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« Déléguer les génisses m’a libéré beaucoup de temps »

David Lambard, éleveur en Ille-et-Vilaine, a pu optimiser sa gestion de l’herbe et profite mieux de sa famille, depuis qu’il délègue l’élevage de ses génisses.

« J’ai délégué l’élevage de mes génisses pour une question de place dans le bâtiment et pour me libérer du temps », expose David Lambard, installé en individuel depuis avril 2017. L’éleveur utilise le service DélègGénisse de l’organisme de conseil en élevage Eilyps depuis septembre 2017.

Quand David Lambard s’installe suite au départ en retraite de son père, il reprend la ferme à l’identique pour pouvoir y travailler seul, sans avoir besoin de salarié, ni d’automatiser. Il obtient de sa coopérative une référence supplémentaire de 115 000 litres de lait, pour pouvoir optimiser le bâtiment des laitières et rembourser ses emprunts. Et il saisit l’opportunité de reprendre 3,5 hectares de terres. « Mais du coup, il me manquait un box de vêlage pour les vaches, et le bâtiment des génisses et des taries était trop saturé », raconte l’éleveur. D’autre part, avec ses problèmes de dos, David Lambard cherche à se ménager. « Aujourd’hui, je cours moins partout et je stresse moins pour mes génisses. »

Avoir du temps pour être pointu sur l’herbe

« Au début les gens me disaient que j’allais m’embêter sans mes génisses. Il y a toujours cette tendance en agriculture à se mettre trop de travail sur le dos. Mais en fait, ce temps libéré sert à mieux réaliser des tâches stratégiques. Cela m’a permis de mieux gérer l’herbe, expose David Lambard. Je prends plus le temps d’observer les pâtures pour choisir les bonnes parcelles, pour déterminer quelle surface allouer aux vaches et donc où placer le fil dans la parcelle. Je prends le temps de surveiller la météo, pour déplacer à temps les animaux, débrayer les bonnes parcelles… Je surveille le taux d’urée dans le lait pour piloter plus finement l’herbe. »

Avec la délégation, David Lambard réalise qu’élever les génisses prend beaucoup de temps. « Quand au printemps et en été il y a déjà fort à faire avec les clôtures des paddocks, la surveillance des chaleurs… c’est très appréciable d’être libéré de ce travail et de cette charge mentale. » Ce temps libéré lui sert aussi à profiter de sa conjointe et de ses deux enfants. « Ainsi, je les vois grandir, et par exemple je participe à leur projet de mini-ferme qui accueillera aussi les enfants d’amis. Et plutôt que partir en vacances, je préfère être disponible au jour le jour. »

Plus de surface fourragère pour les vaches

La délégation des génisses a libéré des surfaces d’herbe pour les vaches, pour produire du lait à pas cher avec le pâturage et faire des stocks de sécurité. « J’ai réduit ma sole de maïs et augmenté mes surfaces de céréales. Je n’ai plus besoin d’acheter de paille, voire même j’en vends. Et j’ai augmenté mon produit céréales. » Avec un chargement moins élevé, David Lambard a aussi réduit la fertilisation minérale, en passant de deux apports d’ammonitrate sur les prairies destinées aux taries à un seul apport par an. Enfin, alors qu’avant, il était « souvent limite par rapport au plan et au calendrier d’épandage ; aujourd’hui, la gestion des épandages est beaucoup plus souple ».

Rentable avec des génisses vêlant à 24 mois

Enfin, la délégation est une bonne opération sur le plan économique. « Avec ce service, mes génisses vêlent à 24 mois, voire à 23,5 mois. Mon père était plutôt à 28,5 mois d’âge au premier vêlage. À mon installation, j’avais comme objectif d’améliorer ce critère, mais je ne serais pas descendu à 24 mois, explique David Lambard. Économiquement, faire vêler à 24 mois vaut le coup, quand on sait qu’une génisse de 20 mois consomme à peu près autant de maïs qu’une vache. Et puis, les génisses qui vêlent tôt ont souvent par la suite des mamelles qui restent belles plus longtemps. »

L’élevage coûte environ 1 550 euros par génisse, suivi technique (50 € par génisse) et transport (40 € pour le retour de la génisse) compris. « Je pense que tout mis bout à bout, déléguer l’élevage des génisses vaut vraiment le coup économiquement dans mon cas », conclut David Lambard.

