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Nouvelles technologies : « Le monitoring donne un autre regard sur les animaux »

Xavier Boivin, éthologiste et chercheur à Inrae apporte son point de vue sur l'arrivée des nouvelles technologies en élevage bovin et leurs potentiels impacts sur la relation Homme-animal ainsi que sur le quotidien des éleveurs. 

Xavier Boivin, éthologiste et chercheur à Inrae
« Certains éleveurs expriment des inquiétudes quant à la place des nouvelles technologies dans l'exploitation, comme le risque de perdre leur propre autonomie ou leur capacité à observer les animaux et à détecter les problèmes », partage Xavier Boivin, éthologiste et chercheur à Inrae.
© S. Huet

« Sur la conduite du troupeau, le monitoring constitue un outil formidable, à mon sens, pour acquérir de nouvelles connaissances sur leur comportement. À nous de trouver la pertinence biologique à cette combinaison d’indicateurs générés. S’agissant plus spécifiquement de la relation Homme-animal, une récente étude (1) menée dans vingt-cinq élevages en France de vaches laitières, de truies et de poulets de chair, tous dotés de solutions de monitoring, illustre bien la diversité des profils d’agriculteurs. S’ils sont tous satisfaits de s’être équipés, ces derniers n’ont pas forcément la même perception vis-à-vis des nouvelles technologies et déploient des pratiques différentes dans leur rapport avec les animaux. Pour ceux qui craignent que les machines créent une distance, cette étude montre que ce n’est pas obligatoirement le cas. Par exemple, les profils très animaliers ont instinctivement réinvesti du temps pour développer du contact positif avec leur troupeau.

Certains éleveurs expriment des inquiétudes quant à la place des nouvelles technologies dans l’exploitation, comme le risque de perdre leur propre autonomie ou leur capacité à observer les animaux et à détecter les problèmes.

Au-delà de la relation Homme-animal, on peut se demander de quelle façon les nouvelles technologies influent le quotidien des éleveurs. Par rapport aux promesses que prônent ces outils, il paraît opportun que tout exploitant qui souhaite s’équiper fasse la correspondance avec ses attentes, qu’il en analyse les potentiels bénéfices et risques, la question de l’attractivité du métier constituant l’un des enjeux clés du renouvellement des générations. Si on part du principe que le monitoring est un moyen de réduire le temps d’astreinte, comment alors je le mets à profit, qu’est-ce que je priorise ? Se pose également la question des compétences : si l’éleveur veut rester autonome, il doit être à l’aise avec l’informatique. En collectif, il faut également veiller à ce que l’ensemble des associés, salariés possèdent un socle commun minimum de compétences pour faire fonctionner le système. Il y a toute une logique organisationnelle à considérer, associant compétences et réalisation du travail. Autre point à ne pas négliger, les systèmes d’alerte et la charge mentale supplémentaire générée. Ce n’est pas le nombre d’alertes qui compte, mais la perception qu’on en a. De même, on doit s’interroger sur le retour sur investissement. De quelle façon on amortit l’investissement réalisé sur le long terme et qu’est-ce qu’on met en œuvre pour ne pas se retrouver captif de cette technologie ? »

(1) Représentations des agriculteurs sur les effets de l’élevage de précision sur les relations Homme-animal, 2020

Lire aussi | Monitoring animal : les questions à se poser avant de s’équiper

Lire aussi | Identification des bovins : la généralisation des boucles électroniques refait surface

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