Un logement adapté à l’élevage des chevrettes
Les chevrettes ont des besoins spécifiques d’ambiance, de surface disponible et d’aménagements des aires de vie. Qu’elles soient avec les chèvres ou à l’intérieur d’un bâtiment spécifique, il faut veiller à renouveler l’air sans trop refroidir.
Les chevrettes ont des besoins spécifiques d’ambiance, de surface disponible et d’aménagements des aires de vie. Qu’elles soient avec les chèvres ou à l’intérieur d’un bâtiment spécifique, il faut veiller à renouveler l’air sans trop refroidir.
Les caprins nouveau-nés puis les chevreaux et les chevrettes ont des besoins en température et ventilation différents de ceux des adultes. C’est pourquoi, dans l’idéal, il est conseillé de prévoir un bâtiment spécifique pour la phase lactée et un autre bâtiment pour la phase post-sevrage. Mais cette solution est coûteuse. Il est cependant possible d’élever des chevrettes jusqu’à dix mois dans un seul bâtiment, à condition de prévoir une ventilation et des équipements modulables.
« On ne va pas se donner les mêmes exigences en termes de bâtiment entre un élevage de 50 chèvres et un de 800 », résume Christophe Béalu, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture Charente-Maritime Deux-Sèvres. Dans un troupeau de 50 à 100 chèvres par exemple, l’élevage de 15 à 30 chevrettes par an est envisageable sur l’aire paillée de la chèvrerie. C’est une solution simple, économique et qui ne présente pas de risque sanitaire majeur. Des aménagements sont toutefois nécessaires pour la phase lactée : cases avec ampoules chauffantes pour les premiers jours et faux plafonds isolants notamment.
Garder la bonne température pour les chevrettes
Pour un troupeau de 200 chèvres (et un renouvellement d’une soixantaine de chevrettes par an), l’élevage des jeunes pendant la phase lactée peut s’imaginer sous un appentis ou un tunnel indépendant. S’il est suffisamment grand, ce bâtiment pourra aussi être utilisé pour la phase de post-sevrage. Sinon, il faudra prévoir un espace pour le post-sevrage dans l’aire paillée des chèvres.
Pour les plus grands élevages (plus de 400 chèvres et donc 120 chevrettes par an), il est recommandé d’avoir deux bâtiments spécifiques : un bâtiment pour la phase lactée (qui pourra aussi servir à l’engraissement des chevreaux) et un bâtiment pour le post-sevrage (qui pourra être valorisé par de la vente de chevrettes d’élevage).
À la naissance, les chevreaux ont besoin d’une température comprise entre 12 et 21 °C. Cependant, ils peuvent s’adapter facilement à des températures descendant jusqu’à 6 °C. Passé quelques jours, et ce d’autant plus s’ils reçoivent un lait réchauffé, la température optimale se situe entre 8 et 21 °C, avec, là encore, une adaptation facile jusqu’à – 1 °C.
Changer d’air sans courant d’air
Une température adaptée et une ventilation efficace sont les clés pour garantir une bonne ambiance dans le bâtiment dédié à l’élevage des jeunes. On peut chauffer le bâtiment, mais la priorité reste d’assurer une bonne isolation. Pour isoler l’espace et maintenir une température stable autour des jeunes caprins, il est recommandé de créer un sas d’entrée, de supprimer les parois froides en installant des matériaux isolants, de pailler généreusement (environ 800 g/chevrette) et de créer des microclimats en diminuant le volume d’air disponible.
Après la température, l’aération est le second point critique des bâtiments dédiés à l’élevage des chevrettes. Par la respiration et leurs déjections (très liquides en phase lactée), les animaux évacuent constamment de l’eau et des éléments qui polluent l’air : ammoniac, dioxyde de carbone, agents infectieux… S’ils ne sont pas évacués, ces éléments génèrent de l’humidité, dégradent l’état du bâtiment, causent de l’inconfort aux animaux et augmentent les risques de pathologies pulmonaires. Des entrées et des sorties d’air doivent donc être aménagées pour permettre le renouvellement de l’air, mais sans provoquer de courants d’air. Pour le confort des chevreaux, la vitesse de l’air dans le bâtiment ne doit pas dépasser 0,25 m/s. La ventilation peut être statique, par circulation naturelle de l’air, ou dynamique grâce à des extracteurs d’air.
De la lumière, de la paille et pas d’humidité
Il faut aussi veiller à la bonne luminosité dans le bâtiment, tant pour le bien-être des animaux que pour les bonnes conditions de travail des éleveurs. Des bardages transparents ou translucides ou des ouvertures éclairantes en pignons laissent entrer la lumière naturelle.
