Une génétique caprine plus durable
Lors de son webinaire annuel, l’UMT Génétique des petits ruminants a fait le point sur les derniers résultats de projets de recherche qui s’intéressent au rôle de la génétique dans la durabilité des élevages caprins.
La génétique caprine est en perpétuelle évolution en fonction des attentes des éleveurs, des attentes sociétales et du changement climatique. L’UMT Génétique des petits ruminants a présenté les derniers résultats de la recherche le 21 juin dernier lors de son webinaire annuel. De nombreux projets sont en cours et permettront de répondre aux attentes des éleveurs en termes de progrès génétique.
Mathieu Arnal, chargé de R & D évaluation génétique des petits ruminants à l’Institut de l’élevage, a présenté le projet Malo. Il s’intéresse à la longévité fonctionnelle chez les chèvres laitières. Le premier constat est que la « durée de vie productive des chèvres décroît régulièrement depuis trente ans ». Le but à long terme est d’intégrer des caractères liés à la longévité dans les objectifs de sélection. Pour cela les scientifiques étudient la part génétique des caractères comme la résistance aux strongles, la santé et le bien-être à l’échelle individuelle, les kystes et déséquilibres mammaires et la capacité des chèvres à maintenir une bonne production laitière sur leurs deuxièmes et troisièmes lactations. Pour l’instant, seul l’index de fertilité à l’IA a été ajouté à l’index combiné caprin (ICC). À l’avenir, cet index inclura la longévité fonctionnelle des caprins si ce critère est économiquement intéressant.
La thermotolérance chez les petits ruminants a ensuite été expliquée par Flavie Tortereau chercheuse à l’Inrae dans l’UMR GenPhySE. Le projet porte notamment sur l’impact des conditions météorologiques sur les performances de production. Le but est de savoir si les caractères de production évalués dans les schémas de sélection sont variables en fonction du climat. Les résultats montrent qu’au niveau des populations, le climat n’a pas d’effet marqué sur les performances étudiées. En revanche, le potentiel génétique des animaux peut s’exprimer différemment en fonction de la température lors de la mesure. La chercheuse reste prudente face à l’interprétation des résultats car le modèle utilisé dans l’étude est moins précis que les modèles classiques. Les températures extrêmes sont difficiles à intégrer au modèle car sous-représentées dans les données collectées et il faudrait essayer de combiner les informations météo et la conduite d’élevage pour quantifier au mieux les effets de la météo sur le phénotype.
Une chèvre adaptée à tous les systèmes d’élevage
Diane Buisson travaille sur les schémas de sélection petits ruminants à l’Idele. Elle a évoqué les interactions entre génotype et environnement. Le but est de savoir si la valeur génétique d’un individu dépend du système dans lequel il est élevé. Les organismes de sélection choisissent de sélectionner un animal adapté à tous les systèmes d’élevage et non de sélectionner des animaux différents adaptés à chaque système. Il faut donc que les boucs aient la même valeur génétique dans tous les systèmes. En caprin, on distingue quatre grands systèmes en fonction de la région : Poitou-Charentes, Bretagne/Pays de la Loire, Centre/Rhône Alpes/Auvergne/Bourgogne et Paca/Languedoc/Rhône Alpes. Si la valeur génétique varie beaucoup selon le système d’élevage, un bouc qui serait améliorateur dans un système pourrait être mauvais dans un autre. Cela serait problématique dans le schéma actuel de sélection. L’analyse de données montre que les boucs gardent globalement le même classement selon les différents systèmes. C’est rassurant puisque cela veut dire que la sélection actuelle génère bien des chèvres adaptées à tous les systèmes. En revanche, il serait intéressant d’aller plus loin et de comparer les systèmes laitiers avec les fromagers, les élevages de montagne avec ceux de plaine, les bio et les non bio…