour un retour plus sain en bâtiment. Au moment du parage, l’éleveur note tout. Les bêtes qui ont bénéficié de pansements sont revues trois ou cinq jours après, jusqu’à extinction de la plaie. Ce printemps, certaines ont été rattrapées jusqu’à neuf fois. « Je ne laisse pas une vache tant que le traitement n’est pas fini, pour éviter une nouvelle transmission. »
Certes, cela a un coût en temps et en argent, 7 500 € de parage annuels. « Mais sans cela, la perte économique serait plus importante et s’intensifierait progressivement dans le temps, par une perte due à une vente d’animaux trop précoce, avant finition complète, entraînant un poids et un prix plus faibles. »
L’éleveur crée sa propre base de données, fait ses expérimentations. « Toujours une à la fois, pour être certain de ce qui s’améliore ou non. » Il a fait évoluer sa ration alimentaire, remplaçant la pulpe de betterave par du maïs ensilage. « Je pense que le côté acidogène d’une ration est un facteur aggravant. Par ailleurs, la litière est moins humide, plus saine. »
« Il n’y a pas de formule miracle »
Au printemps 2020, l’éleveur a essayé sur un lot de vaches le nettoyage au jet doux puis la pulvérisation d’un traitement et ce, trois jours de suite. Le manque de temps ne lui a pas permis de renouveler l’opération cet été. Cette année, l’éleveur souhaite réaliser deux fois cette opération.
À la sortie du bâtiment, le pourcentage d’animaux affectés est toujours supérieur à celui d’après pâturage. Ainsi, au printemps 2019, 60 % des mères étaient concernées contre 36 % à l’automne. Au printemps 2020, 42 % des mères étaient atteintes avec des formes moins graves, cette prévalence est descendue à 21 % en septembre avec aucune vache boiteuse. « La pression a véritablement diminué. »
« Je ne sais pas si j’ai la bonne méthode. Il n’y a pas de formule miracle mais une addition de petites améliorations et une soustraction de facteurs dégradants. Je continue d’investir dans du matériel pour me faciliter la tâche. Il ne faut pas mettre plus de 10 minutes pour rentrer et lever le pied d’une bête, sinon on ne le fait pas. J’espère diminuer le coût du parage, en parallèle du niveau d’infestation. Je ne veux pas laisser gagner la maladie. Sa gestion repose sur un travail collectif éleveur-pareur-vétérinaire », insiste l’éleveur.
Une gestion difficile en taurillons
Si, sur son cheptel de mères, l’éleveur espère arriver à maîtriser la maladie, sur les taurillons, la situation est tout autre. L’été 2020 très chaud a fait exploser la prévalence, passant de 43 % en septembre 2019 à 67 % cette année. « La gestion est plus compliquée. On cumule les facteurs de risques. En plus du parage en septembre des broutards sevrés au 15 juillet, j’ai mis en place cette année le nettoyage au jet doux et la pulvérisation une fois par mois des pieds et un nettoyage plus régulier de la litière dont je prends la température une fois par mois. »