Coronavirus
[ Chronique de chevriers confinés 5 ] Confinés mais solidaires
L’élevage caprin est aussi impacté par le Covid-19 et le confinement. Troisième témoignage d'un éleveur de chèvres fromager fermier.
L’élevage caprin est aussi impacté par le Covid-19 et le confinement. Troisième témoignage d'un éleveur de chèvres fromager fermier.
Jean-Philippe Bonnefoy, producteur fermier en Saône-et-Loire
« La situation s’améliore… Nous assurons désormais deux marchés contre trois habituellement et le troisième devrait reprendre la semaine prochaine. Avec une part de notre clientèle plutôt âgée, il y a cependant moins de clients. Nous avons mis en place des systèmes de livraison avec l’aide d’une cousine qui nous aide à faire le relais. La solidarité familiale est bien activée puisqu’une sœur de Valérie nous a cousu des masques en tissu pour la vente directe. Ces masques ne sont pas une obligation mais une recommandation de plus en plus pressante. Certains clients qui viennent à la ferme demandent qu’on en mette.
Les livraisons demandent pas mal de temps pour préparer les commandes et c’est moins convivial d’être devant sa feuille Excell que de discuter avec le client. Cela nous dépanne cependant bien et chacun des deux points de livraison représente environ les deux tiers du chiffre d’affaires d’un marché. Nous livrons chez un boulanger qui récupère les paiements par carte, chèque ou espèces avec l’appoint dans une enveloppe. Il se garde un petit pourcentage mais cela nous aide bien.
Nous étions partis pour fabriquer beaucoup de tomme pour reporter du lait. Avec la perspective du déconfinement, nous ralentissons cette fabrication pour privilégier les charolais. Nous envisagions aussi le report de tomme ou de lactique sous-vide. Cela dépend si nous arrivons à acheter une machine à vide avec d’autres agriculteurs.
L’affineur, qui avait divisé par deux ses commandes au début du confinement, nous reprend maintenant davantage de fromages. Par solidarité, nous allons cependant laisser aussi de la place pour les jeunes fromagers fermiers du département qui, nouvellement installés, n’ont pas eu le temps de se créer une clientèle. De même, nous continuons à donner des chèvres frais au Restos du Cœur. Cette solidarité est importante pour nous car notre ferme avait brûlé en 2015. Nous avions bénéficié de nombreux soutiens à cette époque et c’est normal d’aider à notre tour.
Finalement, les choses se détendent et s’organisent petit à petit. J’ai eu très peur au début, surtout que nous étions en plein pic de production laitière, mais heureusement je crois que, dans le département, personne n’a eu à jeter du lait ou des fromages. Maintenant, l’inquiétude est aussi météorologique car cela fait un mois qu’il n’a pas plu… »