Comment limiter les diarrhées des chevrettes ?
Les diarrhées peuvent être mortelles pour les chevrettes. La vétérinaire Claire Marget revient sur les grandes causes de ces pertes et sur les moyens de les éviter.
« Il y a peu de suivi sur la prévalence des maladies des chevrettes », commence Claire Marget, lors des journées nationales des groupements techniques vétérinaires les 15 et 16 mai derniers à Tours. La vétérinaire des Deux-Sèvres rappelle les grandes causes de mortalité des chevrettes de leur naissance à plus de dix jours.
Diarrhée à 24 heures d’âge
À moins de 24 heures d’âge, les chevrettes sont encore très fragiles. Lorsqu’une ou plusieurs chevrettes sont atteintes de diarrhée, il est crucial pour les éleveurs de tenter d’en déterminer la cause pour limiter le risque de mortalité. Afin de vérifier la qualité du colostrum, il est possible d’utiliser un réfractomètre pour s’assurer qu’il atteint au moins 24 % Brix, ou 50 grammes d’immunoglobuline par litre. Il faut rester prudent sur l’organisation pour donner le colostrum, même si elle varie beaucoup selon les régions. « La traite de celles qui ont mis bas la veille, en estimant que le chevreau n’a pas tété, va servir à nourrir ceux qui naissent très tôt avant la traite. Il faut donc au moins trois tétées dans la journée, pour ne pas donner le colostrum trop tard. Après 12 heures, il est trop tard. »
La vétérinaire conseille également de tester le plus possible le colostrum, chèvre par chèvre, et de le sélectionner uniquement lorsqu’il est au-dessus de 20 % Brix. Il peut être conservé trois à quatre jours au frais si besoin. Sur les primipares, le volume peut être moins important mais la concentration devrait être la même.
Faut-il procurer des soins différents entre les mâles et les femelles ? S’il peut être tentant de laisser les mâles sous les mères, ils représentent autant de risques sanitaires que les chevrettes, notamment pour la transmission du Caev. « C’est une bombe de laisser les mâles dont on ne s’occupe pas sous les mères, même trois jours. Les éleveurs qui sèvrent les chevreaux comme les chevrettes constatent avoir moins de problèmes. » Le fait de les séparer en donnant du colostrum non thermisé ne présente pas de grand intérêt. « Les mélanges de colostrum non thermisé ont fait exploser la prévalence du Caev en élevage caprin. » Autre pratique à risque : utiliser du lait de mélange thermisé pendant huit jours. « Quitte à faire un traitement thermique, autant faire bouillir pour avoir une meilleure pasteurisation. »
Diarrhée entre trois et cinq jours
Si la diarrhée est d’origine alimentaire, il faut se pencher sur la distribution. L’utilisation d’une louve implique de vérifier que la poudre de lait est à la bonne concentration et à la bonne température (38-40 °C). « Avec la longueur des tuyaux, on constate souvent que le lait arrive plutôt à 27 °C. »
Pour y remédier, il est possible d’isoler les tuyaux avec du polystyrène, de rapprocher les chevreaux, ou encore d’augmenter la température, jusqu’à 55 °C, si les chevreaux sont éloignés. « On conseille en général une longueur de deux mètres, mais c’est très variable selon les élevages, selon si la louve est réglée pour quarante ou dix chevreaux par exemple ». Il faut également être vigilant au débit et à ce que la zone ne soit pas trop humide. Pour nettoyer, il est conseillé de faire tremper le matériel, surtout les tétines, dans du produit désinfectant au moins une fois par période de mise bas.
« Il n’y a pas de poudre supérieure à une autre, chacune a ses avantages, ses inconvénients et ses caractéristiques à connaître. On peut avoir de bons résultats avec tout type de poudre de lait. » Un point d’attention est à marquer sur le mode de distribution. « Le lactosérum est digéré très vite, donc s’il est distribué avec un seau une fois par jour, le chevreau meurt de faim. Le lactosérum est plutôt adapté pour la louve pour qu’ils puissent y aller à volonté. » De façon moins fréquente, les diarrhées peuvent être causées par l’ingestion d’une poudre de lait périmée ou conservée dans de mauvaises conditions, comme dans une cave humide.
La hauteur de buvée joue également un rôle dans la digestibilité, il est préférable que le chevreau boive la tête en haut. « En résumé, la qualité d’administration compte plus que la composition de la poudre de lait. » Enfin, une mauvaise qualité de l’eau peut également être à l’origine de diarrhée. Il est conseillé d’analyser l’eau une fois par an pour identifier si la détérioration provient du réseau, du forage ou des tuyaux.
Diarrhée à dix jours
Les diarrhées à dix jours sont souvent causées par une infection à la cryptosporidiose. « Dans ce cas, on conseille aux éleveurs : de l’hygiène, de l’hygiène, de l’hygiène, et traiter les malades. » En effet, la contamination entre les lots est très fréquente. La meilleure solution est apportée par la propreté et l’organisation. « Il faut au moins nettoyer et désinfecter les petites cases des premiers jours en profondeur, et avec séchage ! Tant le sol, que les barrières, les murs, les abreuvoirs, tout ! En caprin, l’éleveur doit être propre, rien dans les poches, changer de cotte… Car beaucoup de transmissions viennent de là. »
La température du bâtiment est un point clé pendant les mises bas. Pour un chevreau de 48 heures, la température idéale est de 12 à 15 °C. Il est intéressant d’observer le positionnement des chevreaux, car s’ils sont tous regroupés, ils ont sûrement froid. Les grosses variations de température sont néfastes. Enfin, dès les premiers jours, les chevreaux doivent avoir accès à une alimentation solide : des granulés, de la paille, et de l’eau à profusion.
Le saviez-vous
Connaître sa poudre de lait
Il existe différents types de poudre de lait, selon la composition : lactosérum ou lait écrémé. Une poudre de lait avec un bon taux de protéines et un ratio de protéines sur gras d’un demi ou d’un tiers permet de limiter les diarrhées. Une grande diversité de matières grasses végétales augmente également la digestibilité du lait.