Aliment des bovins
Prévenir la présence des « fusariotoxines » dans l´ensilage à l´aide de principes simples
Aliment des bovins
Certaines précautions dans la technique d´ensilage constituent pour l´instant la seule méthode efficace pour limiter l´exposition des bovins aux toxines des moisissures du genre Fusarium.
La contamination des ensilages par les moisissures du genre Fusarium intervient au champ, en dehors de tout problème de conservation. Elles sont à distinguer des toxines dues à des champignons qui se développent au cours de la conservation, principalement les aflatoxines et l´ochratoxine A, objets de nombreuses attentions. « La présence de toxines produites par des Fusarium dans les ensilages de maïs et d´herbe, bien qu´encore mal évaluée, est régulièrement observée à des niveaux pouvant être élevés » selon Vincent Nidekorn de l´Inra de Theix(1).
« La fusariose peut entraîner d´importantes pertes de rendement, mais sans nécessairement produire de toxines explique le chercheur. D´autre part certaines espèces de Fusarium peuvent être présentes et produire des toxines en absence de dégâts apparents. » Difficile donc de se faire a priori une idée sur les risques encourus dans l´état actuel des connaissances.
Ces toxines peuvent entraîner chez les bovins une diminution du gain de poids, une baisse de fertilité. Plus rarement, elles affectent la santé des animaux. La majorité des fusariotoxines ont un effet immuno-dépressif. « Les symptômes sont de nature secondaire comme des infections opportunistes qui sont modulées selon l´âge, le type de ration, l´état de santé des animaux. »
La fusariose peut entraîner d´importantes pertes de rendement, mais sans nécessairement produire de toxines. © C. Gloria |
Enfouissement des résidus et récolte précoce
Les moisissures du genre Fusarium sont des champignons microscopiques qui se disséminent par des spores présentes dans le sol, les débris végétaux et les graines. Elles se développent essentiellement en fonction de l´eau disponible, de la température, de l´environnement gazeux et de la présence d´autres micro-organismes avec lesquels elles sont en compétition.
Pour prévenir leur développement, plusieurs méthodes ont prouvé leur efficacité : la rotation des cultures et l´enfouissement des résidus après récolte réduisent la pression, un rapport N/K équilibré limite le stress des plantes. La contamination par les Fusaria s´effectue au stade floraison, mais la production de toxines n´est effective qu´en fin de maturation, à 35-40 % de matière sèche. « Il est donc préférable de ne pas laisser les végétaux au champ plus longtemps que nécessaire selon Vincent Niderkorn. Mais de nouvelles stratégies de prévention et de détoxification sont nécessaires pour compléter ces mesures. »
(1) Source : revue Fourrages, mars 2007.
En cas de suspicion, faire analyser l´ensilage
Après avoir écarté avec un vétérinaire les autres causes possibles des symptômes observés, l´analyse de l´ensilage peut être envisagée. Des kits commerciaux d´analyse pour les mycotoxines majeures sont disponibles sur le marché à un coût variant de 10 à 50 euros par échantillon analysé. En cas de test positif, une analyse de laboratoire devra préciser les résulats. « Les Fusaria peuvent produire une quantité de mycotoxines importante seulement sur une petite surface. Il faut donc prélever en 15 à 20 endroits différents du silo et mélanger. » Il existe des centaines de mycotoxines, et le laboratoire n´en testera que quelques-une. « Cependant la teneur en DON (déoxinivalénol) est considérée comme un bon indicateur de la contamination par les fusariotoxines. »