Réorientation des aides Pac
Des aides financières pour les chèvres en 2010
Avec une aide de 21 euros par tête de chèvre pour les troupeaux de plus de dix animaux, les éleveurs caprins profiteraient pleinement du rééquilibrage des soutiens financiers de la Pac annoncé par le ministre de l'Agriculture.
« Je ne laisserai pas disparaître la filière ovine et caprine » avait promis le ministre de l'Agriculture Michel Barnier en déplacement mi-janvier en Haute-Loire. Promesse tenue au salon de l'agriculture le 23 février dernier en annonçant les modalités de mise en œuvre du bilan de santé de la politique agricole commune (Pac) en France. En appelant à une « Pac préventive, juste et durable », le ministre a surtout réorienté les soutiens financiers touchés jusqu'à maintenant principalement par le secteur des grandes cultures pour les rééquilibrer avec le secteur de l'élevage qui a connu de grandes difficultés économiques ces dernières années. En tout, 18 % des aides directes reçues par les agriculteurs, soit 1,4 milliards d'euros, seront réaffectés vers l'herbe et les secteurs fragiles à partir de 2010.
En détail, les secteurs ovins et caprins recevront 135 millions d'euros dans le cadre d'une aide couplée qui leur est réservée. Pour le secteur caprin, ce retour des soutiens directes pourrait se situer aux alentours de 21 euros par tête pour les troupeaux de plus de 10 chèvres. De quoi apporter une aide moyenne de près de 3 500 euros par an et par élevage puisque le troupeau moyen français compte 155 chèvres.
Cependant, ce montant de 21 euros par chèvre et par brebis n'est qu'une hypothèse de travail et des groupes de travail se sont mis en place pour étudier le détail des modalités d'attribution.
Les élevages caprins situés en zones défavorisés devraient aussi profiter d'une faible revalorisation de l'ICHN (Indemnité compensatoire de handicap naturel) de l'ordre de 200 euros par hectare. Les annonces de Michel Barnier concernaient également un soutien spécifique aux surfaces en herbe. Cette aide sera distribuée pour un chargement minimum de 0,5 UGB /hectare et elle sera à son maximum pour un seuil de chargement d'au moins 0,8 UGB/hectare sur les 50 premiers hectares. Les premières estimations tablent sur une prime d'environ 75 euros pour les 50 premiers hectares puis d'environ 50 euros au-delà mais rien n'est encore défini.
Un soutien aux surfaces fourragères (autre que l'herbe) pourrait se situer autour de 20 euros par hectares. Le lait de montagne obtient pour sa part 45 millions d'euros dont la forme serait une prime de 0,20 euros par litre de lait. Reste à préciser si les petits ruminants seront concernés.
Les autres aides réaffectées concernent la création d'un fonds sanitaire, la généralisation de l'assurance récolte et des soutiens spécifiques aux protéines végétales et à l'agriculture biologique.
Dans un document paru le 1er avril dernier, le service économique de l'Institut de l'élevage a étudié les incidences de la réorientation des aides Pac sur les systèmes caprins. Il apparaît que les systèmes spécialisés caprins, qui développent de grands troupeaux vont bénéficier à plein de l'effet "prime à l'animal". Ces systèmes ayant peu de surfaces en céréales, l'effet du prélèvement sera limité et les surfaces en herbe seront confortées par le nouveau « DPU herbe ».
Les systèmes spécialisés avec des effectifs plus limités (fromager notamment) seront moins favorisés, à moins d'avoir un système d'alimentation basé sur l'herbe. En revanche, les systèmes pastoraux risquent d'être écartés de ces nouveaux soutiens à cause de la limite de 0,5 UGB par hectare.
Les systèmes caprins associés à des céréales connaîtront un rééquilibrage entre les deux ateliers de l'exploitation. Cette nouvelle donne limitera peut-être l'abandon de la production caprine et pourra inciter à redévelopper des systèmes alimentaires plus autonomes.