L’Occitanie recherche son autonomie alimentaire
L’Occitanie, quatrième bassin laitier français, a planché sur la question de l’autonomie de ses élevages caprins. Avec le projet Cap&Go, la Région a exploré des voies pour une alimentation plus autonome des chèvres.
L’Occitanie, quatrième bassin laitier français, a planché sur la question de l’autonomie de ses élevages caprins. Avec le projet Cap&Go, la Région a exploré des voies pour une alimentation plus autonome des chèvres.
La Région Occitanie se place au quatrième rang des élevages caprins avec 13 % des exploitations, du cheptel et de la collecte française de lait de chèvre. Mais avec 79 % d’autonomie alimentaire en moyenne, les élevages caprins du Sud-Ouest sont moins autonomes que ceux des autres régions (84 % dans le Centre et 86 % dans l’Ouest). Or, les systèmes de production insuffisamment autonomes sont plus sensibles aux aléas économiques. Pour aider ces éleveurs à aller vers plus d’autonomie alimentaire, le projet Cap&Go a permis le suivi de vingt-deux élevages caprins occitans.
Diminuer la dépendance aux achats
En favorisant les échanges entre éleveurs et techniciens, ce projet a permis de faire ressortir des pistes pour renforcer l’autonomie fourragère, maîtriser les charges d’exploitation et adapter son système fourrager, ses pratiques, face aux aléas climatiques et économiques. Car pour arriver à diminuer la dépendance vis-à-vis des achats, les solutions peuvent être différentes.
Des pistes pour adapter son système fourrager
En implantant des légumineuses fourragères ou en cultivant des espèces en mélange, on peut produire des fourrages plus équilibrés qui nécessitent moins d’achats. Une récolte au bon moment et un séchage de qualité permettent de gagner des points sur la qualité des fourrages et de l’autonomie alimentaire. Certains éleveurs tentent aussi de semer des fourrages annuels résistants à la sécheresse (sorgho, millet, moha…).
Même s’ils disposent parfois de plus grandes surfaces, les élevages pastoraux sont aussi à la recherche d’autonomie. Eux aussi sont soumis au changement climatique avec des pluviométries irrégulières et très déficitaires sur certains secteurs, l’arrivée précoce des fortes chaleurs et des étés plus longs, plus chauds et plus secs. La ressource pastorale est moins disponible et a du mal à se régénérer. Même les chênes verts, qui contribuent fortement au pâturage, ont aussi beaucoup souffert.
« Un vrai travail de synergie sur l’autonomie alimentaire des chèvres »
Le projet Cap&Go a permis aux acteurs techniques de la filière caprine occitane de réfléchir ensemble à des solutions pour que les élevages de chèvres soient moins dépendants des achats d’aliments. Témoignage de Joël Mazars, vice-président du GIE Élevage Occitanie et de l’Anicap Occitanie.
« Notre Région a un historique caprin récent et avec des élevages disposant parfois de moins de surfaces et de moins d’autonomie que d’autres régions. À la suite d’une forte volonté du terrain, nous sommes allées chercher des financements, notamment régionaux et européens, pour travailler sur l’autonomie alimentaire des troupeaux.
Pendant quatre ans, le projet Cap&Go a permis un vrai travail de groupe pour échanger sur les pratiques qui ne sont pas forcément les mêmes selon que l’on soit sous un climat méditerranéen ou dans des zones de montagne. Ce projet a permis de créer une synergie entre les acteurs techniques de la filière caprine régionale. Il y avait un enjeu de redynamiser le travail collectif des techniciens de laiterie, des techniciens chambre ou d’autres organismes. Ces habitudes de travail vont se poursuivre avec un projet régional sur la viande caprine qui démarre.
Beaucoup d’innovations ont été tentées, sur des méteils, sur des combinaisons d’espèces, sur des cultures en dérobés, par des éleveurs qui ont pu transmettre leurs acquis par le bouche-à-oreille, par des vidéos ou par des fiches à télécharger. Je ne dis pas que demain tous les éleveurs vont faire des économies et gagner en autonomie alimentaire. Mais aujourd’hui, les producteurs d’Occitanie ont des solutions qui ont été testées. »
Des fabricants d’aliments qui relocalisent leur offre
Faute de terres, certains éleveurs ne peuvent assurer l’autonomie alimentaire à l’échelle de l’exploitation. Mais l’autonomie alimentaire peut aussi s’entendre à l’échelle de la Région et des fabricants d’aliments pour animaux se font fort de proposer des offres locales. Ainsi, RAGT a démarré en début d’année son triturateur de colza dans son usine d’Albi (Tarn). Ce nouvel outil approvisionne en tourteaux locaux les usines d’alimentation animale de Rodez et de Rignac dans l’Aveyron. « Tous les cahiers des charges sont à l’écoute des protéines locales et “non OGM“, explique Pascal Barbier, le directeur commercial de Terrya à Rignac. Comme la trituration à froid permet de conserver une quantité importante de protéines et de matière grasse dans le tourteau, cela en fait un super produit qui donne de la matière utile dans le lait et qui redonne de l’état aux chèvres et aux brebis. »
Le fabricant d’aliments propose aussi des tourteaux de soja locaux qui proviennent de l’unité de trituration Sojalim de Vic-en-Bigorre (Hautes-Pyrénées). « Il y a un surcoût de 60 euros la tonne avec un tourteau de soja local par rapport à un tourteau “non OGM” importé. Mais comme le tourteau n’est pas déshuilé et contient encore 6,5 % de matière grasse, les éleveurs s’y retrouvent. »
Autre fournisseur local, la SAS Cépière propose du foin de prairie ou de la luzerne déshydratée. Quelques producteurs caprins ont ainsi basculé de la luzerne espagnole ou de Champagne vers ce producteur local.
Coté Web
Nouveau site sur l’élevage occitan
Le GIE Élevage Occitanie vient d’ouvrir son site Internet qui explique les projets en cours dans les filières ruminants, porcines, équines ou avicoles. Il donne aussi des informations utiles pour bénéficier de prêts à taux 0 %. Dans la rubrique caprine, sept fiches techniques présentent les fourrages équilibrés, ceux résistants à la sécheresse, ceux à pâturer, les fibreux, les ressources riches en azote, les prairies pérennes ou le pastoralisme. Vingt et un carnets de bord d’éleveurs sont aussi disponibles sur elevage-occitanie.fr/animation-de-filieres/caprins.html. Trois vidéos sont à visionner sur youtube.com/@gieelevageoccitanie7821.