Conjoncture
La recommandation du médiateur sur le prix du lait s’applique progressivement
Le prix du lait remonte suite aux recommandations du médiateur. La pénurie de lait aide aussi les entreprises à négocier à la hausse le prix des fromages de chèvre.
La médiation de ce printemps avait abouti à la recommandation d’une hausse technique de 60 €/1000 litres pour le lait de chèvre à partir du 1er juillet. Mais certaines enseignes de la grande distribution, Casino et Carrefour notamment, ont joué la montre et ont tardé à accepter les hausses tarifaires proposées par les laiteries. Après plusieurs rappels à l’ordre par la Fnec et le médiateur, ces distributeurs ont rouvert à la fin de l’été les négociations avec les industries laitières.
Finalement, tous les grands opérateurs appliqueront une hausse de 80 et 90 euros jusqu’à la fin de l’année. La pénurie de lait que connaît la filière aide aussi aux négociations. La collecte de juin 2013 est ainsi inférieure de 11 % à celle de juin 2012 et 18 % à celle de juin 2011. À la fin de l’année, il devrait manquer environ 80 millions de litres par rapport à 2011. Cette importante pénurie de lait de chèvre se retrouve dans toute l’Europe et les entreprises ont coupé provisoirement certains marchés les moins rémunérateurs.
« Les hausses de prix du lait permettront d’apporter enfin un peu de visibilité aux producteurs après trois ans d’une crise sans précédent pour la filière caprine » appréciait la Fnec dans son communiqué de fin juillet. La situation reste cependant très difficile pour les producteurs. La baisse de collecte traduit ainsi autant des arrêts de production que les difficultés financières à nourrir correctement les animaux. À une moyenne de 141 pour le premier semestre, l’indice Ipampa qui traduit les coûts de production reste encore à un niveau très élevé. « Après trois années de situation difficile, les trésoreries des élevages caprins sont dans le rouge et de nombreuses exploitations risquent encore de disparaître » regrette Jacky Salingardes, le président de la Fnec.
Pour Jean-François Bernard de la section caprine FNSEA Poitou-Charentes, « au vu des difficultés actuelles à faire du lait, il faut que les laiteries incitent à produire en augmentant encore les prix. Nous maintenons nos revendications d’une hausse de 120 euros les mille litres par rapport au niveau de prix de 2011 car cela correspond à la fois au surcoût de 80 euros engendré par l’envolée des matières premières mais aussi aux baisses du prix du lait de 40 euros qu’on a fait supporter aux éleveurs suite à la crise des surstocks ».
En juillet, la Fnec a dénoncé l’accord interprofessionnel sur le paiement à la qualité. « Cette grille sur les niveaux cellulaires n’est plus justifiée face à la crise des revenus des éleveurs et en période de pénurie de lait » explique Jacky Salingardes qui demande à revenir aux précédentes pénalités pour les prochaines campagnes. Alors que la sortie de crise se profile, Jacky Salingardes alerte sur les négociations commerciales à venir et sur la gestion de l’après-crise. « Il faut absolument que les entreprises maintiennent ou augmentent leurs prix pour 2014 sinon tout le monde replongera. Il nous faut aussi mener une réflexion interprofessionnelle pour gérer les volumes et avoir une vision d’avenir à 5 ou 7 ans car il n’est pas possible de piloter son entreprise sans visibilité. La mise en place de la contractualisation devrait nous y aider ».
Une table ronde pour faire le bilan de la médiation
A la demande de la Fnec et de la FNPL, une nouvelle table ronde avec les producteurs, les transformateurs, les distributeurs et le ministère de l’Agriculture devrait se réunir le 7 octobre pour faire un bilan de cette médiation.