Ensilage
Semer des céréales pour couvrir son silo
Des techniques alternatives pour permettre aux éleveurs de ne plus couvrir leurs silos de maïs à l’aide de bâches et de pneus sont à l’étude. Zoom sur le semis de céréales pour couvrir son silo.
LES PLUS ■ Gain de temps et de pénibilité ■ Méthode peu onéreuse ■ Pas de risques de corps étrangers ■ Bonne intégration paysagère ■ Pas de déchets (bâche, pneus) ■ Pas de baisse de performance des animaux (lait) LES MOINS ■ Pertes : environ 10 à 15 cm sur le haut du silo ■ Réserver cette technique à des silos couloirs assez hauts (> 2,5 m) Baisse de la valeur UFL d’environ 5% sur les 40 à 50 premiers centimètres partie basse.
Semer à la volée des graines de céréales directement sur l’ensilage de maïs.Tel est le principe de l’utilisation d’une couverture végétale sur les silos d’ensilage de maïs. Plus besoin de pneus ni de bâches. « La céréale pousse sur le silo et joue le rôle de couvert protecteur », explique Rémi Gillion, conseiller en élevage au GRDA du Boulonnais. Cette couche d’ensilage dégradé assure l’étanchéité à l’air et l’eau. « Le couvert végétal (CV), résultant du semis de 0,5 à 3 kg/m2 d’orge sur le silo, meurt en fin d’hiver et assure une couche de 10 à 15 centimètres, constituée d’ensilage dégradé, de chevelu racinaire et de résidus d’orge, qui s’enlève facilement par plaques. L’ensilage sous la couche de couverture, est distribué dans son intégralité », ajoute Denis Chapuis, conseiller de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Une fois le silo bien tassé, « divers types de graminées sont possibles pour l’ensemencement. On conseille d’utiliser des semences fermières ou non traitées (destinées à l’alimentation) telles que l’orge d’hiver, l’avoine d’hiver, le seigle, le blé ou encore le triticale. Des mélanges de céréales peuvent tout aussi bien être réalisés », précise Rémi Gillion. Si le temps est trop sec, il est possible d’arroser pour favoriser la levée. Au bout d’un mois, la croûte atteint les 10 à 15 centimètres d’épaisseur. Avec le temps, elle se tasse et se stabilise. Chez les éleveurs laitiers pratiquant cette technique, lors du désilage, la couche supérieure est généralement enlevée pour limiter les risques de contamination butyriques dans le lait. « Par contre, certains exploitants laitiers réservent cette couche de couverture pour les élèves. Et en élevages bovins viande, certains la donnent à leurs bêtes. Ceux-ci n’ont constaté aucune incidence sur les performances zootechniques des animaux. C’est au choix de l’éleveur », constate Rémi Gillion. Les pertes sont ainsi limitées à la perte de matière sèche constatée au niveau de la partie haute de l’ensilage (voir les résultats de l’étude réalisée par la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire ci-après). « Pour limiter les pertes, cette technique est conseillée sur des silos couloirs de hauteur importante, au minimum 2,5 mètres de haut », ajoute Rémi Gillion.
ET POUR LES SILOS D’HERBE… « Certains éleveurs ont également adopté cette technique sur herbe pour toujours gagner du temps et réduire la pénibilité », explique Denis Chapuis. En effet, le semis à la volée peut être réalisé seul en une heure contrairement à la couverture par bâche qui nécessite facilement 3,5 à 4 heures de travail à deux ou à quatre personnes selon les silos. De plus, au moment du désilage, plus besoin de manipuler les pneus. On peut ajouter que cette technique offre une bonne intégration paysagère ce qui n’est pas le cas des silos avec bâche et pneus. De plus, les éleveurs qui optent pour cette pratique n’ont pas de risques de trouver de corps étrangers dans l’ensilage donné aux animaux, ni de morceaux de bâche ou de pneus. Cette technique est peu onéreuse. Son coût est constitué de la valeur de la semence utilisée et des pertes liées à la couche supérieure (voir résultats de l’étude ci-dessous). « La technique sur herbe se développe peu car elle présente l’inconvénient d’être Peu de pertes de matière sèche relevées Sept exploitations (laitières) et dix silos ont fait l’objet d’une étude menée par Denis Chapuis de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Leur particularité : l’utilisation d’une couverture végétale sur des silos couloirs d’ensilage de maïs. « L’objectif de ce travail était d’évaluer l’efficacité réelle de cette technique ainsi que ses impacts sanitaires et économiques : estimation des pertes en quantité et qualité de l’ensilage, le temps passé, la pénibilité… », explique Denis Chapuis.
