L’impact indirect du Brexit
Le Brexit pourrait se traduire par une réorientation d’une partie des exportations irlandaises de viande bovine jusque-là pour une grande partie vendue au Royaume-Uni.
Le Brexit pourrait se traduire par une réorientation d’une partie des exportations irlandaises de viande bovine jusque-là pour une grande partie vendue au Royaume-Uni.
Le 23 juin dernier, les électeurs britanniques se sont prononcés pour la sortie de leur pays de l’Union européenne. Bien des agriculteurs britanniques se sont émus de cette décision. D’après une étude menée pour le compte de la NFU (National farmer’s Union of England and Wales) principal syndicat agricole britannique, les fermes anglaises pourraient perdre, hors de l’UE, de 17 000 à 34 000 euros. Pour pallier à ces inquiétudes, le nouveau gouvernement britannique a récemment annoncé qu’il comptait verser jusqu’en 2020 le même niveau de subventions qu’accordé par l’Union européenne (UE).
La France exporte outre-Manche d’abord du vin et du fromage
Quel sera ensuite l’impact de cette décision pour les échanges de produits agroalimentaires entre la France et le Royaume-Uni ? « Pour la France, le premier poste d’exportation est historiquement constitué par les boissons alcoolisées — les exportations de vins représentant environ 1,2 Md € — suivi des produits laitiers et particulièrement des fromages, puis des préparations à bases de céréales (biscuits, pains spéciaux…). En moyenne pour les produits agricoles et alimentaires, le Royaume-Uni représente environ 10 % de nos exportations. Notre solde reste déficitaire sur les produits de la mer et les viandes et abats (avec notamment les viandes ovines) », explique FranceAgrimer.
La France est importatrice nette de produits bovins en provenance du Royaume-Uni depuis 2006. « Les opérateurs anglais expédient sur le marché français principalement de la viande bovine fraîche (7 000 tonnes/an). Le Royaume-Uni fait ainsi partie de nos dix premiers pays fournisseurs (8e rang), mais à un niveau modeste face à l’Irlande et la Belgique (27 000 tonnes/an), les Pays-Bas (au 1er rang avec 64 000 tonnes/an) et l’Allemagne (2e, 45 000 tonnes/an) », précise FranceAgrimer.
Réorientation possible des flux de viande irlandaise
De par leur position de premiers fournisseurs du Royaume-Uni pour la viande bovine, les éleveurs irlandais pourraient être les plus lourdement impactés – au moins dans un premier temps – par le Brexit. « Les Irlandais sont de loin les plus affectés par la dévaluation de la livre et la perspective de voir réapparaître des droits de douane. Ils vont commencer à prospecter plus intensément les marchés continentaux, mais aussi les marchés tiers pour leurs viandes bovines et ovines. En effet, le RU représente aujourd’hui une part considérable de l’exportation des viandes irlandaises ovines (30 % en 2015) et surtout bovines (53 % en 2015) », analyse Philippe Chotteau responsable du département économie des filières à l’Institut de l’élevage. L’impact à craindre pour les producteurs français serait alors plus indirect que direct.
Presque autant d’allaitantes que de laitières
D’après Eurostat, fin 2014 le cheptel bovin du Royaume-Uni totalisait 1,883 million de vaches laitières et 1,536 million de vaches allaitantes. Pour ce qui est des tonnages produits, les statistiques de FranceAgrimer font état d’une production de 0,89 million de téc par an. Cela positionne le Royaume-Uni au 3e rang des producteurs européens, derrière la France et l’Allemagne. Cette production provient pour 40 % de l’abattage de bœufs, pour 27 % de génisses et pour 30 % de vaches. Le Royaume-Uni n’est pas autosuffisant dans la mesure où la consommation intérieure avoisine 1,182 million de téc.