Vêlage : quels usages possibles des médecines complémentaires ?
Cyrielle Corbier, vétérinaire conseil pour Littoral normand, liste les usages possibles des médecines complémentaires autour du moment clé que constitue le vêlage. Cela va de la gestion du stress aux soins de suites du vêlage.
Cyrielle Corbier, vétérinaire conseil pour Littoral normand, liste les usages possibles des médecines complémentaires autour du moment clé que constitue le vêlage. Cela va de la gestion du stress aux soins de suites du vêlage.
Autour du vêlage, la première indication de l’usage des médecines complémentaires est la gestion du stress. La vache n’aime pas se sentir isolée dans une case de vêlage, la primipare se demande ce qui lui arrive… "L’augmentation du cortisol (hormone de stress secrétée par les glandes surrénales) a des effets sur la fréquence et la force des contractions utérines, qui sont moins efficaces, et des effets sur la maturation du col dont la dilatation est retardée", explique Cyrielle Corbier, vétérinaire conseil pour Littoral Normand (organisme de conseil du réseau France Conseil élevage). "Et un vêlage qui traîne présente des risques pour le veau."
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En aromathérapie, de nombreuses huiles essentielles ont des propriétés apaisantes. La plus souvent utilisée est l’huile essentielle de lavande vraie ou lavande fine. "On peut aussi utiliser l’huile essentielle de petit grain bigarade ou de marjolaine à coquilles ou encore de camomille noble ou romaine. L’ambiance sera beaucoup plus sereine autour du vêlage." Les huiles essentielles sont à appliquer sur des diffuseurs passifs installés autour de la case de vêlage. Les mêmes huiles essentielles s’utilisent d’ailleurs aussi bien dans tous les moments où les animaux sont perturbés, comme les opérations de contention, les allotements…
"On parle ici de vêlages qui se passent dans de bonnes conditions, précise Cyrielle Corbier. Tout vêlage dystocique nécessite votre intervention ou celle du vétérinaire."
Gestion du stress, aide à la mise bas et réanimation du veau
Les médecines complémentaires peuvent apporter une aide pour la mise bas et la réanimation du veau. En homéopathie, il existe des solutions prêtes à l’emploi qui contiennent différents remèdes. On y trouve notamment Gelsemium pour baisser le stress, mais aussi Caulophyllum et Actea racemosa qui visent pour leur part l’appareil reproducteur en agissant sur la contraction utérine et sur la maturation du col. "On peut y penser quand un vêlage a tendance à traîner, notamment avec une primipare, ou quand une torsion utérine a pu être défaite pour que le vêlage redémarre."
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En acupuncture, plusieurs points sont indiqués pour favoriser l’avancement du vêlage. "On peut stimuler le point VG2bis (au niveau du sacrum) qui aide à la bascule du bassin. Le point V60 (à hauteur du jarret) aide à l’ouverture du col, et VG14 (entre les omoplates) a une action sur la régulation des contractions."
Une fois le veau né, pour le réanimer, il est possible d’utiliser des complexes d’aromathérapie du commerce contenant plusieurs huiles essentielles. Ravintsara a une action sur la tonicité et la stimulation de l’immunité. L’huile essentielle d’eucalyptus globuleux a un effet d’expectoration sur la fonction respiratoire, et le cyprès toujours vert est drainant et fluidifiant. En acupuncture ou acupression, on peut agir à ce stade sur le point VC1 (au niveau du périnée) qui aide lui aussi à expectorer, et sur le point VG26 (au niveau du mufle) pour stimuler l’inspiration par le veau.
Les soins post-vêlage pour la vache et pour le veau
Les médecines complémentaires se révèlent également utiles pour les soins post-vêlage. Même si le vêlage s’est "bien passé", sans intervention, on sait qu’il reste des stigmates comme l’œdème de la vulve, des signes d’hématomes. On peut utiliser le très célèbre Arnica en homéopathie pour la mère et aussi pour le veau. En particulier si ce dernier a des hématomes au niveau du crâne ou des premières cervicales, ce qui se traduit par une tête un peu déformée ou la langue qui pend. Il existe là encore dans le commerce des complexes avec Arnica et d’autres remèdes agissant sur l’inflammation ou sur la douleur neurologique.
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On peut d’autre part faire appel à un ostéopathe si la vache souffre de points de compression au niveau du bassin et qu’elle a des difficultés pour se relever, et aussi si le veau a du mal à téter. "Les compressions au niveau du crâne et des premières cervicales peuvent venir comprimer un nerf qui guide le réflexe de succion."
Pour soigner des microdéchirures au niveau de la sphère vaginale, en évitant l’infection et favorisant la cicatrisation, on peut faire appel à la phytothérapie. Il existe par exemple des solutions contenant de la calendula possédant ces propriétés.
Pour les soins du cordon, des solutions prêtes à l’emploi en aromathérapie se trouvent sur le marché. Elles contiennent plusieurs huiles essentielles ayant des propriétés anti-infectieuses comme le tea tree ou le romarin et peuvent être associées à d’autres favorisant l’assèchement plus rapide du cordon telle que l’huile essentielle de lavandin.
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En cas de non-délivrance, on a beaucoup de pistes. L’homéopathie, de la même façon que pendant le vêlage, peut être utilisée pour agir sur la contraction de l’utérus, la dilatation du col ainsi que la lutte contre le développement de l’infection. En phytothérapie, on a les feuilles de framboisier qui ont une action bien connue sur la tonicité de l’utérus. L’huile essentielle de palmarosa est elle aussi assez connue pour cette indication car elle combine une action anti-infectieuse et une action sur les contractions. On la retrouve d’ailleurs dans des complexes pour suites de vêlages. Enfin en acupuncture, on peut cibler les mêmes points que pendant le vêlage (bascule du bassin, contractions utérines et ouverture du col).