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« Je dilue les charges en produisant 610 000 litres de lait de chèvre »

Fabrice Redien a simplifié l’alimentation de ses 580 chèvres pour pouvoir produire du lait avec peu de main-d’œuvre.

Installé depuis 2005 à Prahecq, dans les Deux-Sèvres, Fabrice Redien a su faire prospérer l’exploitation laitière, faisant passer le cheptel de 200 à près de 580 chèvres alpines et sa production laitière de 175 000 à 610 000 litres. En 2023, il s’est dégagé 64 400 euros d’EBE et 31 400 euros disponibles pour l’exploitant et l’autofinancement. L’exploitation dispose d’une surface de 51 hectares, dont la moitié est dédiée aux cultures de vente (orge et blé), tandis que l’autre moitié est composée de prairies temporaires et permanentes pour la production de fourrages autoconsommés (ray-grass, trèfle, fétuque).

Une ration constante avec le Verdi

Pour certains, l’optimisation de l’activité passe par la réduction des charges, pour d’autres, il s’agit plutôt de maximiser le produit. Chez Fabrice Redien, l’accent est mis plutôt sur le volume de production et la qualité du lait (livré en lait cru). L’éleveur se dit que « plus il y aura de litres de lait produits dans le bâtiment, plus cela va diluer les charges fixes ». Cette stratégie requiert une alimentation de haute qualité nutritionnelle, tout en veillant à ne pas dépasser un seuil d’achat afin de garantir la rentabilité de l’exploitation. Pour cela, Fabrice Redien achète des cubes de fourrage déshydraté Verdi Cub à Alicoop et en distribue 312 kilos par chèvre et par an. À cela s’ajoutent 332 kilos de concentrés et 544 kilos de matière sèche de foin, enrubannage et foin de luzerne.

L’éleveur de 50 ans est devenu un adepte des Verdi Cub. Depuis qu’il en distribue, il a constaté une amélioration significative de la production laitière. « Il n’y a aucun refus de Verdi à l’auge, j’ai donc une ration de valeur constante sur toute la période de lactation. Avant, en donnant d’abord du bon fourrage puis du moins bon, nous rencontrions des périodes de transition alimentaire pendant lesquelles les chèvres devaient s’adapter. Désormais, nous n’observons plus ces ajustements et la production est globalement linéaire tout au long de la campagne. » Cette ration constante et équilibrée permet à chaque chèvre de produire 1 067 litres de lait livrés en moyenne à l’année.

Rapide à distribuer

« Mon objectif est de ne pas dépasser le kilogramme de foin de luzerne dans la ration car, au-delà, il est impératif d’avoir du très bon fourrage sous peine d’altérer la production. Cette année, par exemple, le foin de luzerne est moins bon, mais comme je ne distribue que 800 grammes, l’effet n’est pas très significatif. Au besoin, je peux ajuster la quantité de Verdi Cub pour compenser. » En plus de ses qualités nutritives, le Verdi Cub est un allié peu chronophage. L’éleveur s’est chronométré : il ne met pas plus de quinze minutes pour distribuer le Verdi, une fois par jour, le matin. Cela permet à la SCEA Élevage de la Forge de ne fonctionner qu’avec un salarié et deux apprentis en plus de Fabrice, son fils.

Adhérent à Capgènes et au contrôle laitier, l’éleveur suit de près les performances génétiques du troupeau. « Tous nos boucs sont issus d’insémination artificielle et de notre propre renouvellement. Parmi nos trente boucs, la moitié sont des jeunes de l’année. Ils sont gardés pour trois ou quatre saillies. Nous suivons la filiation de près en allotant pendant la lutte. Nous mettons un jeune bouc à vingt chevrettes et un bouc plus âgé à trente adultes. »

Des lactations longues pour se simplifier le travail

L’éleveur a passé une partie du troupeau en lactation longue pour réduire la charge de travail au moment des mises bas.

L’exploitation de Fabrice Redien est relativement économe en main-d’œuvre, ce qui contribue au maintien de bonnes performances technico-économiques. Toutefois, la charge de travail par unité de main-d’œuvre demeure élevée, en particulier lors des pics d’activité. « Le premier pic de travail se situe au printemps, moment où les récoltes des fourrages coïncident avec la période de reproduction. Comme nous suivons la filiation, il peut y avoir jusqu’à dix lots à la traite. Enfin, le second moment intense de travail correspond aux mises bas en septembre. » L’éleveur cherche à réduire le temps de travail durant ces périodes tout en maintenant le même niveau de production. En plus du Verdi, l’éleveur a donc passé, dès 2018, environ un tiers du troupeau en lactation longue pour mieux tenir le rythme au moment des mises bas.

Ce changement technique génère davantage de trésorerie sur les mois d’été puisqu’il y a toujours au moins deux cents chèvres de traite. « Avant, il arrivait que nous descendions à soixante-dix chèvres à la traite au moment du tarissement. Économiquement, nous nous y retrouvons sur l’année, il y a moins de pertes de production après les mises bas, et cela nous permet de garder les femelles sur lesquelles nous ne voulons pas faire de sélection, notamment celles qui sont moins bien conformées au niveau des mamelles. »

En réflexion sur un robot

Pour le moment, l’éleveur ne souhaite pas dépasser les deux cents chèvres en lactation longue, car il veut pouvoir assurer correctement le renouvellement du troupeau et avoir de la marge pour choisir ses chevrettes. La main-d’œuvre actuelle suffit pour gérer les mises bas même s’il songe à diminuer la charge de travail, en prévision du départ de son fils, aujourd’hui en alternance sur l’exploitation.

L’exploitant envisage d’automatiser l’alimentation en investissant dans un robot de distribution. Ce dernier offrirait une meilleure maîtrise des quantités distribuées, avec la possibilité de réaliser des économies sur le fourrage et les concentrés. En plus, le temps d’astreinte ainsi dégagé pourrait permettre de suivre l’alimentation avec plus de précision en réalisant des tableaux de suivi, par exemple, et de rester à jour sur d’autres tâches.

Chiffres clés

SCEA Élevage de la Forge

572 chèvres

610 000 litres de lait

2,7 UMO, dont 1,7 salarié

2,33 Smic de revenu par UMO

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