Une assurance nécessaire pour de forts impacts climatiques
Estimer l’exposition et la sensibilité de la production d’herbe des élevages bovins viande aux aléas climatiques sera nécessaire, si la mise en place de l’assurance récolte devient effective.

L’herbe représente une part importante dans l’alimentation des troupeaux allaitants. Sa production, assez dépendante des aléas climatiques, peut accroître la fragilité économique des élevages. « En parallèle, l’État envisage de remplacer l’actuel fonds d’indemnisation des éleveurs en cas de production fourragère catastrophique, par une subvention sur des assurances prairies privées. Dans ce cas, les éleveurs auront à choisir le nombre d’hectares à assurer, le niveau de variation de rendement d’herbe et la valeur de la prairie. Il est ainsi essentiel de disposer de connaissances sur la sensibilité des systèmes d’élevage aux aléas », explique Claire Mosnier de l’Inra de Saint-Genès Champanelle (Puy-de-Dôme).
Quantifier l’impact des variations de production
L’étude menée par l’Inra et l’Institut de l’élevage dans le cadre du RMT systèmes allaitants, fourrages et environnement, avait deux objectifs : quantifier l’impact des variations de production d’herbe sur les résultats économiques des exploitations et analyser si les exploitations ayant des cultures fourragères, telles que le maïs, ou qui pratiquent l’ensilage et/ou l’enrubannage d’herbe ont des résultats économiques moins variables que les exploitations ayant un système fourrager tout herbe et ne récoltant que du foin. « En effet, la diversification du système fourrager et des modes de récolte permet en théorie, à la fois de diminuer l’exposition au risque et d’augmenter la flexibilité du système limitant les conséquences défavorables d’un aléa. »
Pour répondre à ces deux questions, l’analyse a porté sur un large panel d’exploitations spécialisées dans la production d’animaux maigres, issues de la base de données des réseaux d’élevages sur la période 2000-2009. Les résultats technico-économiques de 1 535 élevages ont été comparés.
Un impact significatif au-delà de 20 % de perte d’herbe
Les résultats montrent que pour des aléas faiblement négatifs, les exploitations présentent une bonne résilience. Les stocks font tampon. Des baisses supérieures à 20 % en termes de récolte d’herbe entraînent par contre des pertes économiques hors aides importantes. « Dans ce dernier cas, les éleveurs ont alors recours à des aliments de substitution et/ou à la diminution de la production de viande. Au-delà de ce seuil, disposer d’une épargne suffisante, d’une assurance ou de marges de sécurité supérieures, apparaît nécessaire face aux aléas », note Claire Mosnier.
D’autre part, la diversification des systèmes fourragers n’est pas suffisante pour diminuer la sensibilité aux aléas. « Il n’est pas ressorti clairement que les systèmes avec cultures fourragères ou ayant opté pour des techniques de récolte et de conservation plus souples telles que l’ensilage ou l’enrubannage, réduisent l’exposition des éleveurs au risque climatique », conclut cette dernière.