Au Gaec des Guilloux
Qui s’y frotte s’y pique
À côté de Molinet, à la « frontière » entre Allier et Saône-et-Loire, les vaches et taureaux du Gaec des Guilloux n’ont pas d’autres possibilités que de rester gentiment dans leurs pâtures.
À côté de Molinet, à la « frontière » entre Allier et Saône-et-Loire, les vaches et taureaux du Gaec des Guilloux n’ont pas d’autres possibilités que de rester gentiment dans leurs pâtures.
Les petites routes et chemins qui desservent les prairies du Gaec des Guilloux sont désormais pour la plupart bordées de clôtures électrifiées réalisées avec un ou deux fils fixés via des isolateurs à des piquets espacés de 10 à 20 mètres selon le relief et la plus ou moins grande rectitude des contours de chaque parcelle. Ces fils lisses de 2,5 mm de diamètre semblent bien frêles pour cantonner les solides Charolais dans leurs pâtures. Mais prudents, ceux-ci se gardent bien de les approcher. Qui s’y frotte s’y pique. Et avec des clôtures parfaitement réalisées puis entretenues, la châtaigne est sévère ! « Aucun souci de ce côté-là, ce ne sont pas ces clôtures qui vont m’empêcher de dormir. Bien au contraire ! » souligne Michel Pessot, en Gaec avec son frère Robert sur une belle exploitation totalisant 240 ha pour 160 vêlages/an et en charge, au sein de ce groupement, de la réalisation et du suivi des clôtures.
Des associés d’abord sceptiques
« On a commencé à passer à l’électrique en 2003, au moment de mon installation. A l’époque, mon père était associé dans le Gaec. La perspective de voir les quatre à cinq rangs de barbelés peu à peu remplacés par du fil électrique le rendait sceptique, pour ne pas dire réticent. Il avait des craintes sur l’efficacité de mes clôtures. Avec quinze ans de recul et de pratique, c’est devenu un convaincu. Idem pour mon frère, lui aussi peu enthousiaste au départ. »
Simplicité et rapidité de pose sont le premier argument mis en avant. « Le plus long, c’est retirer la vieille clôture. Puis il suffit de respecter les préconisations. Je mets trois rangs de fil (à 1,15 m, 85 cm et 60 cm) le long des grands axes routiers très fréquentés. Deux rangs (à 95 et 65 cm) le long des routes secondaires et un seul (à 80 cm) le long des haies, lesquelles sont taillées une fois par an. C’est mon frère qui se charge de passer le broyeur. » Avec ces hauteurs, le broyeur passe sous le fil sans problème. Les départs de ligne sont le plus souvent réalisés avec de gros pieux d’acacia de 2,5 m de long et au moins 25 cm de diamètre enfoncés d’un bon mètre. « Cela dépend aussi si c’est une clôture à un fil ou trois fils. Avec trois fils, il faut prévoir plus costaud car il y a davantage de tension. Côté espacement des piquets, je ne vais pas au-delà de 15 m avec des clôtures trois fils. Jusqu’à 20 m s’il n’y a qu’un seul fil. Quand je vois certaines clôtures posées il y a une douzaine d’années, je me rends compte que j’aurais parfois pu espacer davantage mes piquets. Moins il y en a et moins cela prend de temps pour passer le broyeur.
Quand mon frère a fini de broyer dans une parcelle, je passe derrière lui le long de chaque clôture avec la débroussailleuse à main pour couper les quelques tiges ligneuses qui poussent autour des piquets. Et au besoin revisser ou reposer quelques isolateurs. Quand l’entretien est réalisé régulièrement, une fois par an, la végétation n’a pas le temps de prendre du volume. C’est beaucoup plus facile et rapide à suivre. »
Broyage annuel sous les fils
Sur les premières clôtures, quelques piquets ont forcément été changés, mais les fils sont comme au premier jour. Dégradées par les UV, les premières cordelettes électrifiées en nylon utilisées pour barrer les entrées ont toutes été renouvelées.
Tout le parcellaire n’est pas encore équipé mais cela progresse ! Michel Pessot en a simultanément profité pour redessiner certains couloirs d’accès desservant les pâtures de façon à faciliter le déplacement des lots. Une partie des prairies sont désormais équipées de barrières galvanisées devant lesquelles il n’y a pas de fil. « On s’est rendu compte que quand des veaux fraîchement mis à l’herbe prenaient une « châtaigne » avec le fil qui fermait l’entrée de la parcelle, ils étaient ensuite souvent réticents pour repasser là où ils s’étaient fait piquer. »
Les pâtures réparties sur les deux principaux blocs de l’exploitation sont branchées avec des électrificateurs sur secteur avec en complément des postes solaires mobiles pour les parcelles plus isolées. « On budgétise environ 1000 €/an pour les clôtures. On fait les pieux nous-mêmes. Mon père a un petit bois d’acacia. Mais faire de jolis pieux, c’est du boulot ! Avec l'électrique, on a réduit nos besoins. Et ce n'est pas plus mal ainsi ! »