UNE PERTE MOYENNE DE 1,8 % DE LA MS
Le point faible cité par les éleveurs est le niveau de pertes. Il est jugé cependant acceptable au regard des nombreux atouts qu’offre cette technique comme la rapidité de fin de chantier, la réduction de la pénibilité pour couvrir et découvrir le silo. D’après l’étude, l’insertion paysagère et l’absence de déchets sont également appréciées. « On n’observe pas de problèmes d’appétence ou sanitaire sur les troupeaux et l’absence de résidus de bâche ou pneus dans l’ensilage est considérée comme un atout vis à vis des pathologies liées aux corps étrangers », rapporte l’étude. La perte de matière sèche constatée sur les dix silos est de 1,8 % en moyenne ce qui représente une perte de 72 kg de MS/m3 soit une épaisseur de couche de couverture de 10 à 15 centimètres. « Pour limiter les pertes, il est préconisé d’utiliser des silos couloirs suffisamment hauts (> 2,5 m) car plus le silo est haut, moins le pourcentage de perte est important », conseille Denis Chapuis. UN COÛT DE 0,65 €/M3 Dans la partie haute du silo, les valeurs alimentaires sont systématiquement plus faibles de 5 à 12 % par rapport à celles de la partie basse (voir tableau). La partie haute est par ailleurs plus humide: - 3,7 % de MS, plus froide l’hiver : - 3 °C et plus chaude l’été : + 4,6 °C. Le pH est de 3,7 contre 3,5 en VALEURS ALIMENTAIRES DU SILO AVEC UN COUVERT Des valeurs plus faibles en partie haute Moyenne (10 silos) % MS UFL PDIN PDIE Partie haute du silo 27,9 0,88 47,3 69,6 Partie basse du silo 31,7 0,92 53,7 72,5 « Les valeurs alimentaires en partie haute sont systématiquement plus faibles de 5 à 12 % avec un pH légèrement plus élevé (3,7 contre 3,5). Ces écarts de valeurs sont dilués dans la distribution et ne représentent qu’une perte de 0,1 UFL/VL/J sur 19 distribués : ce qui explique que l’on n’a pas constaté de baisse de productivité des troupeaux. » Source : Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire « Aucun développement de moisissures n’a été observé sur les fronts d’attaque ni dans la masse des silos », développe Denis Chapuis. Dans les exploitations enquêtées, le coût d’utilisation de cette technique (pertes, semences et bâche) est de 0,65 €/m3 (contre 0,29 en silo avec bâche). Par contre, si on prend en considération le temps de travail, le coût s’élève à 0,84 contre 0,77 €/m3 avec bâche, le gain de temps étant estimé à 18 heures sur l’année avec couvert végétal. ■ C. D. Résultats présentés aux journées 3 R 2009. visuellement ‘moche’. En effet, le couvert semé au printemps lève mal et de manière irrégulière sur l’herbe, nous allons tester un semis a posteriori à l’automne. Cela
Une perte moyenne de 1,8 % de matière sèche
Sept exploitations (laitières) et dix silos ont fait l’objet d’une étude menée par Denis Chapuis de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Leur particularité : l’utilisation d’une couverture végétale sur des silos couloirs d’ensilage de maïs. « L’objectif de ce travail était d’évaluer l’efficacité réelle de cette technique ainsi que ses impacts sanitaires et économiques : estimation des pertes en quantité et qualité de l’ensilage, le temps passé, la pénibilité… », explique Denis Chapuis. UNE PERTE MOYENNE DE 1,8 % DE LA MS Le point faible cité par les éleveurs est le niveau de pertes. Il est jugé cependant acceptable au regard des nombreux atouts qu’offre cette technique comme la rapidité de fin de chantier, la réduction de la pénibilité pour couvrir et découvrir le silo. D’après l’étude, l’insertion paysagère et l’absence de déchets sont également appréciées. « On n’observe pas de problèmes d’appétence ou sanitaire sur les troupeaux et l’absence de résidus de bâche ou pneus dans l’ensilage est considérée comme un atout vis à vis des pathologies liées aux corps étrangers », rapporte l’étude. La perte de matière sèche constatée sur les dix silos est de 1,8 % en moyenne ce qui représente une perte de 72 kg de MS/m3 soit une épaisseur de couche de couverture de 10 à 15 centimètres. « Pour limiter les pertes, il est préconisé d’utiliser des silos couloirs suffisamment hauts (> 2,5 m) car plus le silo est haut, moins le pourcentage de perte est important », conseille Denis Chapuis.
Dans la partie haute du silo, les valeurs alimentaires sont systématiquement plus faibles de 5 à 12 % par rapport à celles de la partie basse (voir tableau). La partie haute est par ailleurs plus humide: - 3,7 % de MS, plus froide l’hiver : - 3 °C et plus chaude l’été : + 4,6 °C. Le pH est de 3,7 contre 3,5 en partie basse. « Aucun développement de moisissures n’a été observé sur les fronts d’attaque ni dans la masse des silos », développe Denis Chapuis. Dans les exploitations enquêtées, le coût d’utilisation de cette technique (pertes, semences et bâche) est de 0,65 €/m3 (contre 0,29 en silo avec bâche). Par contre, si on prend en considération le temps de travail, le coût s’élève à 0,84 contre 0,77 €/m3 avec bâche, le gain de temps étant estimé à 18 heures sur l’année avec couvert végétal.
Résultats présentés aux journées 3 R 2009.
LES PLUS
Gain de temps et de pénibilité
Méthode peu onéreuse
Pas de risques de corps étrangers
Bonne intégration paysagère
Pas de déchets (bâche, pneus)
Pas de baisse de performance des animaux (lait)
LES MOINS
Pertes : environ 10 à 15 cm sur le haut du silo
Technique à réserver à des silos couloirs assez hauts (> 2,5 m)
Baisse de la valeur UFL d’environ 5% sur les 40 à 50 premiers centimètres partie basse.