« On vit dans la crainte du loup »
« Le 19 septembre 2022, j’ai perdu un jeune veau et une vache. Mon veau a été mangé à 80 %. Il ne restait que la tête et les pattes. La vache, quant à elle, est morte des suites d’une chute dans un trou dans lequel les animaux n’ont pas l’habitude de passer. J’ai mis une semaine à réapprivoiser le restant du troupeau, effrayé par cette attaque. J’ai appris plus tard, que ma voisine, éleveuse d’ovins, avait cette même nuit retrouvé son troupeau en panique, caché dans des ronces, après s’être échappé des filets qui le contenaient. Alors que ses bêtes, gardées par un chien de protection, ne sont pas apeurées par un chien de chasse.
C’est le second veau que je perds ainsi. Si tous les signes du loup sont là, les preuves ne sont pas suffisantes pour l’État. Après la venue d’un agent de l’office français de la biodiversité (OFB) pour prendre deux photos du veau mort, j’ai reçu un courrier m’informant que les éléments recueillis sur le terrain ne permettaient pas d’étayer une prédation du loup, alors même que nous nous situons dans une commune classée en cercle 2 (1). On recense de plus en plus d’attaques sur les veaux dans le département.
Pour les éviter, il ne faudrait plus faire vêler les vaches dehors. Rentrer les animaux tous les soirs. Or cette perspective complique notre travail, d’autant plus que sur l’exploitation nous sommes en vêlages toute l’année. Cela engendre par ailleurs des coûts supplémentaires. C’est une contrainte de plus pour nous, éleveurs, sans parler du traumatisme de retrouver une bête dévorée de cette manière. On ne se sent pas soutenus par l’État. On n’est pas sereins. On vit avec une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, on ne sait jamais, avant d’aller voir nos troupeaux, si une nouvelle attaque a eu lieu. Quel avenir pour les jeunes installés ? »