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Races ovines
L´Avranchin est prolifique, rustique et bien conformé

Trop méconnue, cette race herbagère, originaire de la Manche, désaisonne pourtant bien. Par ses qualités, elle pourrait retrouver un succès perdu ces vingt dernières années.


L´Avranchin est une race d´herbage qui tire son nom de son pays d´origine : Avranches, en Baie du Mont Saint-Michel dans le département de la Manche. Dans les années 80, cette race en plein « boum » se développait bien et a su s´exporter en dehors de son berceau, ce qui lui donne aujourd´hui une répartition géographique curieuse : un noyau d´éleveurs autour de la ville d´Avranches, quelques élevages dans l´Eure, un élevage important dans le Cher.
Aujourd´hui, c´est une race à très faible effectif (moins de 200 brebis en contrôle de performances jusqu´à mai 2006) dont les principaux objectifs sont la préservation, à travers le maintien d´un petit nombre d´élevages de passionnés, et la gestion de la variabilité génétique.
Jusqu´en 2006, l´Avranchin était une race réellement menacée de disparition. ©Upra

Sauvée par un éleveur avisé
Ces faibles effectifs sont heureusement répartis dans de nombreux petits élevages, ce qui implique l´utilisation d´un nombre plus élevé de mâles et donc un brassage génétique un peu plus fort que dans une population avec des effectifs de troupeaux importants. La Manche est en effet le premier département de France pour le nombre d´élevages (plus de 7 000), avec une taille moyenne de 13 brebis par élevage. C´est ce qui explique la richesse génétique de ce territoire (trois races locales différentes dans un département où le mouton n´est pas une production dominante).
Jusqu´en 2006, l´Avranchin était donc une race réellement menacée de disparition, avec un âge moyen des éleveurs en augmentation constante, un renouvellement faible des élevages, et un effectif de femelles très bas. En mai 2006, cette petite population a rencontré un élevage du Cher qui fut son prince charmant, son héros, son sauveur. Cet éleveur(1) avait acquis trente ans auparavant 17 brebis avranchines, puis avait travaillé sur cette race durant quelques années en achetant les béliers nécessaires, jusqu´à obtenir une taille de cheptel suffisante pour s´auto-suffire en ce qui concerne les reproducteurs.

Continuant de croître, cette troupe a donc poursuivi son bonhomme de chemin, à l´écart de la population normande. Elle a de ce fait été « protégée » des infusions de sang vendéen pratiquées dans les années 90 (pour rechercher des lignées plus variées) et qui, même en étant faibles, ont provoqué une légère perte de type racial (et un gain en conformation). Cette troupe reste donc assez représentative de la race telle qu´elle existait dans les années 70.
Elle compte aujourd´hui 1300 brebis, et l´éleveur vient de rejoindre le groupe des éleveurs de l´Upra, multipliant d´un coup par 6 la population de brebis de l´Upra, et apportant des animaux très intéressants à plusieurs titres :
- leur type racial est bien conservé
- leurs aptitudes zootechniques sont probablement intéressantes d´un point de vue professionnel puisqu´elles sont élevées dans une structure importante.
Ainsi, dans la Manche, les mises bas ont lieu en janvier-février, ce qui est impossible pour l´élevage du Cher qui travaille en plein air intégral. Celui-ci pratique donc des mise-bas de juin-juillet, sur prairie, sans traitements hormonaux. L´avranchine démontre donc ici une très bonne aptitude au désaisonnement, aptitude rare dans les races herbagères du Grand Ouest.
Le bélier avranchin est robuste. ©Upra

Prolificité et autonomie dans l´élevage des agneaux
Ces brebis, qui dans la Manche font leur début de lactation en bergerie puis sur les grasses prairies normandes, élèvent dans le Cher leurs agneaux sur prairie, avec un contrôle de l´éleveur bien moindre, ce qui nécessite une bonne autonomie de ces brebis par ailleurs très prolifiques (180 % sur oestrus naturel).
Dotée d´une laine d´une très bonne qualité, cette brebis dispose d´une toison recouvrant tout le corps, le front et les joues de l´animal. Les agneaux en prennent un air de peluche qui plaît aux enfants dans les foires et salons (locaux ou nationaux) où les éleveurs ne manquent pas d´être présents.
L´Avranchin peut aujourd´hui regarder l´avenir avec plus de sérénité, d´autant qu´un centre d´élevage des jeunes mâles a été créé en 2006 (en collaboration avec la race Cotentine) pour gérer au mieux l´attribution des mâles dans les élevages où ils contribuent le plus à l´enrichissement de la variabilité génétique. De nouveaux outils informatiques (logiciel de gestion de la variabilité génétique) en cours de développement devraient donner dès 2007 à cette démarche un nouvel élan technique.
Un animal bien lainé qui plaît au regard des petits et des grands. ©Upra

(1) Jean-Pierre du Bouzet - Les Breux - 18270 Culans
(2) Maison de l´Agriculture - Avenue de Paris 50009 - Saint-Lô.

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