Dynamisme exceptionnel de l’élevage caprin
Du fait de son taux de remplacement de 106 %, une pyramide des âges équilibrée et une capacité à attirer de nouveaux éleveurs, et notamment des femmes, le monde caprin étonne.

« Au sein des filières d’élevage, le monde caprin est extraordinaire », s’enthousiasme Christophe Perrot du département économie de l’Institut de l’élevage. Avec un taux de remplacement de 106 %, l’élevage caprin fait en effet figure d’exception.
Grâce aux données issues du recensement général agricole (RGA) de 2020 et de la MSA, et au financement de l’Anicap, Christophe Perrot a pu brosser un portrait des élevages, des éleveurs caprins et de leurs transformations sur les 10 dernières années. L’objectif est de mieux comprendre les dynamiques pour anticiper des besoins en renouvellement des générations, formation, identifier des tendances…
« La production laitière caprine est un secteur attractif et abordable, analyse-t-il. Depuis 2010, 54 % des installations sont hors cadre familial, aussi bien dans les exploitations individuelles qu’en Gaec. »
54 % des installations hors cadre familial
Autre point positif, la restructuration caprine a été modérée sur les 10 dernières années, avec une légère réduction du nombre d’exploitations et une stabilité du nombre d’actifs. Les tendances sont différentes si l’on regarde, d’un côté, les livreurs et, de l’autre, les producteurs fermiers. Le nombre de ces derniers a rebondi alors que le secteur laitier se resserre légèrement. Entre 2010 et 2020, l’évolution est ainsi de 2 865 à 3 313 fermiers, et de 3 046 à 2 660 livreurs.
« Au niveau du cheptel, la progression entre 2000 et 2020 fait apparaître des zones homogènes de conditions de production », constate Christophe Perrot.
La taille moyenne des troupeaux livreurs est passée de 224 à 251 chèvres, avec une augmentation de 25 % du volume livré. Les effectifs caprins des fermiers sont stables. Les combinaisons de production (mixité avec vaches allaitantes, vaches laitières, polyculture-élevage…) évoluent peu avec tendance à la spécialisation des fromagers.
31,6 % des éleveurs ont moins de 40 ans
Côté démographie, les éleveurs caprins sont là encore remarquables. Le secteur échappe largement au vieillissement : 43 % des éleveurs ont moins de 50 ans, et seuls 12 % plus de 60 ans, contre 31 % des agriculteurs toutes filières confondues ! « 31,6 % sont âgés de moins de 40 ans, avec peu d’écart hommes-femmes. Il semble y avoir une corrélation entre les secteurs qui remplacent bien les départs, et ceux qui parviennent à attirer les jeunes femmes. Et pour les producteurs fermiers, l’équilibre hommes-femmes entre classes d’âge est parfait, très proche de la population active française. »
Une forte diversité de tailles à l’installation ressort également des données du RGA, un fromager en individuel s’installe en moyenne avec 43 chèvres et 18 hectares, quand un livreur a 123 chèvres et 39 hectares. Les nouveaux fromagers, eux, s’installent plus tard, en 2020, 33 % ont plus de 40 ans et 48 % sont des femmes, contre 29 % des livreurs. Les taux d’accompagnement par la DJA sont proches, 41 % des fromagers et 39 % des livreurs en bénéficient, en incluant les installations à plus de 40 ans, non éligibles. Avec 23 % des nouveaux installés sans diplôme agricole, le besoin de formation et d’accompagnement est important. Le turn-over caprin est à surveiller : 10 % des carrières durent moins de 4 ans, et 25 % moins de 10 ans.
Enfin, la tendance est à confirmer, mais on observe depuis 2019 une sorte de reflux des installations caprines depuis 2019, avec un transfert de la dynamique vers la production ovine laitière.
Création d’emplois chez les fromagers fermiers.
Les fromagers fermiers sont plus nombreux qu’il y a 10 ans et créent plus d’emplois que les autres secteurs agricoles. Entre 2010 et 2020, ils sont passés de 2,2 à 2,35 équivalents temps plein (ETP) par exploitation, soit la création de 600 ETP salariés permanents et une stabilité des salariés occasionnels (y compris en groupements).