Des services pour 1 550 € par génisse

Avec un suivi sanitaire et de croissance, le service DélègGénisse tend à améliorer les résultats techniques des élevages.

Déléguer l’élevage de ses futures laitières est une décision qui ne se prend pas à la légère. « J’étais inquiet des aspects sanitaires surtout », indique David Lambard, éleveur en Ille-et-Vilaine, et adhérant au service DélègGénisse d’Eilyps. Il a été rassuré par l’engagement contractuel entre Eilyps et les éleveurs, les protocoles à suivre et les objectifs de résultat technique. Si une génisse meurt, la perte est prise en charge par l’éleveur de génisse. Si un trayon n’est pas fonctionnel, que la croissance n’est pas au rendez-vous, la facture est allégée pour le naisseur. Eilyps effectue aussi une étude économique préalable auprès des naisseurs et des éleveurs de génisse.

« Je signe un contrat chaque année, où je m’engage à faire élever 25 femelles », décrit David Lambard. À chaque naissance, il enregistre ses veaux femelles à déléguer sur Logistoc, le logiciel d’Eilyps. Le logiciel organise ensuite des lots de femelles homogènes entre tous les éleveurs naisseurs. « Puis Eilyps me prévient dans quels élevages d’Ille-et-Vilaine mes génisses partiront. » L’éleveur peut suivre sur le logiciel la croissance de ses génisses (4 pesées par génisse).

Un suivi technique poussé

Au moment de la pose des boucles, un prélèvement de cartilage a lieu pour rechercher la BVD. Il y a une prise de sang pour la néosporose et une vaccination pour le RSV (virus respiratoire syncytial). Eilyps réalise un suivi technique de l’élevage. « Les élevages engagés - naisseurs et éleveurs - sont plus suivis sur le plan nutritionnel et sanitaire que des élevages lambda », souligne l’éleveur. Le naisseur doit fournir un veau en bonne santé. Le naisseur suit une petite formation sur la prise du colostrum, les maladies du veau et la phase lactée. « La délégation n’a rien changé à mes pratiques d’allaitement. Mon père distribuait déjà un repas de lait entier par jour dès 2 semaines de vie. J’ai conservé ce système qui convient bien au protocole d’Eilyps, qui fait vite passer les génisses en ration sèche. »

Les génisses de David Lambard partent entre 21 jours et 35 jours. « Avec la Normande, cela arrive que le bourgeon ne soit pas encore sorti. Dans ce cas, c’est l’éleveur de génisses qui écorne et je lui règle la prestation. » Elles reviennent chez David Lambard 50 jours avant le vêlage.

À noter : Seenovia et depuis peu Littoral normand, organismes de conseil en élevage, proposent aussi un service de délégation des génisses.

Chiffres clés

60 à 65 vaches laitières à 7 900 l/VL/an
457 000 l de référence
62 ha de SAU dont 21 ha d’herbe et 18 de maïs
1 UMO

À retenir

Déléguer à ceux qui sont plus efficaces
Se recentrer sur ses points forts
Ménager sa santé
Avoir du temps pour ses proches

Des travaux des champs délégués

David Lambard a de sérieux problèmes de dos, et les travaux en tracteur sont les plus dommageables à sa santé. « En plus, je préfère largement m’occuper des animaux. » Il a donc délégué l’épandage, le semis, les traitements, la récolte d’ensilage et d’enrubannage, mais il fait les foins lui-même. Il réalise aussi le travail du sol. Par contre, « après avoir passé mon certiphyto il y a deux ans et demi, j’ai réalisé la dangerosité des produits et arrêté de passer le pulvérisateur. En plus, l’ETA est bien plus efficace que moi : elle traite 20 ha en deux heures, là où il me faudrait plus d’une journée ». Pour les semis aussi, l’ETA est plus efficace selon l’éleveur. Enfin, l’éleveur est passé d’une salle de traite 2 x 4 sans décrochage automatique à une 2 x 6 avec décrochage automatique, et de plain pied. « Cela m’a permis de gagner en temps de traite et en confort. »

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