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Monter son bâtiment d´élevage
Une solution séduisante sous certaines conditions

Opter pour l´autoconstruction est une solution intéressante pour réduire le montant de l´investissement. Mais qui ne doit pas se traduire par une pénalisation des résultats techniques de l´exploitation.


Pour un éleveur, l´idée d´accroître sa part d´autoconstruction dans la réalisation d´un bâtiment d´élevage est a priori séduisante pour en réduire le coût. « Sur les postes charpentes (métallique ou bois), maçonnerie et électricité, on arrive grosso modo à réaliser 30 % d´économie en procédant soi-même au montage », souligne Éric Foret, spécialiste bâtiment au Gescsel, une organisation de producteurs de Saône-et-Loire. Mais outre ces perspectives alléchantes, tous les techniciens ne manquent pas de faire les mises en garde de rigueur. Certes, sur certains postes, l´autoconstruction peut être une solution pour réduire les coûts. Mais elle doit être envisagée avec prudence à la fois en tenant compte de son temps disponible mais aussi en prenant du recul pour ne pas surestimer ses compétences.
« A chacun son métier. On n´est pas maçon même si on sait manier le béton. Les gens dont le métier est de construire ont des automatismes et un savoir-faire que ne peut pas avoir un éleveur. »
Louer un engin de levage adéquat permet de travailler avec le maximum de sécurité, mais aussi dans de bonnes conditions. ©S. Leitenberger

Évaluer le temps nécessaire pour les travaux
Quand on se lance dans l´autoconstruction, il faut être conscient de ses limites. Les anecdotes relatant les mésaventures d´éleveurs qui ont surestimé leur capacité et ont mis en péril leur exploitation sont malheureusement trop nombreuses.
Les résultats technico-économiques peuvent en effet parfois souffrir pendant plusieurs campagnes d´un chef d´exploitation trop absorbé par son chantier à des moments clefs des travaux agricoles. La sous-estimation du temps nécessaire ou l´accumulation de petits retards de chantier sont souvent à l´origine d´une dégradation des résultats technico-économiques de l´élevage. Le travail de construction que les éleveurs avaient prévu de réaliser durant une période calme se retrouve alors en pleine période de fenaison ou de moisson, et risque de compromettre les performances techniques de la campagne à venir.

« C´est une évidence. Quand l´exploitant fait de la construction, son travail d´éleveur n´avance pas. Le risque est donc que l´argent gagné d´un côté grâce à l´autoconstruction soit perdu de l´autre par un travail quotidien bâclé de l´élevage. Mais il faut cependant reconnaître que la plupart des éleveurs préparent bien leur projet », précise Marc Tollot, conseiller bâtiments à la Chambre d´agriculture de la Nièvre. Ce dernier précise par ailleurs que le fait de maximiser l´autoconstruction est une solution intéressante pour des structures de dimensions modestes où il y a des opportunités en matière de main-d´oeuvre. Cela peut alors permettre de diminuer de près de moitié le coût à l´animal logé comparativement aux normes usuelles, pour peu que les éleveurs soient adroits de leurs mains.
Attention au respect de normes bien précises
Mais la part de l´autoconstruction dans un bâtiment n´est le plus souvent que partielle. De plus, « dans la grande majorité des situations, l´autoconstruction est vivement déconseillée pour toutes les tâches impliquant le respect de normes précises. Cela concerne tout particulièrement les postes suivants : fondations (résistance du sol), massif en béton armé (garantie sur charpente), murs de soutènement (danger d´écroulement), dallage (résistance à la charge de roulement), charpente et couverture (normes DTU), mais aussi électricité », souligne une brochure sur les bâtiments d´élevage allaitant réalisée par différents organismes techniques de la région Bourgogne.
« En Saône-et-Loire, certains éleveurs font un peu de terrassement si le terrain est relativement plat mais plus généralement, ils ne font que participer au terrassement en venant en appui à un entrepreneur pour déplacer la terre », souligne Éric Forret. La pose de la charpente, de la couverture et le bardage des pignons relèvent ensuite le plus souvent de l´entreprise tandis que les éleveurs se réservent le bardage des longs pans. « Près de 70 % des éleveurs réalisent ensuite la maçonnerie avec un fort taux de recours à l´entraide entre voisins ou en famille. Pour ce qui concerne la pose des aménagements intérieurs - barrières, cornadis, abreuvoirs. - le recours à l´autoconstruction avoisine alors les 90 %. »
Pour en savoir plus
Voir dossier de Réussir Bovins Viande d´avril 2005 : « Construire soi-même exige du temps et du talent ». La revue explique que moyennant du temps, de la main d´oeuvre disponible et des talents de bricoleur, l´autoconstruction permet de faire des économies substantielles. Mais attention à ne pas pénaliser les résultats techniques de l´exploitation en étant trop absorbé par le chantier. (R. B. V. nº115, 16 pages)

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