« Aujourd’hui, on voit apparaître sur le marché de plus en plus de contrats de location qui permettent aux éleveurs d’échelonner leurs mensualités de paiements pour un service plutôt que de casser la tirelire à l’achat », expose Clément Allain, chef de projet élevage de précision à l’Idele. Dès lors que les vêlages sont groupés – avec la nécessité d’équiper un nombre important de femelles sur une courte période – la facture peut en effet vite être salée.
D’après le sondage réalisé par l’Idele(1), le coût des technologies constitue en effet le principal frein à l’équipement chez les éleveurs de bovins viande. Pour rendre leurs solutions plus attractives auprès de ce public cible, fabricants et distributeurs repensent progressivement leurs offres commerciales.
D’après les principaux acteurs sur le marché interrogés, 50 à 80 % des éleveurs de bovins viande parmi leur clientèle optent pour l’abonnement. Le coût à investir au départ est moindre, mais ce n’est pas le seul avantage.
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L’accès aux nouveautés technologiques facilité avec le contrat de services
« La promesse qu’on souhaite porter avec la mise à disposition de services, c’est que l’éleveur ait la possibilité de toujours disposer d’un parc matériel "dernière génération", surtout dans le contexte de transformation digital actuel », partage Thomas Aubry, directeur opérationnel chez iOtee. Le changement d’outils, qui pourrait être motivé par la sortie d’une nouveauté technologique majeure, est tout de suite moins évident à envisager dans le cas d’un achat.
« La relation entre l’éleveur et son distributeur est par ailleurs plus qualitative dès lors qu’on se libère des problèmes matériels », apprécie Julien Girardot, responsable monitoring iOtee chez Seenovia. Par exemple, pour les colliers FarmLife qui présentent des piles non rechargeables, « lorsque les capteurs sont en fin de vie sur des bovins équipés en achat, le renouvellement du parc s’étale dans le temps car généralement, seuls ceux hors service sont remplacés en attendant que les autres cessent de fonctionner. En contrat de services, dès que 10 % du parc matériel arrive en fin de carrière, on procède à son renouvellement automatique », illustre le spécialiste.
« Une offre d’abonnement est ouverte depuis le 1er mars 2024 pour les solutions SenseHub. Depuis cette date, une vente sur deux est conclue avec un échéancement du paiement, preuve que cette possibilité d’abonnement était particulièrement attendue par les éleveurs », évoque Fabrice Broyer, directeur commercial monitoring chez SenseHub.
Suivant les propositions commerciales, les termes de garantie ne sont pas les mêmes. Attention également à l’accès aux fonctionnalités, qui peut différer. Certains distributeurs peuvent par ailleurs imposer des seuils minimums à l’équipement, selon l’offre choisie. Entre l’achat et la location, « ce qui peut changer aussi, ce sont les services associés à la mise en place de l’outil incluant l’installation, la prise en main, les formations et surtout le service après-vente (SAV) », explique Matthieu Marteau, responsable des solutions de monitoring chez Innoval.
« Aujourd’hui, très peu d’interventions physiques sont nécessaires dans le cadre du SAV. Chez SenseHub, au moins 95 % des demandes sont résolues sans qu’un technicien se déplace, facilitées par une prise en main à distance des objets connectés », rassure Fabrice Broyer, directeur commercial monitoring chez SenseHub.
Un business model à trouver
Pour Clément Allain, chef de projet élevage de précision à l’Idele, les solutions de monitoring se situent encore dans une phase de développement assez jeune en élevage et le potentiel de progression est grand, y compris dans le business plan. « Pour faciliter l’accès à ces outils, il faudra peut-être à l’avenir travailler sur des concepts qui ne nécessitent pas d’équiper individuellement chaque animal », évoque l’expert, qui voit la vidéosurveillance intelligente comme une piste très prometteuse pour réduire les coûts. « Peut-être verrons-nous émerger des équipements dont les organismes de conseil en élevage sont propriétaires plutôt que les éleveurs, pour leur éviter d’investir », entrevoit Clément Allain.
(1) Enquête nationale Sm@rt Élevage sur les taux d’équipements des éleveurs en outils numériques réalisée au printemps 2023