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Complémentation des broutards
Pas plus de trois kilos par jour

La complémentation des broutards au pâturage ne doit pas être excessive pour permettre une amélioration des croissances en phase d’engraissement.

En moyenne, les broutards ne doivent pas dépasser les 1400 g/jour de GMQ pendant les trois à quatre mois avant sevrage.
En moyenne, les broutards ne doivent pas dépasser les 1400 g/jour de GMQ pendant les trois à quatre mois avant sevrage.
© F. Alteroche

Rechercher la conduite optimale de la naissance à l’abattage des mâles charolais, et répondre aux besoins des naisseurs et des engraisseurs, tels étaient les objectifs de l’étude menée à la station expérimentale des Établières (Vendée) sur la complémentation des broutards au pâturage.

Pour y parvenir, trois séries consécutives d’un même essai ont été réalisées avec des broutards nés en fin d’hiver (mi-février) sur les campagnes 2007, 2008 et 2009. Dans chaque série, deux lots de 10 à 14 broutards âgés d’environ 4 mois ont été constitués autour du 15 juin. Dès lors, un lot a été complémenté au nourrisseur avec un aliment à volonté sur 100 jours – jusqu’au sevrage –l’autre pas. Durant cette période, tous les animaux étaient à l’herbe avec leur mère.« Autre point important, les deux lots ont disposé des mêmes surfaces de pâturage en qualité et superficie (80 ares/couple mère veau, chargement pour éviter un affouragement durant l’été) », remarque Franck Chaigneau, responsable de la ferme des Établières.

La complémentation au pâturage des broutards était composée de 50 % de blé aplati et de 50 % de bouchons de luzerne déshydratée à 18 % de MAT. « Ce mélange est facile à fabriquer et la moitié peut être produite sur l’exploitation. D’autre part, la luzerne déshydratée baisse la densité énergétique du concentré ce qui limite le risque d’acidose chez le veau et ramène un bon équilibre des protéines (100 g de PDI par UF). Ce complément répond donc bien aux besoins du veau, sans risque de subacidose ni d’entérotoxémies. On peut par ailleurs tout à fait imaginer remplacer le blé par de l’orge. Dans ce cas, il faut tabler sur un mélange à 60 % d’orge et 40 % de luzerne », note Franck Chaigneau.

Début octobre, tous les broutards ont été sevrés. Après une période de transition de 28 jours, la ration distribuée en engraissement était identique aux deux lots. Elle était constituée d’ensilage de maïs à volonté (riche en grains), complémenté avec du tourteau de soja (1,5 kg brut/jour) et de 200 g de CMV type 5/25 par jour et de la paille à disposition. L’objectif était d’atteindre 430 – 440 kg de carcasse à l’abattage.

ADAPTER  À LA DISPONIBILITÉ DE L’HERBE

Au pâturage, les veaux complémentés ont obtenu des croissances pondérales moyennes, significativement supérieures à celles des broutards non complémentés, respectivement de 1 462 g/j contre 1147 g/j. Pendant la phase d’engraissement, les animaux du lot complémenté ont eu une croissance supérieure de 49 g/j à ceux du lot témoin. Ainsi, les broutards complémentés conservent leur avance de croissance et atteignent l’objectif de poids final, un mois avant ceux du lot témoin (274 jours d’engraissement pour le lot complémenté contre 304 pour le lot témoin).

Cependant, ces résultats ont été variables d’une série d’essais à l’autre. Et ce notamment en 2007, année de sécheresse en fin d’été. « Les veaux ont fortement augmenté leur consommation de concentrés. A la fin de la période de complémentation, les animaux ont ingéré jusqu’à 5 kg d’aliments par jour et atteint des croissances de 1643 g/j de moyenne sur les trois mois de complémentation. Ces bons résultats avant sevrage ont par contre pénalisé les performances en engraissement. Les veaux complémentés ont perdu de leur avance, avec des croissances inférieures de 90 g/j par rapport aux animaux du lot témoin, même si l’abattage est intervenu 20 jours plus tôt pour le lot complémenté. »

Par contre, les années où l’herbe est disponible en qualité et en quantité, comme en 2008 et 2009, les veaux complémentés consomment moins de concentrés et l’écart de croissance est moins marqué avec le lot témoin – respectivement 1372 g/j contre 1147 g/j. En engraissement, le lot complémenté conserve voire accentue son avance avec une croissance de 1 537 g/j, supérieure d’environ 120 g/j au lot non complémenté. L’abattage est intervenu quarante jours plus tôt.

