Une part croissante des cheptels est détenue par les plus de 50 ans
Les élevages allaitants sont particulièrement concernés par une évolution à double sens : une baisse de la part des chefs d’exploitations de moins de 40 ans dans les élevages français, et une croissance dangereuse de celle des plus de 50 ans.
Les élevages allaitants sont particulièrement concernés par une évolution à double sens : une baisse de la part des chefs d’exploitations de moins de 40 ans dans les élevages français, et une croissance dangereuse de celle des plus de 50 ans.
Le nombre d’installations dans les exploitations d’élevage est en baisse sensible. Elles sont surtout loin de compenser les départs en retraite. Ce phénomène est particulièrement net pour les élevages de ruminants. « Entre 2000 et 2010 il y avait une moyenne de 4 200 installations par an avec un élevage d’herbivores. Ce chiffre était plus proche de 3 100 sur la période 2010-2013 », expliquait Christophe Perrot, chargé de mission Économie et territoires à l’Institut de l’élevage, à l’occasion d’un colloque sur l’installation et la transmission organisé à l’initiative de l’Association française de zootechnie. Les systèmes de production incluant un troupeau de bovins allaitants sont très concernés par cette évolution. On comptabilise actuellement moins d’une installation pour trois départs en retraite. La situation était très différente au début des années 2000. Entre 1998 et 2003, 35 % des cheptels de plus de 20 vaches allaitantes appartenaient à des éleveurs de moins de 40 ans. Cette proportion est passée à 20 % en 2013.
La part croissante des plus de cinquante ans
Cela a bien entendu un impact important sur l’âge des détenteurs de ces cheptels. En 2013, 45 % des vaches allaitantes françaises appartenaient à des éleveurs âgés de plus de 50 ans. Cette proportion a encore progressé depuis avec forcément certaines nuances selon les départements où sont élevés ces animaux. Ces évolutions statistiques sont préoccupantes. Elles traduisent le manque d’attractivité des métiers liés à l’élevage. « Les élevages bovins viande sont ceux où la problématique du renouvellement des générations d’éleveurs est la plus aiguë. » Ce recul du nombre d’installations est très lié à « l’intensité capitalistique » que nécessite ces élevages comparativement à d’autres secteurs de production, associé à la trop faible rentabilité de ce capital, laquelle s’est encore dégradée ces trois dernières années. « D’après les données du Réseau d’information comptable agricole 2007-2013, pour dégager 1000 € d’EBE, il fallait en moyenne 2 000 € d’actif immobilisé hors foncier en grandes cultures, 2 400 € en volailles, 3 400 € en lait ou porcs et 4 700 € en bovins viande », précisait Christophe Perrot. L’importance de ce capital et surtout sa trop faible rentabilité sont le principal frein à l’installation et dans le contexte actuel ils hypothèquent surtout les velléités d’installations hors cadre familial. Une situation à terme dangereuse dans la mesure où ce recul du nombre d’installations aura ensuite forcément un impact sur la dynamique des territoires ruraux et en particulier dans ceux où l’élevage allaitant est encore l’un des principaux socles de l’activité économique.
Les élevages allaitants sont de dimension toujours plus importante et cette tendance fait qu’ils sont et seront aussi forcément toujours plus difficiles à transmettre. Quel futur envisager pour ces élevages dans ces conditions ? Christophe Perrot a évoqué un scénario « à l’anglaise », lequel correspondrait à ce qui se passe actuellement chez nos voisins d’Outre-Manche. Il se traduit par des éleveurs qui vieillissent mais peinent à transmettre leur outil de production. « Ils investissent peu, simplifient les conduites d’élevage, extensifient leur système de production et tendent à privilégier le naissage. » C’est d’ailleurs une tendance que l’on commence actuellement à percevoir dans certains élevages. L’une des limites à ce scénario est la difficulté pour trouver des salariés compétents associés à la difficulté de dégager suffisamment de revenus pour rétribuer ces mêmes salariés.
Pour remédier à ces sombres évolutions, favoriser au contraires les reprises et inciter les jeunes et en particulier les « hors cadres familiaux » à s’intéresser aux métiers de l’élevage, la Confédération nationale de l’élevage a mis en ligne un site (devenir-eleveur.com), lequel vise à informer sur le métier et à susciter de nouvelles vocations. Il est présenté comme « le site de référence pour susciter des vocations et échanger sur un métier offrant de nombreuses opportunités ».