Vous avez dit " biosécurité " ?
La visite sanitaire annuelle dans les élevages bovins porte sur la biosécurité dans les exploitations. Bof ! Il s'agit entre autres choses d'envisager comment empêcher les maladies de rentrer dans votre exploitation et de la quitter ensuite pour filer ailleurs. Et entre les deux, d'empêcher qu'elle circule dans vos différents ateliers ou dans vos différents lots.
Nous voilà au printemps avec quelques naissances encore. Rien de mieux que de permettre aux vaches suitées d'aller dehors dans la journée et de rentrer la nuit quand le mercure descend trop bas. Bonne idée ! Pour rendre la chose possible, elles sont donc déplacées au bout d'un bâtiment, juste à côté de quelques adolescents du troupeau laitier.
Un de leurs jeunes veaux meurt après une courte phase de détresse respiratoire. Le lendemain, en voilà un autre très mal en point et un troisième en prend le chemin mais court encore. Le deuxième ne tarde pas à mourir. Les deux cadavres révèlent la même chose : c'est un virus respiratoire qui a fait le coup, mais ce qui ressemble à une mort brutale ne l'est pas vraiment puisque les premières lésions pulmonaires ont démarré trois jours au moins avant la mort. Le troisième meurt aussi avec les mêmes lésions mais un écouvillon nasal nous permettra de débusquer du virus RS. Tiens donc…
Rencontres inopportunes entre lots de statuts immunitaires différents
Et qui aurait pu coller le virus RS à cette petite bande de veaux ? Probablement pas leurs mères, trop âgées pour ça. Pas non plus les oiseaux du ciel ou la faune sauvage mais bien des adolescents qui ont connu cet hiver cette maladie et qui, aujourd'hui parfaitement guéris, excrètent de nouveau le virus de l'autre côté de la barrière. Et comme le colostrum des mères n'apporte pas ce type d'anticorps, les veaux naïfs déclenchent la maladie.
Voilà comment la mise en contact de lots d'animaux de statuts immunitaires différents crée des rencontres inopportunes, et comment des virus, profitant de l'occasion, déclenchent une épidémie mortelle. En matière de biosécurité… vous y voyez plus clair ?