« Pas satisfaits de nos ray-grass italiens, nous avons adopté les mélanges suisses »
Par rapport au ray-grass italien, le mélange de plusieurs espèces prairiales offre un meilleur rendement, une pousse plus étalée, une meilleure valeur fourragère et un seul semis tous les cinq ans. Témoignage d’un éleveur de chèvres et de brebis du Centre-Val de Loire.
Patrick van Iersel est installé avec ses deux associés au Gaec du Pont dans le Cher. Il utilise des mélanges suisses pour les récolter en enrubannage pour ses 1 150 chèvres et ses 400 brebis et pour le pâturage des brebis. « Nous avons des sols limoneux et hydromorphes qui ne facilitent pas la récolte précoce du ray-grass italien [RGI] ni le passage d’engrais », explique l’éleveur en zone AOP crottin de Chavignol.
Les récoltes en RGI étaient aléatoires avec une matière azotée totale (MAT) variant de 11 à 19 %. Suivant les conseils de leur nutritionniste, le Gaec du Pont essaie les mélanges suisses en choisissant la semence selon le type de sol et avec une exploitation mixte fauche et pâture. « Nous avons été surpris par la valeur des fourrages, de 15 à 19 % de MAT selon les coupes, et par la résistance au sec. Même si elles ne poussent pas l’été, ces prairies repartent très bien à l’automne. »
Trois à quatre fauches en plus du pâturage
Le mélange type 440 contient plusieurs variétés de fétuque, de ray-grass, de trèfle et du pâturin. « Ce mélange est bien adapté à mon sol, observe l’éleveur. Là où le RGI crame à 25 °C, la prairie de mélange repart dès que la pluie revient. »
Les prairies multiespèces sont pâturées en fin d’automne et début de printemps par les brebis, puis elles sont fauchées trois, voire quatre fois en enrubannage pour garder les feuilles de trèfle et, donc, la valeur en azote. « Cela nous donne davantage de souplesse d’exploitation que le RGI qui perd en valeur tôt dans la saison », apprécie l’éleveur.
Investir dans la semence plutôt que dans l’azote
Les prairies sont semées au printemps pour favoriser les trèfles et l’éleveur a toujours l’équivalent de 6 à 8 hectares de semence d’avance pour en ressemer une partie chaque année. Patrick van Iersel a essayé de faire les mélanges lui-même avec l’aide du site Herbe-Book, mais il préfère les mélanges tout prêts et bien complémentaires. « Je sais que je n’aurais pas des espèces qui épient quand d’autres seront encore feuillues… »
Et économiquement ? « Depuis que nous avons remplacé le RGI par les prairies multiespèces, nous sommes gagnants. On ne met plus que 60 unités d’azote au lieu de 120 sur les ray-grass italiens, et ces prairies durent cinq ans, alors que les RGI ne tenaient que deux ans. Et vu le prix de l’azote de ces dernières années, nous avons fait le bon choix d’investir dans de la semence. L’investissement de 350 euros par hectare permet de nourrir les animaux pendant plusieurs années ! »