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Rechercher l’autonomie alimentaire à l'échelle du territoire

Les contraintes d’une exploitation ne permettent pas toujours d’être autonome. L’autonomie alimentaire peut alors être réfléchie à l’échelle du territoire.

L’atelier d’engraissement de la ferme expérimentale des Bordes dans l’Indre est conduit en hors sol avec une autonomie recherchée à l’échelle de son territoire.
© C. Delisle

L’autonomie alimentaire à l’échelle du territoire, grâce à la complémentarité éleveurs-céréaliers, a été l’un des thèmes proposés lors de la journée portes ouvertes de la ferme expérimentale des Bordes, à Jeu-les-Bois dans l’Indre qui a accueilli 350 personnes sur site. Cette thématique a été présentée dans l’un des quatre ateliers proposés aux visiteurs, par Rémi Brochier, ingénieur régional fourrages Arvalis – Institut du végétal, basé sur la ferme des Bordes et Thierry Foussier, technicien de l’OIER des Bordes.

« Il nous a paru judicieux d’aborder ce sujet pour deux raisons. Nous voulions d’abord présenter notre propre démarche, réfléchie et mûrie depuis longtemps. En effet, sur la ferme expérimentale, nous disposons de trois ateliers bien distincts : un atelier naisseur-engraisseur conduit en conventionnel, autonome d’un point de vue fourrager, un atelier naisseur-engraisseur conduit en agriculture biologique, autonome alimentairement et un atelier de 200 places d’engraissement et 80 de quarantaine. Ce dernier n’a pas de terres rattachées. Il est donc hors-sol. Il n’était pas envisageable de toucher aux productions de l’atelier naisseur-engraisseur conventionnel ou en agriculture biologique sans impacter le potentiel d’essais de la station. C’est pourquoi nous avons choisi de travailler l’autonomie alimentaire à l’échelle du territoire pour cet atelier d’engraissement, souligne Rémi Brochier, avant d’ajouter : c’était aussi l’occasion de fournir un exemple pour des agriculteurs. Pour un éleveur, il n’est pas toujours évident, selon sa situation, d’atteindre l’autonomie alimentaire sur son exploitation. Par contre, il est possible d’y parvenir à l’échelle du territoire. »

Définir ses contraintes et ses besoins

En fonctionnant ainsi, cet atelier se détache complètement du contexte pédoclimatique de l’exploitation qui par exemple, n’est pas favorable à la culture du maïs ou de la luzerne pure. Il offre une plus grande souplesse en termes d’approvisionnement en aliments pour pouvoir intégrer une diversité d’essais plus importante et ainsi répondre à davantage de questions émergeant du terrain. Ce nouvel atelier d’engraissement poursuit le même fonctionnement que l’ancien atelier (96 places) mais à plus grande échelle.

Avant de conclure un contrat avec un autre exploitant, « il est essentiel de définir ses contraintes et ses besoins. Notre atelier d’engraissement produit un excédent de fumier de 1 500 tonnes par an avec une capacité de stockage de quatre mois. De plus, les contraintes expérimentales nous obligent à gérer les approvisionnements au moins un an à l’avance. L’année prochaine, par exemple, un essai sur les MCPI (mélanges céréales-protéagineux immatures) est prévu. Les semis doivent donc être effectués cet automne. Dans l’absolu, nos besoins en approvisionnement se portent sur divers fourrages, de la paille et des concentrés », poursuit l’ingénieur. Le besoin annuel en paille (litière + aliment) s’élève à un peu plus de 600 tonnes.

La ferme expérimentale a ainsi mis en place des échanges avec des voisins dont un éleveur, Sébastien Brisse, situé sur la même commune et un céréalier, Emmanuel Laporte, localisé sur la commune de Diors à 25 kilomètres de l’atelier d’engraissement.

Être accompagné pour rédiger un contrat d’échanges

« Il est important d’être accompagné pour rédiger ce type de contrat qui nécessite à la fois des interactions humaines, organisationnelles et juridiques. » Le projet casdar Cerel a travaillé sur le sujet, en initiant la mise en place de synergies à l’échelle de territoires permettant de rendre les systèmes spécialisés céréales-grandes cultures et d’élevage plus complémentaires. « Des outils sont disponibles pour faciliter des relations pérennes céréaliers-éleveurs et rédiger un contrat correct d’un point de vue juridique et complet. Il faut savoir sur quoi repose l’accord : quels travaux sont réalisés par chacune des deux parties, les coûts de production de chacun, l’établissement du prix. Il faut bien connaître les motivations, leviers et freins à la coopération entre agriculteurs. La proximité et la flexibilité comptent également », insiste Thierry Foussier.

