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Quels enrichissements pour le bien-être des chèvres ?

À l’occasion du colloque « Le bâtiment d’élevage, point de rencontre entre l’homme et l’animal », organisé par les réseaux mixtes technologiques Batice et One Welfare, l’Anicap a dévoilé sa récente étude sur l’aménagement des installations en faveur du bien-être des chèvres.

Pour les chèvres, les bâtiments sont avant tout des espaces de vie. L’agencement des bâtiments a pour objectif de leur offrir les conditions nécessaires pour répondre à leurs besoins, préserver leur intégrité physique et favoriser l’expression de leurs comportements naturels. C’est pourquoi il est crucial d’incorporer une dimension de bien-être dès la conception des bâtiments. Si les quatre premiers piliers du bien-être animal vont souvent de soi (cf. Le saviez-vous), l’expression des comportements normaux n’est pas toujours pleinement prise en considération.

« Les chèvres sont des animaux sociaux et grégaires où la hiérarchie joue un rôle crucial dans la dynamique du groupe. »

Les animaux d’élevage sont souvent confrontés à des environnements moins riches que ceux de leurs congénères sauvages. Un environnement dépourvu de stimulations peut entraîner l’apparition de comportements stéréotypés, de l’apathie ou même de l’agressivité. « Plusieurs voies peuvent être utilisées pour enrichir l’environnement, explique Isabelle Veissier de l’Inrae, l’enrichissement peut être sensoriel, physique, occupationnel, alimentaire, social ou humain. »

Tous ces enrichissements ont en commun l’apport d’informations à l’animal : celui-ci découvre de nouveaux stimuli, apprend les conséquences de ses actions (notamment en jouant ou en réalisant des tâches) et trouve satisfaction dans ces activités. « Pour enrichir l’environnement, il convient d’augmenter la complexité et la variabilité de l’environnement et de donner des possibilités d’action à l’animal », ajoute la chercheuse. Il est toutefois nécessaire de vérifier que les animaux interagissent effectivement avec l’enrichissement et que celui-ci n’a pas d’effets négatifs à moyen ou long terme.

Chaque espèce a des besoins comportementaux différents. « Les chèvres sont des animaux sociaux et grégaires où la hiérarchie joue un rôle crucial dans la dynamique du groupe », rappelle Anne Aupiais de l’Idele. Elles sont particulièrement curieuses et aiment explorer leur environnement, tout en étant agiles et appréciant se percher. Enfin, étant des animaux cueilleurs, elles préfèrent attraper leur nourriture au-dessus du niveau du sol. Les enrichissements destinés aux chèvres doivent être adaptés à leurs besoins spécifiques.

Des aménagements pour les chèvres

« Si la présence de ces aménagements est mise en avant dans le code mutuel de bonnes pratiques en élevage caprin et par plusieurs acteurs économiques, très peu de références sont disponibles quant à la nature, la fréquence ou la faisabilité de leur installation », explique Mélissa Brocart, de l’Anicap. Un état des lieux a été réalisé à la suite de la concertation avec les ONG welfaristes entre octobre et décembre 2022, sous l’égide de l’Anicap. L’objectif était de déterminer quels étaient les équipements existants et d’explorer les opinions des éleveurs à leur sujet.

L’étude a été menée par Antinéa Louis, stagiaire à Bankiva et l’Anicap, auprès de 40 éleveurs caprins présentant au moins un aménagement. Au total, 133 aménagements ont été observés. Les quatre catégories d’enrichissements les plus courantes sont : les espaces verticaux (tels que les plateformes, les tabourets et les bancs), les râteliers en hauteur, les brosses (rotatives, fixes ou suspendues) et les objets ludiques au sol (comme les bidons et les ballons). Les objets suspendus et les structurations de l’espace au sol (les planches, par exemple) sont moins fréquents. « La répartition de ces enrichissements n’est pas homogène dans le troupeau, souligne Lola Reverchon-Billot du cabinet de conseil Bankiva. Les chevrettes bénéficient principalement des espaces verticaux et des objets ludiques alors que les brosses sont plus fréquemment rencontrées parmi les chèvres en production. »

Les éleveurs interrogés se déclarent majoritairement très satisfaits des aménagements mis en place, ce qui témoigne de leur plaisir d’observer leurs animaux interagir au quotidien avec ces installations. Ils ont également été questionnés sur les réticences à mettre en place certains aménagements et les moyens de lever ces freins. « La plupart des appréhensions ne sont pas vérifiées par les éleveurs qui ont installé les aménagements en question », relève Lola Reverchon-Billot.

Les partages d’expériences entre éleveurs sont donc primordiaux pour en faciliter l’adoption. « Cette étude constitue un éclairage clé dans le déploiement des enrichissements dans les élevages français », assure Mélissa Brocart. Une plaquette à destination des techniciens et des éleveurs sera prochainement diffusée par l’Anicap.

Focus sur les espaces verticaux

Les espaces verticaux sont l’un des aménagements les plus répandus dans les élevages caprins. Ils peuvent prendre la forme de plateformes, de bancs, de rampes, de balançoires… Les éleveurs ayant mis en place ce type d’installation mettent en avant leur intérêt pour favoriser une multitude de comportements chez les chèvres, notamment le jeu, l’exercice, l’établissement de la hiérarchie sociale et même le repos. Bien que certains inconvénients soient signalés, comme les blessures et l’augmentation du nombre de chevrettes qui sautent les barrières, ces problèmes peuvent être atténués par une conception appropriée. Il faut que les installations soient solides, sans bord tranchant et adaptées au poids de l’animal pour limiter toute lésion. Une structure légère permet de faciliter le curage.

Le saviez-vous ?

Le bien-être animal est défini au niveau international comme le respect de cinq libertés fondamentales :

L’absence de faim et de soif
Le maintien du confort de l’animal
L’absence de douleur physique, de maladie ou de blessure
L’absence de peur ou de détresse prolongée
L’expression des comportements normaux de l’espèce

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