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Cinq protocoles testés pour castrer les porcs mâles bio

Bien avant la publication des arrêtés interdisant la castration à vif des porcelets, des réflexions ont conduit la filière biologique à rechercher des alternatives à cette pratique. Cinq protocoles de prise en charge de la douleur ont été testés.

Cinq protocoles testés pour castrer les porcs mâles bio
© Ifip

Dans le cadre du projet Casdar Farinelli qui vise à mettre au point des solutions alternatives à la castration à vif en production biologique, des organismes de recherche (Ifip, Anses, Inrae et Oniris) ont défini et testé cinq protocoles pour réduire la douleur lors de l’acte de la castration.

Une première étape a consisté à évaluer leur efficacité en conditions contrôlées (station expérimentale) en les comparant à une castration à vif. Les plus intéressants ont ensuite été testés sur le terrain afin d’évaluer leur faisabilité. Deux méthodes d’anesthésie, générale et locale, déjà utilisées en Europe en association avec un analgésique ont été incluses dans l’étude.

L’anesthésie générale avec de l’isoflurane (Melo/Iso), pratiquée en Allemagne et en Suisse, rend le porcelet inconscient et non réactif lors de la castration, tant qu’il est endormi.
 
L’anesthésie locale à base de lidocaïne (Melo/Lido), réalisée par injection intra testiculaire en Suède et au Danemark, bloque la transmission du signal douloureux et permet de rendre la zone à opérer insensible, sur une durée plus longue. La lidocaïne est administrée 15 minutes avant la castration.
 
Une deuxième solution d’anesthésie locale a été testée avec du Tri-solfen (Melo/F/Tri). Ce produit est composé de deux anesthésiques, d’un antiseptique et d’adrénaline qui sert à réduire les saignements par ses propriétés hémostatiques. Il est appliqué autour du cordon spermatique, après incision du scrotum et de la tunique. La castration a ensuite été réalisée trente secondes plus tard.
 
Ces trois techniques ont été complétées par l’administration d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), le méloxicam, administré par injection intramusculaire. Il intervient en réduisant la douleur postopératoire liée à l’inflammation des tissus et prend le relais des anesthésiques. Deux produits communément utilisés en agriculture biologique ont également été intégrés aux protocoles. À noter que le protocole avec le Tri-solfen reste néanmoins dépendant de l’obtention de son AMM.
 
De la phytothérapie a été utilisée en prémédication pour réduire le stress lié aux manipulations, faciliter la réalisation des protocoles de gestion de douleur, et également améliorer la récupération des porcelets après l’intervention. Elle a été administrée pendant trois jours avant et trois jours après la castration dans l’auge des truies (Lido/PhytoT) pour une action via le lait ou directement dans la gueule des porcelets (Lido/PhytoP). En complément de cette phytothérapie, les porcelets ont eu une injection intra testiculaire de lidocaïne.
 
Un spray de bombe froid a été appliqué dans le traitement avec Tri-solfen avant l’incision du scrotum.

Ces cinq protocoles ont été comparés à une castration sans prise en charge de la douleur.

 

Une durée totale d’intervention très variable

Les chercheurs ont mesuré le temps mis pour l’administration des médicaments en maternité et en salle « castration ». Dans cette salle, l’enregistrement démarre dès l’application du froid ou au moment de la première incision du scrotum et s’achève à la section du deuxième cordon spermatique. Les 90 secondes d’anesthésie préalable sont ajoutées à cette durée pour le traitement Melo/Iso. La durée de réalisation diffère pour chaque traitement. Sur la phase d’administration des médicaments, l’administration de phytothérapie par voie orale et l’injection de lidocaïne en intra testiculaire sont respectivement deux à trois fois plus longues que celle de méloxicam en intra musculaire. Sur la phase castration proprement dite (hors attente liée au délai d’action des médicaments), la durée d’intervention est similaire entre tous les traitements à l’exception du Tri-solfen et de l’anesthésie générale. Dans le premier cas, le gel est instillé progressivement pour limiter le reflux ce qui augmente la durée. Dans le second cas, l’absence de réaction des porcelets facilite la castration et la rend plus rapide. Dans nos conditions expérimentales, les protocoles sont administrés porcelet par porcelet. Les durées globales les plus élevées obtenues avec l’anesthésie générale et l’application de bombe froid et de Tri-solfen seraient largement moindres en utilisant les temps d’attente pour intervenir sur d’autres porcelets.

