Quatre systèmes fourragers décortiqués
Inosys - réseaux d’élevage des Pays de la Loire et des Deux-Sèvres - a comparé, pour un naisseur-engraisseur avec 70 vêlages, quatre systèmes fourragers allant du « maxi stock » au « sans maïs ».
Inosys - réseaux d’élevage des Pays de la Loire et des Deux-Sèvres - a comparé, pour un naisseur-engraisseur avec 70 vêlages, quatre systèmes fourragers allant du « maxi stock » au « sans maïs ».
« Placée dans un contexte pédoclimatique moyen, cette étude montre les avantages économiques et environnementaux d’augmenter le nombre d’animaux pâturant et la part des légumineuses dans le système fourrager », synthétise Pascal Bisson, de la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres, pour l’ensemble de l’équipe des Inosys – réseaux d’élevage des Pays de la Loire et des Deux-Sèvres.
Quatre simulations ont été réalisées sur un même système naisseur-engraisseur avec une personne faisant vêler 70 vaches et vendant des femelles finies et des jeunes bovins, sur 85 hectares de SAU.
C’est le système avec le plus de pâturage et sans maïs qui tire son épingle du jeu à la fois sur le plan économique et sur le plan de l’environnement. Ce système fourrager permet une hausse de l’EBE allant jusqu’à 8 200 euros par UTH, une diminution du volume de travail de 280 heures pour les travaux de saison et l’astreinte en bâtiment, une réduction de l’IFT total de 1,25 et une baisse des émissions brutes de gaz à effet de serre de 8 % (voir tableaux). « Ceci résulte de l’addition de toutes petites marges mises bout à bout, sur différents points du système, qui finissent par compter », observe Pascal Bisson. La différence du coût de production pour 100 kilos de viande vive est en effet de seulement 7 euros entre le système « maxi stock » et le « sans maïs ». Cela finit par faire 8 000 euros d’EBE de différence à la fin de l’année. « L’évolution du coût de production suit celui du chargement du système fourrager. Plus le système est intensif, plus les animaux sont alimentés sur stocks. » Ces quatre systèmes comparés produisent la même quantité de viande vive (à part quelques kilos en moins sur les vaches de réforme finies à l’herbe dans deux des systèmes) avec la même main-d’œuvre. « Cette étude est réalisée avec un potentiel du maïs ensilage de 10,5 tMS/ha. Si le potentiel est de 14 tMS/ha, l’équilibre sera légèrement différent », prévient Pascal Bisson.
La maîtrise du pâturage est déterminante
Pour cette étude, le système « semi intensif » est basé sur la classique rotation RGI maïs blé. Le système « maxi stock » se caractérise par la place donnée au RGI, aux dérobées avant maïs, à l’utilisation de la paille dans l’alimentation, et à la vente de blé. Le système « sans RGI » s’appuie sur les prairies multiespèces et le maïs. Enfin, le système « sans maïs » s’affranchit du RGI et du maïs, introduit la luzerne et l’association triticale pois (voir graphique). Il repose sur la possibilité de faire et de récolter, avec plus de contraintes techniques, de la luzerne. D’autres légumineuses un peu moins productives peuvent être associées ou remplacer la luzerne. En système très herbager, il convient de prévoir des stocks d’avance plus importants qu’en système maïs. « La maîtrise du pâturage est déterminante, avec deux prérequis : une mise à l’herbe précoce et un pâturage tournant. » L’augmentation de la part du pâturage dans les systèmes implique la mise à l’herbe des veaux nés en automne et la finition d’un tiers des femelles à l’herbe. Le chargement sur la SFP est réduit et il y a moins de cultures de vente. Il y a jusqu’à 25 % de stocks totaux de fourrage en moins. Pour les jeunes bovins, on économise jusqu’à 250 kg de concentrés (céréales et mélange de tourteaux ici).
Les quantités totales de concentrés distribuées ramenées à l’UGB vont d’ailleurs de 560 kilos dans le système « sans RGI », dans lequel les veaux mâles nés en automne pâturent au printemps, à 790 kilos dans le système « sans maïs ». Mais il ne s’agit pas des mêmes types de concentrés. Dans le système « sans maïs », il s’agit de concentrés énergétiques alors que dans les autres systèmes, il faut acheter davantage de concentrés azotés. Le coût des concentrés est le plus faible dans le système « sans RGI ». La place donnée à l’enrubannage a été aussi étudiée. Il faut parfois investir dans une dérouleuse en système luzerne tout enrubannage. Mais la souplesse apportée par l’enrubannage est aussi à considérer. Dans les systèmes herbagers, remplacer l’ensilage par l’enrubannage coûte. Au maximum dans cette étude, 1 100 euros par an d’EBE sont perdus. Mais ces systèmes herbagers dégagent quand même un EBE largement supérieur à celui du système « maxi stock » (près de 7 000 euros d’EBE en plus). Le système « maxi stock » pâtit également d’une charge de travail bien supérieure, évaluée selon la méthode Travibov, avec 50 heures de plus par an pour le temps d’astreinte sur le troupeau et 230 heures de plus pour cultiver les hectares de blé et de dérobées. Finalement, beaucoup de pratiques sont modifiées d’un système à l’autre.
En savoir plus
Augmenter le pâturage : un levier pour améliorer le revenu des éleveurs bovins viande
Inosys réseaux d’élevage des chambres d’agriculture des Pays de la Loire et Deux-Sèvres
4 pages, mars 2019, document édité par l’Institut de l’élevage et les chambres d’agriculture.