Un travail en binôme qui ne s’improvise pas !
Suivre un parcours de formation avec son chien, c’est se donner les moyens de le rendre opérationnel pour accomplir les tâches au quotidien avec efficacité et en toute sécurité.
Suivre un parcours de formation avec son chien, c’est se donner les moyens de le rendre opérationnel pour accomplir les tâches au quotidien avec efficacité et en toute sécurité.
Le dressage est une étape incontournable pour faire de son chien un véritable partenaire de travail. À cet effet, l’Institut de l’élevage a conçu un parcours de formation pour maître et chien qui comprend trois niveaux : initiation, perfectionnement et approfondissement, animés par un formateur de son réseau. Les deux premiers volets, nommés « éducation et dressage du chien de troupeau », sont organisés par des chambres d’agriculture, des associations d'éleveurs, des syndicats.... en fonction du département. Le troisième, « comprendre son troupeau pour travailler en sécurité avec son chien », est dispensé par la MSA.
La formation initiation se déroule sur trois ou quatre jours, chacun d’entre eux espacé de quatre à six semaines pour laisser au chien et à son maître le temps de progresser entre chaque session. Ce premier stage permet d’inculquer au chien les ordres de base (assis, couché, stop, marcher en laisse, répondre à son nom…) et de le mettre en contact avec les animaux (ovins et/ou bovins et/ou caprins) afin qu'il se déclare, c'est-à-dire qu'il manifeste un fort intérêt pour le troupeau, et tout ceci dans un contexte favorable et en sécurité.
« Il y a une chronologie à respecter dans l’éducation et le dressage. Elle commence avec le naisseur, qui doit s’investir dans l’éveil du chiot, et se poursuit avec le maître. Durant le dressage, l’animal ne doit connaître qu’un seul maître. Il faut avant tout créer une relation maître-chien, le sociabiliser. L’erreur est de le mettre trop tôt en présence des animaux, et à plus forte raison avec des vaches allaitantes. Il faut attendre au moins les 6 mois d'âge du chien, et qu’il ait les capacités physiques pour doubler les bêtes, avant de débuter la phase de dressage avec le troupeau. Si la première prise de contact est trop précoce, le jeune chien n’aura pas la maturité physique ou mentale de s’imposer. Il est nécessaire de trouver un équilibre entre le chien, le bovin et l’humain. Au départ, il faut garder le chien pour les tâches faciles et le mettre en présence d’un lot d’animaux dociles, et ne surtout pas commencer avec des vaches suitées ! », insiste Gaëtan Lefeuvre, formateur agréé par l’Institut de l’élevage et éleveur bovins et ovins viande en Loire-Atlantique.
Prendre son temps
Le chien apprend alors à encercler les animaux, le positionnement à midi, autrement dit aller se mettre à l’opposé du maître pour arrêter la fuite… il faut lui consacrer du temps et de manière régulière. « Si vous n’êtes pas d’humeur, mieux vaut remettre la leçon à plus tard. »
« Chaque séance est organisée chez un adhérent différent. Lorsque le chien a environ 2 ans, une formation perfectionnement de trois jours est proposée. Elle a pour but d’acquérir une meilleure technicité, permettant d’accéder à des tâches plus difficiles comme le chargement de bêtes dans une bétaillère ou le tri des animaux au milieu d’un pré », observe Alexis Claisse, administrateur de l’Association des utilisateurs de chiens de troupeau de Loire-Atlantique (AuCT 44), et éleveur de bovins.
Le chien de travail dépense beaucoup d’énergie, on peut le comparer à un sprinter. Il doit donc être nourri en conséquence pour pouvoir répondre aux sollicitations. Le sanitaire (vermifugation, vaccination…) est un second point essentiel pour garantir toute son efficacité. « Ce n’est pas la peine d’envoyer un chien affaibli physiquement au travail », avertit Gaëtan Lefeuvre.
Une meilleure docilité du troupeau
« Le chien de troupeau représente l’un des trois piliers — avec le renforcement de la compétence des éleveurs par la formation, et le travail en partenariats avec fournisseurs et conseillers bâtiments commercialisant le matériel de contention — pour une prévention des risques liés à la manipulation des bovins. Dans les régions d’élevages, 40 à 45 % des accidents chez les exploitants sont occasionnés par des animaux d’élevage et majoritairement des bovins. Or, on s’est rendu compte que les éleveurs, aidés d’un chien de conduite sur l’exploitation, étaient moins exposés aux risques (entorses, coups de pied…). C’est pourquoi, nous encourageons les programmes de formation pour leur apprendre à mieux dresser et utiliser leurs chiens de troupeaux, et nous proposons le stage ''comprendre son troupeau pour travailler en sécurité avec son chien'' », souligne Denis Beauchet, conseiller en prévention à la MSA Auvergne. Le stage vise à rétablir des relations de confiance entre l’homme et le bovin. On y apprend par exemple à mieux connaître les perceptions sensorielles du bovin, à analyser la structure du troupeau… La participation à ce dernier module implique d’avoir un chien aux ordres. « On dresse d’abord le chien puis on éduque les vaches au chien. Ce dernier est un réel atout pour compenser le manque de main-d’œuvre. Il assure une fonction d’approche des animaux et contribue au dressage des bovins qui se soumettent à lui. Avec le chien, on a un prolongement de la domestication. Il impacte positivement la docilité du troupeau », ajoute le conseiller en prévention. Cette formation est prise en charge par la MSA, dure trois jours et laisse une place importante à la pratique, comme les deux premières. « Elle a été mise en place il y a près de quinze ans, a été récemment actualisée et est en train de se développer dans toute la France. L’objectif est bien de former sur l’exploitation agricole un triptyque gagnant, c’est-à-dire un éleveur qui connaît bien ses animaux, un chien bien maîtrisé qui respecte les animaux et un troupeau en confiance qui accepte le chien. Pour plus de bien-être au quotidien », explique Barbara Ducreux, animatrice du réseau des formateurs à l’Institut de l’élevage.
Préparer la relève
« Il est parfois plus difficile de former un second chien. On parle d’ailleurs du syndrome du deuxième chien qui n’aura pas forcément le même comportement que le précédent auquel on était habitué. C’est pourquoi il peut être intéressant de suivre à nouveau une formation. Il faut raisonner le renouvellement de son chien comme celui du troupeau. Ce n’est pas quand la vache monte dans le camion qu’on achète une génisse. Un chien est au top à 4 ou 5 ans. On compte environ trois ans entre l’acquisition d’un chien et son utilisation au quotidien, pour une retraite autour de 10 - 12 ans. Il faut donc en prendre un second dès que le premier a environ 5 ans », remarque Gaëtan Lefeuvre.
Formations
« On compte 1 500 éleveurs formés chaque année par notre réseau de quinze formateurs agréés, quatorze en métropole et un sur l’île de la Réunion. Le nombre d’agriculteurs formés reste plutôt stable d’une année sur l’autre. Les éleveurs bovins se mettent de plus en plus à avoir recours aux services d’un chien de conduite et donc à suivre les formations. Même s’il reste encore quelques a priori là-dessus, le chien n’est pas réservé qu’aux troupeaux ovins ou aux vaches laitières ! », souligne Barbara Ducreux, animatrice du réseau des formateurs à l’Institut de l’élevage.
Retrouvez les coordonnées des interlocuteurs de votre département pour les formations, ainsi que de plus amples conseils techniques sur le site de l’Institut de l’élevage : www.idele.fr, recherche sur mot-clé chien.