 

 
Cinq protocoles testés pour castrer les porcs mâles bio

 

Tous les protocoles réduisent la douleur

À l’exception des porcelets sous anesthésie générale, et de quelques autres porcelets dans chacun des traitements, nous avons constaté que la plupart des porcelets présentent des réactions. Quel que soit le protocole, la plupart se débattent et crient, mais ils le font de façon beaucoup moins forte quand il y a une anesthésie locale. Les réactions les plus marquées ont été constatées lors de l’application du froid qui entraîne des cris d’intensité équivalente à une castration à vif. Quand on retire cette étape, les solutions avec lidocaïne ou Tri-solfen sont équivalentes en termes de cris, mais les porcelets ayant reçu une injection intra testiculaire bougent moins. Très peu de différences de comportement sont observées entre les traitements après retour dans la case de maternité. On constate néanmoins que les porcelets ayant reçu une anesthésie locale couplée à une injection de Méloxicam expriment moins de comportements indicateurs de douleur au cours de la première heure que les porcelets Contrôle ou ceux ayant reçu de la phytothérapie. Cela confirme l’intérêt de cet anti-inflammatoire pour atténuer la douleur post-castration.

 

 
Cinq protocoles testés pour castrer les porcs mâles bio

 

Une résorption des plaies de castration plus lente

En notant l’état des plaies le lendemain de la castration sur tous les porcelets, les chercheurs ont constaté qu’il était moins bon pour le traitement avec froid et Tri-solfen qu’avec le contrôle, les autres traitements étant intermédiaires. Les anesthésiques ont des effets vasodilatateurs qui peuvent l’expliquer. Cela peut aussi être lié à une largeur de fente insuffisante pour extraire le testicule gonflé ou à une difficulté à saisir les testicules dans le cas d’application de gel qui ont entraîné des contraintes lors de l’extraction.

Deux protocoles testés en élevage

Nos résultats ont montré l’efficacité de l’anesthésie locale pour réduire la douleur. Les solutions utilisant le Tri-solfen et la lidocaïne ont ensuite été testées dans un élevage bio de la Cavac et à la ferme des Trinottières pour en améliorer la faisabilité (voir pages suivantes). L’anesthésie générale s’est révélée intéressante pour la plupart des indicateurs mais n’a pas été retenue, du fait de l’impossibilité de l’utiliser par les éleveurs en France. Les résultats obtenus et l’expérience acquise dans ce projet ont contribué aux échanges ayant conduit à la rédaction des protocoles diffusés sur le site Castrabea.

Repères

Le projet Farinelli vise à améliorer le bien-être des porcs mâles en élevage biologique en recherchant des alternatives à la castration à vif. Ce projet multipartenarial est financé par le ministère de l’Agriculture (Casdar) et copiloté par l’Itab, la Fnab et Forebio. L’action concernant l’amélioration de la prise en charge de la douleur lors de la castration associe les partenaires suivants : Ifip, Anses, Inrae, Oniris, ferme expérimentale des Trinottières, Itab, Fnab, Unebio, Biodirect, Vétopôle 26 et Cavac.

Évaluation de protocoles associant tranquillisation, analgésie et anesthésie lors de la castration des porcelets, Valérie Courboulay, Christine Fillilat, Marie Lefrançois, Armelle Prunier, Céline Tallet,
Gwenola Touzot-Jourde, Françoise Pol, JRP 2022

Côté Web :

Protocoles de castration autorisés : https://ifip.asso.fr/centre-de-ressources-castrabea/
 

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