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Éleveur, un métier pas assez attractif ?

Rendre les métiers de l’élevage plus attractif est un enjeu pour renouveler les générations d’éleveur, maintenir la vitalité des territoires ruraux et séduire les consommateurs.

La journée débat sur l’attractivité des métiers de l’élevage organisée par l’Institut de l’Élevage le 17 mai a réuni une centaine de responsables et partenaires des filières d’élevage. © A. Villette
La journée débat sur l’attractivité des métiers de l’élevage organisée par l’Institut de l’Élevage le 17 mai a réuni une centaine de responsables et partenaires des filières d’élevage.
© A. Villette

95 % des professionnels des filières d’élevage estiment que l’attractivité des métiers de l’élevage est un enjeu important pour l’avenir de leurs filières. C’est le résultat d’une enquête réalisée au printemps et présentée aux responsables et partenaires des filières d’élevage lors d’une journée débat organisée par l’Institut de l’Élevage le 17 mai.

« Pourtant, en filière herbivore, il y a tout de même 4 200 installations par an, ce qui est supérieur à la moyenne, tempère Christophe Perrot, de l’Institut de l’Élevage. En élevage caprin notamment, qui se caractérise par des carrières plus courtes et variées, plus de 30 % des exploitations ont connu une installation entre 2000 et 2010. Chez les laitiers, les dynamiques d’installation dépendent fortement des politiques d’entreprises. Chez les fromagers, on est sur des logiques de création d’entreprises plus que de transmission, avec des projets pouvant émerger partout sur le territoire mais avec une plus forte densité en zone d’appellation. »

Monter les différentes facettes du métier

L’attractivité repose sur trois composantes. Il y a d’abord l’image du métier, pour laquelle il faudrait saisir toutes les occasions de communiquer positivement et montrer les différentes facettes du métier. « Nous avons la chance de vivre dans une société qui aime ses agriculteurs mais attention aux discours que l’on tient pour ne pas éroder ce capital sympathie, a mis en garde Joël Mazars, éleveur caprin dans l’Aveyron. Mes parents qui étaient éleveurs m’ont toujours découragé de faire ce métier, se souvient-il. Mais j’étais passionné par l’élevage. » Aux Pays-Bas, le métier d’agriculteur a une très bonne image, grâce à une communication très positive des agriculteurs et de leurs filières. Les responsables syndicaux sont formés à la communication. Une très grande importance est attachée à la communication positive du fait qu’une grande part du volume de production est exportée. Ils communiquent par exemple sur le pâturage même si les animaux passent peu de temps à l’extérieur.

Il y a ensuite les conditions d’exercice, car aujourd’hui, un jeune qui s’installe, même s’il est passionné, va aussi regarder les conditions de vie et de travail. « L’agriculture ne doit plus être un monde à part, assure Joël Mazars, on a les moyens aujourd’hui de vivre comme les autres. J’ai toujours pensé qu’il était essentiel de mutualiser le travail et d’échanger et au fur et à mesure que l’exploitation s’est développée, je me suis très vite posé la question de l’équilibre vie professionnel – vie privée. Aujourd’hui j’ai recours, pour un quart temps au service de remplacement et pour un quart temps à un groupement d’employeurs constitué avec un voisin. Mais pour que ça fonctionne, il ne faut pas considérer le salarié comme de la main-d’œuvre bouche-trou et échanger avec lui. »

Prêts à entrer avec conviction dans notre métier

Le dernier pilier de l’attractivité repose sur les conditions d’accès : formation, financement, foncier… espaces tests agricole, portage de foncier, financement participatif font partie des solutions qui pourraient aider les futurs éleveurs à s’installer. « Les gens qui s’intéressent à nos métiers, il ne faut pas grand-chose pour qu’ils soient rebutés mais il en faudrait encore moins pour qu’ils entrent avec une conviction pleine et entière dans notre métier » a conclu Martial Marguet, président de l’Institut de l’Élevage.

Un problème commun au milieu rural

Les éleveurs ne sont pas les seuls à être confronté à un problème d’attractivité du métier. Les vétérinaires ruraux, par exemple, ont connu une baisse régulière du nombre de praticiens depuis 30 ans, avec pour conséquences des difficultés à transmettre et leur clientèle et à se faire remplacer pour prendre des congés par exemple. Une étude menée sur 1 500 étudiants vétérinaires a montré que les freins principaux sont liés d’une part aux conditions d’exercice ; c'est un travail qui peut être physique, où l’on passe du temps sur la route, confronté à la météo, et où il peut être difficile de se faire accepter de la clientèle d’éleveurs. D’autre part, ce sont les conditions de vie en milieu rural qui rebutent certains candidats : éloignement, isolement, manque d’accès à la culture… L’attractivité du métier reposerait donc pour une part sur une revalorisation de l’image des territoires ruraux et la pérennisation des services de proximité, mais aussi par un meilleur partenariat vétérinaire – éleveur et un meilleur encadrement des jeunes tout au long de leur formation.

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