Un trou dans l'utérus, malgré des symptômes discrets
Il faut savoir écouter la petite voix, celle qui dit que décidément cela ne se passe pas comme d’habitude et qu’il y a un problème qui pourrait être sérieux. Cette génisse a beau être assez bien préparée, elle a fait comme toutes les autres qui ont nécessité un coup de main pour vêler. Et à cette saison où les jours et les nuits sont entrecoupées par la surveillance des vêlages et les veaux à mettre au pis, il faut en finir, même quand la génisse aurait bien attendu encore un peu. Le veau n’a pas de souci, mais sa mère au bout de quelques heures s’en occupe assez peu et devient indifférente. Le temps passe, la nuit aussi, et le lendemain elle ne se nourrit plus du tout et la voilà ballonnée à gauche. Décidément, il y a quelque chose qui cloche là-dedans.
Des signes d’alerte
Lorsqu’une vache ne mange pas et qu’elle est ballonnée le lendemain du vêlage, c’est qu’elle a un trou dans l’utérus. Il est là, juste en arrière du col et sur la gauche. J’y passe la main, le bras… La vache est dans un inconfort manifeste, elle n’a pas de fièvre et c’est tant mieux. Plus d’une heure plus tard, non sans mal et à tâtons, le trou est refermé et l’abdomen lavé. Je quitte l’exploitation, perplexe, avec en tête l’histoire d’un éleveur qui, tout juste quelques heures après un vêlage, avait repéré que sa vache était victime d’une petite perforation utérine à ce qu’elle s’occupait moins bien de son veau, qu’elle n’était pas tentée par la nourriture et qu’elle avait émis une plainte discrète, une seule, après qu’elle se soit levée et qu’elle ait fait quelques pas. Malgré un examen approfondi par voie vaginale et rectale de tout ce qui se trouvait à portée de mon bras, et sans avoir rien trouvé, sa certitude était restée intacte et telle que j’avais conclu : « si tu es sûr qu’elle n’est pas dans son assiette, alors je suis sûr qu’on va y aller regarder ». Un coup de pied du veau au moment de l’extraction avait en effet perforé l’utérus et poussé une caroncule cotylédonaire du côté intestinal.