Quel que soit le type de sol du bâtiment (terre battue, grave calcaire compactée, surface bétonnée), il faut éviter que les chevrettes soient en contact avec de la litière humide, particulièrement pendant la phase lactée. Pour maîtriser l’humidité et les odeurs de la litière, l’idéal est d’avoir un sol bétonné et légèrement en pente (3 à 4 %) avec un caniveau de collecte pour la récupération et l’évacuation des jus. Si cette configuration n’est pas possible, prévoir a minima la collecte des jus sous les tétines et au bord de l’allaiteur qui est une zone très humide (fuites, lavage…). La mise en place d’un caillebotis sous cette zone humide est fortement recommandée, car elle permet la récupération des jus et améliore nettement le confort des animaux.
Les premiers jours, les chevreaux doivent être paillés quotidiennement, à raison de 300 g de paille par chevreau. En complément, des poudres assainissantes et asséchantes peuvent être appliquées sous les abreuvoirs et les tétines. Puis les chevrettes d’élevage devront recevoir jusqu‘à 800 g de paille par animal et par jour. La sciure ou les granulés de paille peuvent constituer des alternatives intéressantes. Le curage de la litière doit être réalisé régulièrement : tous les 15 jours pour une litière sur paille et en fin de bande pour une litière sur sciure ou granulés de paille.
Prévoir de l’eau et de l’électricité pour les équipements
Pour faciliter le travail au quotidien, plusieurs équipements et aménagements sont à prévoir. Un point d’eau avec un mitigeur eau chaude/eau froide, un bac de lavage et une évacuation sont à prévoir pour se laver les mains et nettoyer le matériel. Des arrivées d’eau sont nécessaires pour la louve et l’abreuvement ponctuel au seau. Plusieurs prises électriques sont à installer pour l’allaiteur, le thermiseur, le matériel d’ébourgeonnage, les lampes chauffantes… Un emplacement sera à aménager à l’abri de la poussière pour pouvoir mettre le matériel à sécher. Un espace de rangement et de stockage du petit matériel sera à organiser. La présence d’une pharmacie est indispensable. Des moyens efficaces de mise à disposition d’informations et/ou de transmission de consignes (tableau...) et d’enregistrement d’évènements sanitaires (carnet sanitaire...) sont à réfléchir. Des portes pour rentrer dans les lots (pour ne pas avoir à enjamber des barrières hautes) seront très appréciées. Les couloirs et passages seront réfléchis pour être adaptés en largeur et hauteur aux matériels utilisés et/ou à leurs usages (chargement et contrôle de la louve, tri des animaux...).
Dans la nurserie plus spécifiquement, il est indispensable de prévoir un sas d’entrée pour limiter les variations de températures. Il pourra également servir au stockage de la poudre de lait. Il faudra aussi aménager quelques petites cases, si possible à hauteur d’homme, pour faciliter la phase d’apprentissage (prise de colostrum) et pour isoler les chevreaux malades. Pour rendre plus confortable l’apprentissage de l’allaitement, il peut être nécessaire de s’équiper d’un tabouret marchepied ou d’une chaise avec pieds coupés pour être à la bonne hauteur. Le parc d’apprentissage devra avoir une barrière basse facile à enjamber. Il faut aussi avoir à portée de main des marqueurs de différentes couleurs pour indiquer si la chevrette a bu ou si des difficultés persistent.
Portails, cornadis et enrichissement pour le bien-être des éleveurs et des chevrettes
Dans le bâtiment d’élevage, il est utile de prévoir des portails (pour faciliter la mécanisation de l’enlèvement du fumier) et d’avoir des barrières légères pour faciliter la manipulation des chevrettes et pouvoir constituer des lots d’animaux par niveaux de poids.
Les cornadis (réglables en hauteur de préférence, pour les adapter au format variable des animaux en croissance) permettent d’améliorer la gestion de l’alimentation et réaliser plus facilement les interventions sur les animaux (reproduction, traitements...). Que vous ayez des planches, des tubes ou des cornadis, leur hauteur et leur réglage doivent pouvoir s’adapter à chaque stade d’âge des chevrettes.
Enfin, le bien-être des chevrettes pourra être amélioré en enrichissant le milieu grâce à un accès à l’extérieur (aire d’exercice, parcours ou pâturage), des jeux (ballons, bidons) ou des structures plus imposantes (plateforme, bascule).