La bonne image des fromages de chèvre
Une étude présentée lors de l’assemblée générale de l’Anicap rappelle que le chèvre est un fromage polyvalent et apprécié des Français. Les chiffres de consommation le confirment.
Bien installé dans la consommation des Français, le chèvre est un fromage apprécié avec une multiplicité d’usages et d’occasions de consommations. En invitant le Cniel à présenter son étude sur la relation des Français au fromage, l’association nationale interprofessionnelle caprine (Anicap) a pu être globalement réconfortée sur la place du chèvre actuellement.
Si 93 % du millier de Français interrogés en ligne ont consommé du fromage dans l’année, ils ne sont plus qu’un sur deux à en consommer tous les jours ou presque. 30 % consomment du chèvre au moins une fois par semaine. « Tout comme pour les pâtes persillées ou lpressées non cuites, la fréquence de consommation du chèvre augmente avec l’âge, notait Noëlle Paolo, responsable études et stratégie au Cniel. En vieillissant, les goûts typés sont davantage appréciés ». Avec une bonne notoriété spontanée et une bonne cote d’amour, le chèvre est aimé « beaucoup » ou « énormément » par 63 % des Français. Par contre, 8 % affirment ne pas l’aimer du tout…
Jugé à la fois bon pour la santé et facile à cuisiner
« Le fromage de chèvre a un positionnement très équilibré, remarque Noëlle Paolo. Il est à la fois jugé bon pour la santé, faisant partie du patrimoine français, facile à cuisiner mais avec une appréciation sur le goût moindre que d’autres catégories de fromage ». À la fois accessible, culinaire et authentique, il est consommé en de multiples occasions : sur un plateau de fromages (54 % des réponses) mais aussi en fin de repas dans son emballage (25 %), en salade (23 %), cuisiné dans un plat chaud (23 %), en tartine (18 %), en grignotage (11 %) ou à l’apéritif (9 %). Pour Noëlle Paolo, « le fromage de chèvre a su se positionner dans tous les usages et c’est une réussite ».
Cette bonne image se traduit aussi dans les chiffres présentés par le panéliste Kantar. Actuellement, 84,2 % des ménages français achètent du fromage de chèvre, en moyenne 10,3 fois par an, pour un total de 2,4 kilos. « Le nombre de points de contact a augmenté, explique Laëtitia Houdoyer de Kantar Worldpanel. Le fromage de chèvre pourrait bénéficier du contexte favorable pour les produits de qualité ». En effet, pour la première fois en 2016, plus de la moitié des Français se disent prêts à payer plus cher un produit de qualité.
Plutôt des seniors aisés self-control et biocitoyens
Les consommateurs de chèvre se retrouvent dans toutes les catégories de la population. Cependant, les plus gros acheteurs restent les seniors avec du pouvoir d’achat et ceux classés comme « self-control » qui ont à cœur de contrôler la composition des produits ou l’impact sur l’environnement et leur santé. Kantar retrouve aussi plus de consommateurs de chèvre en région parisienne et dans la catégorie des « biocitoyens » qui privilégient le bio, le commerce équitable, la proximité et la naturalité.
Grâce à ses enquêtes et aux milliers de foyers qui scannent tous leurs achats, Kantar a observé que la bûchette affinée retrouve de la croissance, notamment sur les marques nationales. Par exemple, la marque Président est la troisième marque française en termes de pénétration et fréquence d’achat derrière Herta et Fleury-Michon mais devant Coca-Cola qu’elle vient de doubler. La marque Soignon gagne aussi de plus en plus de points de contact et sa bûche crémeuse a par exemple été bien accueillie par les foyers français. Cependant, la part des marques de distributeurs reste importante et capte encore plus de la moitié des tickets de caisse en chèvre.
Des indicateurs économiques dans le vert
La production laitière a repris des couleurs début 2016 puisque la collecte était à + 5,1 % fin avril par rapport à 2015. Ce rebond s’explique notamment par une bonne qualité des fourrages et la tendance à désaisonnaliser la production. Avec un prix du lait qui se maintient (685 €/1 000 l en moyenne en mars) et des coûts de production en baisse de 3 % par rapport à 2015, la situation économique des livreurs s’améliore.
Des volumes à gérer finement pour ne pas dégrader le marché
Par contre, les professionnels s’inquiètent de la hausse des importations. Elles étaient de 94 millions de litres en 2015, soit 51 % de plus qu’en 2014. « Il faut savoir couper les contrats d’importations au bon moment, rappelle Jacky Salingardes. Pour l’instant tout va bien mais je commence à m’inquiéter en voyant que le prix des fromages de chèvres baisse de nouveau sous l’effet des promotions. Il est normal que les usines fonctionnent mais il faut savoir gérer finement les volumes pour ne pas que le marché se dégrade comme lors des dernières crises. »
Les laiteries ont fabriqué 99 000 tonnes de fromages en 2015, soit 7,5 % de plus qu’en 2014. Cependant, cette croissance est essentiellement portée par la production de bûchettes. Le lait de chèvre UHT (12 millions de litres en 2015) et les yaourts au lait de chèvre (8 300 tonnes) connaissent aussi des croissances remarquables, respectivement +9 % et +33 %, mais ces productions ne représentent encore que 4 % du lait transformé par les entreprises.