Avec Sébastien Brisse, l’échange paille-fumier s’est mis en place par relation de voisinage trois campagnes plus tôt. Cet échange se base sur une tonne de paille contre deux tonnes de fumier non épandu. Un contrat fumier-fourrages a également vu le jour sur la base d’une tonne de fourrage pressé, enrubanné et livré contre huit tonnes de fumier non épandu. La paille est récupérée par la ferme des Bordes en andains. Le pressage est effectué par un prestataire qui la transporte jusqu’à la station expérimentale. « Je viens prendre le fumier et l’épands. Je trouve deux intérêts dans ces échanges. Le premier est agronomique. Je ne produis pas suffisamment de fumier sur mon exploitation pour restituer la matière organique prélevée par la paille sur mes 170 hectares de cultures. Le second est tout simplement de travailler en local », explique Sébastien Brisse.

L’importance du facteur humain

Avec Emmanuel Laporte, l’échange paille-fumier s’est mis en place pour la première année. « Lors d’une visite de la ferme expérimentale des Bordes, via un stage réalisé sur site par la chambre d’agriculture de l’Indre, le travail sur l’autonomie à l’échelle d’un territoire a été présenté. Ce fonctionnement m’a interpellé et j’ai repris rapidement contact avec la station. Je remonte du fumier du Cantal où sont installés mes frères mais l’hiver, c’est difficilement gérable et les quantités ramenées ne sont pas suffisantes pour mon exploitation de 250 hectares de cultures. Outre l’intérêt agronomique, ces échanges s’inscrivent pour moi dans une démarche globale d’agriculture raisonnée (allongement et diversification de la rotation avec assurance d’un débouché, décalage des dates de semis…). Il y a également un intérêt financier (diminution des charges opérationnelles) », précise Emmanuel Laporte. Pour l’instant, seul un contrat paille-fumier est en cours. Mais à l’avenir, le céréalier est ouvert à d’autres propositions (paille-fourrages). Il a notamment diversifié sa rotation colza-blé-orge en intégrant de la luzerne et des pois. L’échange paille-fumier se base sur une tonne de paille contre quatre tonnes de fumier. « Nous ne sommes pas sur les mêmes bases qu’avec Sébastien Brisse, Emmanuel Laporte réalisant tous les travaux (transport du fumier, travaux de récolte et stockage de la paille puis transport selon les besoins de la ferme des Bordes). Il dispose en effet d’une plateforme de stockage pour le fumier et nous stocke et nous livre la paille car il a une structure de transport, ce qui nous offre de la flexibilité. Ainsi, chacun compose son contrat selon ses avantages et inconvénients. Il n’y a donc pas que le coût qui a son importance mais également le facteur humain. Les échanges étant prévus un an à l’avance, on signe un pré-contrat pour un accord de principe. Il sert au niveau de l’implantation et des surfaces à mettre en place. On évalue alors un volume moyen. On ajuste les volumes au moment de la récolte, en fonction de la production », note Thierry Foussier.

Différents outils de présentation

• Retrouver la vidéo de la présentation du nouveau bâtiment d’engraissement tout automatisé de la ferme expérimentale des Bordes sur notre site : www.reussir.fr/bovins-viande

• Vous pouvez également retrouver les supports des quatre ateliers présentés lors de la journée portes ouvertes de la station expérimentale le 20 juin, sur le site de la ferme expérimentale des Bordes : http://www.ferme-experimentale-des-bordes.fr/. Construction, automatisations, rations, mise en place des lots, échanges céréaliers-éleveurs, besoins de la filière ont été autant de thèmes abordés.

• Pour faciliter la mise en place de relations pérennes céréaliers-éleveurs, tous les outils nécessaires sont téléchargeables sur le site de la chambre régionale d’agriculture Centre-Val de Loire en rentrant dans le moteur de recherche Cerel.

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