NE PAS DÉPASSER LES 1400 G/J

En race Charolaise, on peut complémenter avant le sevrage sans détériorer les performances en engraissement (voir tableau sur les performances à l’abattage) « à condition de ne pas dépasser en moyenne sur le lot les 1 400 g/j, les trois derniers mois avant sevrage. Sinon, on risque de pénaliser les performances en engraissement. Je conseille d’ailleurs de sevrer les veaux dès que l’on atteint trois kilos de concentrés par jour et par animal.

Par exemple, lors de la première année d’expérimentation, on aurait pu imaginer sevrer un mois plus tôt. » En moyenne sur les trois années, les animaux complémentés au pâturage ont consommé 224 kilos bruts de concentrés sur les 113 jours de complémentation. En engraissement, l’économie a été de 295 kilos de MS d’ensilage de maïs, de 47 kilos bruts de tourteaux de soja et de 8 kilos de CMV par animal, pour une durée d’engraissement inférieure de 34 jours.

Ce bilan est néanmoins différent selon les années d’essais. En effet, en 2007 (année sèche), l’économie d’aliments en engraissement a été moindre (- 80 kg de MS totale). À l’inverse, en 2008 et 2009, les économies d’aliments ont été supérieures (364 kg de MS totale en moins, en engraissement).

Pour les naisseurs, l’apport de 220 kg de concentrés aux broutards permet un gain de poids de 35 kilos sur l’animal au sevrage. Si l’on estime le concentré à 200 €/tonne, le surcoût de la complémentation revient à 45 € par broutard. Un naisseur-engraisseur doit raisonner la complémentation comme une préparation à l’engraissement. Avec l’apport de 220 kilos de concentrés avant sevrage, il peut réduire l’engraissement de 30 jours et faire une économie de matière sèche. « Pour l’engraisseur, des broutards achetés avec une croissance élevée avant sevrage, du fait d’une complémentation importante, auront des performances inférieures en engraissement, même si l’indice de consommation est peu dégradé. »

Franck Chaigneau, responsable de la station expérimentale des Etablières

"Dans la continuité de cette étude, un sevrage fin juillet"

« En 2010 et 2011, nous avons eu deux années sèches consécutives. Les enseignements tirés des essais, nous ont permis d’adapter notre conduite des broutards complémentés. En 2010, avec le printemps sec, il n’y avait plus d’herbe en juin. Nous avons donc complémenté les veaux durant un mois et demi et fait le choix de les sevrer fin juillet à 5,5 mois. Ils ont donné de très bonnes performances en engraissement. Ils ont été abattus aussi jeunes que d’habitude (16-17 mois) à un poids carcasse de 440 kilos. En 2011, l’herbe a égalementmanqué, mais les pluies de l’été ont permis une pousse à partir de fin juillet. On a alors choisi de sevrer uniquement les mâles fin juillet comme l’année précédente. Les femelles sont reparties avec leurs mères pour valoriser l’herbe de fin d’été et d’automne. La complémentation et l’âge au sevrage sont à adapter selon les ressources en herbe. Il est toujours important de valoriser en priorité, l’herbe pâturée et de sevrer plus ou moins précocement ou tardivement les veaux suivant cette disponibilité. Mais pour un sevrage jeune, la complémentation et la préparation au sevrage est importante pour un bon démarrage à l’engraissement et un bilan naissance-abattage satisfaisant (lourd, jeune et pas trop coûteux). »

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