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Tour de plaine
Colza  : une sole française 2020 au plus bas depuis 1998 ?

La sécheresse dans l’Est a empêché bon nombre d’agriculteurs de semer. La situation dans l’ouest du pays est meilleure mais ne compensera pas forcément les pertes dans l’Est.

© RitaE-Pixabay

Les experts contactés de la filière française de colza sont unanimes : il est encore trop tôt pour évaluer précisément l’assolement national pour la campagne 2020/2021. Mais les conditions de semis ont globalement été difficiles, une fois de plus, à tel point que « certains pensent que nous n’atteindrons pas le million d’hectares », déclare Afsaneh Lellahi, directrice de l’action régionale de Terres Inovia. Si un tel scénario se produisait, il s'agirait d'un plus bas depuis 1998, rapporte la Fop (Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux). Pour le moment, « nous travaillons sur une hypothèse de stabilisation des surfaces semées entre 2019 (récolte 2020) et 2020 (récolte 2021), soit 1 à 1,1 Mha. Mais cette fourchette est très provisoire », s’exprime Thibaut Ledermann, responsable des relations Terrain de la Fop. L'occasion pour le représentant du syndicat de rappeler une demande de la filière : « permettre la réhomologation du Phosmet par l'UE. Les derniers échos que nous avons reçu ne sont pas très optimistes. En cas de non réhomologation, nous pourrions perdre encore 200 000 ha à 300 000 ha de colza. Il faut également donner la possibilité d’expérimenter des fertilisations plus tardives des cultures ».

La Lorraine, région la plus touchée par le sec

Les semis hexagonaux sont terminés ou presque. La situation dans l’est de la France est tendue, mais l’Ouest s’en sort mieux. « Nous avons connu une grande sécheresse, empêchant les agriculteurs de semer. La Lorraine est la région la plus touchée, suivie par la Champagne-Ardenne », témoigne Laurent Jung, responsable Communication de Terres Inovia. Alors que les surfaces en Lorraine tournent autour des 120 000-140 000 ha habituellement, souligne-t-il, « il se pourrait que cette année, ce chiffre soit divisé par deux, soit environ 60 000 ha ». Ajoutons à cela que le déficit hydrique dans la région n’affecte pas que les semis, mais aussi les levées. Afsaneh Lellahi rappelle que les rendements en Champagne-Ardenne « n’ont pas été bons en colza en 2020, au contraire du blé tendre. Ceci pourrait inciter les agriculteurs locaux à se tourner davantage vers la céréale lors de cette campagne culturale ». La spécialiste explique, par ailleurs, que « le contexte n’est pas fameux dans le Nord ». La situation est moins problématique en Bourgogne-Franche-Comté, où quelques pluies sont tombées en août. Mais les experts rappellent que si les surfaces s’y stabiliseraient d’un an sur l’autre, la région a connu de fortes baisses d’assolement lors des deux précédentes campagnes.

Hausse des surfaces en Normandie

À l’ouest de l’Hexagone, les conditions de semis ont été plus favorables, sans pour autant être optimales. Des secteurs ont été touchés par la sécheresse, notamment la Sarthe, observe Afsaneh Lellahi. Mais d’autres ont reçu de l’eau. Ainsi, si certaines zones connaîtraient une légère baisse de la sole, d’autres la verraient progresser. « En Normandie, une hausse des surfaces est constatée, grâce aux pluies », détaille la directrice. La sole stagnerait en Bretagne, alors que la situation est actuellement difficile à cerner dans le Centre. Dans le Sud, les semis ont été réalisés très tôt, et les surfaces se stabiliseraient.

Des attaques d'insectes ont été signalées dans certains secteurs (criquets et noctuelles, notamment), mais rien d'inquiétant pour le moment. Les agriculteurs sèment de plus en plus tôt, afin d'éviter les attaques des petites altises. « Certains administrateurs ont semé dès juillet », s'étonne Afsanef Lellahi. Le période à risque est celle d'automne, période d'attaque traditionnelle des grosses altises.

Pour résumer, les conditions de semis moins mauvaises dans l’Ouest pourraient ne pas contrebalancer les grosses difficultés dans l’Est. Une baisse de l’assolement national, sous le million d’hectares, n’est donc pas à exclure. Afsaneh Lellahi alerte enfin sur le fait que, pour le moment, « Météo France prévoit un automne doux et sec dans le pays », plutôt pénalisant pour les levées des cultures, qui ont soif.

 

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