Premiers enseignements de Reproscope
L’observatoire national des performances de reproduction propose des repères pour les objectifs de reproduction et bientôt un outil permettant d’estimer l’impact économique en cas de non-atteinte de ces objectifs.
L’observatoire national des performances de reproduction propose des repères pour les objectifs de reproduction et bientôt un outil permettant d’estimer l’impact économique en cas de non-atteinte de ces objectifs.
De nombreuses études ont mis en évidence les répercussions importantes que pouvait avoir une diminution des performances de reproduction sur le revenu de l’exploitation. Les problèmes qui lui sont liés représentent même le deuxième trouble de santé en termes d’impact économique. Les journées nationales des GTV (Groupements techniques vétérinaires) ont été l’occasion de livrer les premiers enseignements sur les performances de reproduction des bovins allaitants et de leur impact économique sur la campagne 2014-2015, grâce aux données issues de Reproscope, l’observatoire de la reproduction des bovins en France.
« Les utilisateurs disposent ainsi d’un ensemble de repères sur la reproduction des 3 835 252 femelles vêlées dans les troupeaux allaitants français. En plus de cet observatoire, un outil en ligne offrira la possibilité aux éleveurs de se comparer par rapport à des groupes d’exploitations qui se ressemblent. La répartition des performances de reproduction de chaque profil permet de mettre en évidence les marges de progrès envisageables en fonction de son positionnement à l’intérieur du profil lui correspondant. Quelle que soit la performance de reproduction étudiée, la race représente la variable la plus influente dans la construction des résultats de reproduction et ce, même si on observe une forte variabilité au sein des profils d’une même race », explique Fabrice Bidan de l’Institut de l’élevage.
Une forte variabilité des résultats
À l’échelle nationale, on apprend que 54 % des exploitations groupent les vêlages sur trois mois et 43 % ont une reproduction exclusive en race pure. Un tiers des troupeaux allaitants ont un taux de renouvellement supérieur à 25 %. Du côté de la mise à la reproduction, elle est bien entendu majoritairement en monte naturelle avec 67 % des troupeaux. Seuls 5 % d’entre eux sont en insémination exclusive.
« La première conclusion issue de ces données met en évidence une forte variabilité des performances et des conduites de reproduction au niveau des fermes. La question se pose de savoir si cela s’explique par des choix d’éleveurs, des contraintes de systèmes ou est-ce subi ? Si on se place en termes de productivité, on a de très bons comme de très mauvais résultats », poursuit Fabrice Bidan.
Les corrélations entre certains critères de reproduction comme l’intervalle vêlage-vêlage, l’âge au premier vêlage et la mortalité des veaux ont été analysées, en particulier pour leur effet structurant dans la construction du revenu de l’éleveur. Une très faible dépendance entre ces paramètres est ressortie, autrement dit « l’éleveur peut travailler à l’amélioration d’une performance, indépendamment des autres sans risque de les dégrader. Ces deux premiers enseignements induisent que les exploitants disposent de marges de progrès techniques possibles pour améliorer les performances de reproduction. »
Des marges de progrès économiques
Enfin, une estimation de l’impact économique d’une amélioration des performances est proposée en fonction de l’objectif de progression souhaitée. Ces estimations sont basées sur les données issues des 363 exploitations allaitantes des réseaux d’élevages Inosys. « En fonction des caractéristiques du troupeau et de la conjoncture, le gain à attendre d’une réduction de 10 jours d’intervalle vêlage-vêlage varie de 4 à 65 € par vache et par an. Ce chiffre varie de 1 à 67 €/vache/an pour une variation de 30 jours d’âge au premier vêlage et de 1 à 33 €/vache/an pour une variation de 1 % de la mortalité. La variabilité vient des caractéristiques des troupeaux étudiés (type de production, circuits de commercialisation, système d’alimentation…)." Ce gain est par ailleurs à mettre en opposition avec le coût des leviers plus ou moins faciles à mettre en place pour parvenir à de tels objectifs.
Reproscope, qu’est-ce que c’est ?
L’objectif du projet Reproscope est de développer des outils innovants pour accompagner les éleveurs de bovins laitiers ou allaitants dans la gestion de la reproduction, en vue d’optimiser les performances de leurs troupeaux. Reproscope propose un observatoire national des performances de reproduction, construit à partir des données de plus de 9 millions d’animaux et 190 000 troupeaux issues des bases nationales (BDIN et SNIG). Cet observatoire en ligne comprend une vingtaine de critères de reproduction (% de réussite à l’IA, IVV, productivité pratique, % de mortalité de 0 à 2 jours…) qui permettent de décrire la fécondité, la fertilité des vaches et génisses, la conduite de renouvellement, la pratique de l’insémination et du croisement, la survie des veaux ou encore l’absence de vêlage et ce, en fonction de différents paramètres (région, race, saison de vêlages, taille du troupeau…).
Prochainement, ce programme national proposera un référentiel des objectifs de reproduction différenciés en fonction du profil de troupeau et de la stratégie de reproduction. Ce référentiel s’appuie sur les typologies existantes. Une approche technico-économique, propre au système d’élevage, permettra par ailleurs de quantifier le manque à gagner résultant d’un écart avec ses objectifs, au niveau d’une exploitation. Ces données seront consultables d’ici la fin de l’année 2018 et permettront de définir des marges de progrès techniques et économiques.
L’observatoire Reproscope a une interface web accessible gratuitement : www.reproscope.fr. Sont dorénavant en ligne, les performances des animaux et des élevages pour les campagnes 2013-2014, 2014-2015, 2015-2016 et 2016-2017. Une fiche thématique est d’ores et déjà disponible sur le site. D’autres suivront.
http://idele.fr/reseaux-et-partenariats/reproscope.html