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Alimentation
Rationner efficace

Avec des fourrages et des matières premières pour l’alimentation animale de plus en plus précieuses, la recherche d’une meilleure efficacité alimentaire est d’actualité en élevage allaitant.

© F. Alteroche

L’efficacité alimentaire est un critère technique qui fait le lien avec l’aspect économique, sans être un critère de rentabilité. Une solution de rationnement peut être en effet peu efficace du point de vue de la réponse des animaux, mais quand même pertinente si elle est peu coûteuse et qu’elle permet d’atteindre les objectifs techniques fixés. C’est donc a priori plutôt la cohérence entre le coût alimentaire et ces objectifs techniques qu’il faut chercher.

Il faudrait dans l’idéal tenir compte de tous les facteurs (coûts de fabrication et de distribution, besoin en main d’oeuvre, taux d’occupation du bâtiment…) dans cette réflexion. Un critère relativement facile à calculer en élevage, et déjà riche en enseignement, est le coût alimentaire par kilo de croît vif. « Il permet de comparer plusieurs solutions alimentaires et de mettre le doigt sur certains mécanismes des systèmes allaitants », explique Jonathan Boichut, conseiller jeunes bovins sur la zone Sicarev. C’est l’équivalent du coût alimentaire pour 1000 litres de lait pour les élevages laitiers.

En se penchant plus techniquement sur le rationnement, on s’aperçoit que des progrès importants sont possibles en production de viande bovine. L’indice de consommation des animaux – quantité de matière sèche consommée pour produire un kilo de poids vif – n’est pas un critère facile à utiliser en ferme mais permet d’illustrer cette variabilité de l’efficacité. « Nous avons mesuré en élevage des variations énormes pour des vaches de réforme - allant de 6 à 20 kg MS par kilo de croît vif – et pour des jeunes bovins – de 4 à 10 kg en ration sèche », rapporte Emilien Dupuis, ingénieur bovins viande chez CCPA. « Si on dégrade l’indice de consommation de 0,5 point pour des jeunes bovins, pour un gain de poids vif de 400 kg sur la durée de l’engraissement, il faut distribuer 200 kg de ration en plus par animal », illustre aussi Reynald Baes d’Inzo°. Chacun appréciera le montant de la facture correspondante.

La première clé consiste à faire valoriser les fourrages produits sur l’exploitation à leur juste valeur, par les animaux, pour limiter leur gaspillage. Faire analyser tous les ans les ensilages, mais aussi les enrubannages et souvent aussi les foins s’avère indispensable dans cette logique. Cet hiver, beaucoup d’éleveurs doivent composer avec une grande variété de fourrages allant de l’exceptionnel, pour des ensilages d’herbe ou enrubannages, à la paille.

Une bonne marge de progrès réside aussi dans une distribution au plus précis de la ration. Cela exige de peser chaque année les différents aliments – fourrages et concentrés – pour prendre des repères. « Les quantités réellement ingérées méritent aussi une attention particulière », note Hubert Rérolle de Sanders. D’un élevage à l’autre, on observe des différences entre ce qui est mis à disposition des animaux et ce qui est ingéré. » Le rationnement doit tenir compte de la race des animaux et de leur potentiel génétique. Considérer aussi leur stade physiologique permet de gagner en efficacité. Les jeunes bovins ont un indice de consommation plus faible quand ils sont jeunes. Il s’agit de profiter au mieux de cette période. De même des vaches de 4 ans ou de 10 ans ne répondront pas de la même façon à une ration donnée.

Connaître les profils de dégradation des sources d’azote et des sources d’énergie, plus ou moins fermentescibles, permet de synchroniser les apports protéiques et énergétiques dans le rumen. Enfin, il faut jouer sur la complémentarité des types d’énergie apportée (fibres, glucides, matières grasses saturées et/ou insaturées). Il existe des leviers intéressants qui dépendent de plusieurs facteurs : l’état sanitaire des animaux, la concentration énergétique de la ration et la qualité de la digestion.

Dossier

p.18 Pour les animaux d'élevage, fourrages rares mais riches cette année

p.22 A l'EARL du Bois Joli en Loire atlantique, les ensilages et enrubannages sont analysés et pesés

p.24 Pour les jeunes bovins, calculer le coût alimentaire par kilo de croît vif

p.26 Complémentation des broutards, pas plus de trois kilos par jour

p.30 Avis de spécialistes du secteur nutrition animale, vers des rations plus efficaces

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