Dans le Tarn
Une station d’allaitement sur caillebotis
En plaçant la louve sur des caillebotis issus d’élevages porcins,
Christophe et Caroline Claus gardent la litière des chevrettes sèche
et l’ambiance beaucoup plus saine autour des tétines.
«J'ai vu trop d'élevages où la litière était tellement souillée qu'il fallait des bottes pour atteindre la louve » explique Christophe Claus en préambule. Ce commercial en alimentation du bétail a l'habitude de visiter des élevages caprins mais aussi bovins et porcins du Ségala, au Nord-Est du Tarn. Pour la chèvrerie de son épouse Caroline, il a développé une station d'élevage de chevrettes, facile à nettoyer et qui garde la litière sèche.
« En 2006, un des tuyaux d'alimentation des tétines s'est détaché de la louve et le lait a souillé toute la litière », se souvient Christophe. Cet accident l'a incité à développer une station d'engraissement de chevrettes à partir de matériel utilisé en élevage porcin.
Sa station d'allaitement est composée d'une louve placée sur des caillebotis. Les caillebotis en plastique dur n'abîment pas les pattes des chevreaux et laissent passer les crottes, les brins de paille et les liquides. Dessous, un bac en plastique moulé (1,60 x 2,70 m) collecte les liquides et les évacue à l'extérieur du bâtiment via une bonde et un tuyau. Les jus de nettoyage, les pertes de lait à la tétine et les fuites accidentelles sont ainsi vidangés en épargnant la litière.
Des cloisons amovibles en PVC sont fixées grâce à des poteaux qui se boulonnent sur le caillebotis. Ces cloisons - à l'origine des cloisons de cases à veaux - sont découpées pour y placer les tétines.
Elles permettent de séparer les chevrettes en quatre lots homogènes. Placée en hauteur, la louve est plus facile d'accès pour le nettoyage. Surtout que Christophe a ajouté un tuyau et un pistolet d'arrosage pour faciliter le lavage quotidien. « Si on ne se donne pas les moyens de nettoyer facilement, on ne le fait jamais » remarque-t-il.
« Maintenant, on ne se pose plus la question de savoir comment évacuer les jus de lavage » confirme Caroline. « Finis le seau d'eau et les allers-retours entre la louve et l'évier pour nettoyer les accessoires, je lave sur place avec une brosse, une éponge et le jet d'eau » apprécie l'éleveuse de 28 ans.
Au démarrage, les tétines sont même nettoyées tous les jours pour éviter toutes contamination. Résultat, la litière reste sèche et l'ambiance est beaucoup plus saine autour des tétines. Un point important pour cet élevage indemne de Caev qui n'a perdu qu'une chevrette l'an dernier sur cent élevées. De part leur instinct à grimper, les chevreaux montent rapidement sur le plan incliné et consomment alors quasi systématiquement à la tétine.
« Ils ont même tendance à rester longtemps sur le caillebotis et même à s'y endormir » observe Christophe Claus.
Sur les 200 chèvres mettant bas, Caroline et Christophe élèvent la totalité des chevrettes : une soixantaine sont gardées pour le renouvellement et le reste est revendu.
Dès la naissance, les chevrettes sont pesées, identi-fiées, séchées puis regroupées sous une lampe chauffante. Elles reçoivent trois tétées de colostrum avant d'être transférées avec les chevrettes plus grandes. Là, Caroline s'assure que ces nouvelles venues ont bien mangé en leur tâtant la panse. Les chevreaux mâles sont vendus à l'âge de 3 à 5 jours à un éleveur engraisseur du Tarn. Celui-ci vient de s'équiper d'une case d'engraissement entièrement recouverte de caillebotis qu'il va prochainement tester.
Après le sevrage, le système est démonté facilement, soulevé avec la fourche du tracteur, puis nettoyé à grande eau à l'extérieur du bâtiment avant d'être remis en place. Cette station d'engraissement est vendue 1 000 à 1 200 euros (sans la louve) par Christophe Claus qui a créé une entreprise ad hoc.
Renseignements : 06 14 18 33 57