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« Les chèvres mangent-elles dans nos assiettes ? »

86 % des protéines de la ration des chèvres ne sont pas consommables directement par l’Homme selon les résultats du projet Eradal conduit par l’Institut de l’Élevage. Explications.

Les produits animaux entrent-ils en compétition directe avec l’alimentation humaine ? Quelle est la place des produits laitiers dans une alimentation durable ? Faut-il arrêter de les consommer ? « Les productions animales seront socialement acceptables demain si elles sont vertueuses sur le plan environnemental, rémunératrices pour les éleveurs, légitimes dans l’occupation et l’entretien des territoires, et peu en compétition avec l’alimentation humaine. Le projet Eradal (1) a permis de poser des chiffres ce dernier point », a exposé Benoît Rouiller de l’Idele lors d’un symposium organisé par le Cniel le 22 octobre.

Et les premiers résultats sont positifs : les caprins, comme les bovins et ovins lait, sont des producteurs nets de protéines pour l’alimentation humaine. Il faut 890 g de protéines végétales consommables par l’Homme pour produire un kilo de protéines animales consommables par l’homme. En élevage caprin, 86 % des protéines consommées sont non consommables par l’Homme, 89 % en ovins et bovins. Cerise sur le gâteau, « il y a un gain de qualité significatif entre les protéines consommées par les animaux et les protéines produites », a rappelé Didier Rémond, directeur de l’unité de nutrition humaine à l’Inrae. Cependant, précisent les experts, la compétition sur l’utilisation des surfaces est réelle et doit être prise en compte. Cela fera l’objet de travaux à venir.

Lire aussi : Des pistes pour des élevages caprins durables demain

Le travail réalisé à partir des données Inosys-Réseau d’élevage a montré une variabilité d’efficience protéique entre et au sein des différents systèmes alimentaires caprins. « Les systèmes avec une part d’herbe importante dans la ration sont en moyenne plus efficients. Mais il y a des élevages efficients dans tous les systèmes », précise Benoît Rouillé. Plusieurs facteurs expliquent cette variabilité : nature et quantité de concentré, quantité et qualité du fourrage, quantité et qualité du lait. « Il ne faut pas raisonner uniquement niveau de production, mais aussi composition de la ration, matières premières utilisées. »

Pour un système le plus efficient possible, Benoit Rouiller avance deux pistes :

- « Diminuer la part des concentrés et aliments à proportion en protéines consommables élevée dans la ration en les substituants avec des fourrages de bonne qualité qui minimiseront les coûts d’alimentation achetée ;

- Réduire le coût de l’alimentation achetée : une bonne autonomie alimentaire avec des coûts de productions maîtrisés et des fourrages de bonne qualité, n’impactera que positivement la marge brute ».

Un outil de mesure de l’efficience protéique à destination des éleveurs est en cours de finalisation pour la fin 2021. Il leur permettra de se positionner, communiquer et donnera des leviers d’amélioration de l’efficience.

(1) Utilisation efficiente des ressources alimentaires en production laitière pour produire des denrées alimentaires pour l’homme

Le saviez-vous ?

Le projet Eradal a pour objectif d’évaluer objectivement la contribution des élevages laitiers à la production alimentaire pour l’homme avec la mesure de l’efficience d’utilisation des ressources alimentaires et un travail visant à repérer, étudier et décrire des systèmes innovants, efficients et produisant en quantité et qualité.

L’efficience protéique nette est le rapport entre « les kilos de protéines animales consommables par l’Homme produites » et « les kilos de protéines végétales consommables par l’homme consommées par l’élevage ». Si ce rapport est supérieur à un, l’animal est considéré « producteur net de protéines pour l’alimentation humaine ».

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