Les ventes de légumineuses dépassent celles de graminées
L’histoire agronomique des légumineuses est marquée par des fluctuations. Mais, depuis les années 2000, la conjoncture européenne et la recherche d’autonomie sur les exploitations donnent un nouvel élan aux légumineuses.
L’histoire agronomique des légumineuses est marquée par des fluctuations. Mais, depuis les années 2000, la conjoncture européenne et la recherche d’autonomie sur les exploitations donnent un nouvel élan aux légumineuses.
En Europe, les légumineuses fourragères cultivées pures ou associées ont été longtemps une composante essentielle de la productivité et de l’entretien de la fertilité des systèmes de polyculture-élevage. La révolution fourragère enclenchée dans les années 60 a ensuite singulièrement réduit leur contribution. Deux raisons majeures ont favorisé ce déclin des légumineuses en Europe à savoir, l’intensification basée sur les engrais chimiques et la spécialisation des productions et ce, malgré leurs nombreux atouts (fixation symbiotique, transfert de fertilité et richesse en protéines).
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Mais depuis une dizaine d’années, « les ventes de légumineuses sont en phase d’augmentation. Aujourd’hui, leur commercialisation porte la croissance des fourragères. Au milieu des années 2010, on comptait un quintal de légumineuses pour deux de graminées. Désormais, les ventes de légumineuses en tonnages (certaines espèces à grosses graines) sont légèrement supérieures à celles des graminées », remarque Julien Bouffartigue, secrétaire des sections semences fourragères et à gazon, lin et chanvre chez Semae (interprofession de toutes les semences et de tous leurs usages).
Des atouts face aux aléas climatiques
« Certes, les aides PAC ont profité aux légumineuses mais elles ne peuvent, à elles seules, expliquer cette évolution qui se base sur des fondamentaux. Autrement dit, la recherche d’autonomie avec la production de protéines supplémentaires sur l’exploitation, l’adaptation aux conditions sèches par la complémentarité des espèces et l’explosion de l’usage des plantes de services (intercultures pièges à nitrates, dérobées pour l’alimentation des bêtes, couvert vignes, vergers…) poussent le marché. De plus, dans un contexte agroécologique de plus en plus marqué (économie d’intrants, environnement), les agriculteurs montrent de plus en plus d’intérêt aux légumineuses. Les évolutions climatiques impactent également leur marché, les prairies souffrent et nécessitent un renouvellement ou un sursemis », constate Julien Bouffartigues.
Les légumineuses contribuent à la robustesse des systèmes de production en leur permettant de mieux faire face aux aléas climatiques par une meilleure répartition de la production, une résistance accrue à la sécheresse et aux températures élevées, une bonne adaptabilité en conditions pédologiques variées.
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Davantage de diversité dans le choix des espèces
La luzerne reste de loin la première légumineuse commercialisée d’Europe car elle mérite le qualificatif de "super plante" vis-à-vis de la tolérance à la sécheresse. Elle représente 15 à 20 % du marché. Si on observe une progression des volumes pour certaines espèces connues, on constate également une explosion de la diversité. Trèfle violet, trèfle blanc, trèfle d’Alexandrie et trèfle incarnat portent la croissance. Mais l’ensemble est également nourri d’autres espèces ou variétés (trèfle scarosum, trèfle de Micheli, trèfle de Perse, nouvelle luzerne, vesce de Narbonne, lotier…) issues pour certaines, du Sud de l’Europe (Portugal, Italie). Beaucoup de trèfles annuels et espèces de « courte durée » émergent avec un intérêt pour les couverts végétaux productifs. Le trèfle incarnat qui résiste à l’hiver et le trèfle d’Alexandrie gélif dominent quant à eux le marché.
Le développement de la pratique des méteils bénéficie par ailleurs aux légumineuses à graines, comme les pois fourragers et la vesce. Le sainfoin est également une légumineuse en plein essor, notamment dans les systèmes en agriculture biologique. « Le trèfle violet est dans l’air du temps. Il produit un fourrage abondant pour des prairies d’une durée de trois ans. Son intégration dans les rotations est ainsi moins contraignante que pour celle des prairies temporaires d’une durée de cinq ans », estime Julien Greffier, chef produit fourragères à Limagrain Semences de grandes cultures. Autre surprise : le trèfle blanc, bien connu pour son association avec le ray-grass anglais pour le pâturage. Ses ventes sont en augmentation depuis 2013-2014 car son utilisation en mélanges dans les prairies de fauche ou d’alternance fauche-pâture progresse grâce à son côté stolonifère intéressant pour couvrir le sol. Le choix de la variété est dans ce cas essentiel.
Dérobées ou longues durées mais surtout cultivées en mélanges
Qu’elles soient utilisées en cultures dérobées pour assurer les stocks ou en prairies longue durée pour l’intérêt en protéines ou en économies de fertilisation, les légumineuses (autres que la luzerne) restent majoritairement cultivées en mélanges. Près de 35 % des fourragères prairiales sont commercialisées sous cette forme. Les éleveurs réalisent également leurs propres associations. « Pour les associer, pas de recette miracle ! De nombreux critères rentrent en ligne de compte », souligne Julien Greffier. Et de poursuivre « les doses sont variables selon les variétés (de multiples critères variétaux les différencient) ainsi que les pourcentages de chaque espèce. La date de semis joue également. Aujourd’hui, les semis de prairies s’effectuent principalement en fin d’été. Si cette période est favorable aux graminées, elle l’est beaucoup moins pour les légumineuses, plantes de jours longs et de chaleurs. Un semis de printemps s’avère davantage approprié aux légumineuses. La fertilisation intervient également dans leur développement, une fertilisation plus azotée favorisant bien entendu les graminées. » Autre critère à citer, le mode d’utilisation. La fauche favorise par exemple le trèfle blanc aux dépens du trèfle violet. L’alternance fauche-pâture est une recette qui a contrario fonctionne bien dans le temps pour une meilleure autoconcurrence des légumineuses. D’ailleurs cette pratique a tendance à se développer sur le terrain.
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Toujours une légumineuse qui convient
Quel que soit le système d’exploitation ou le choix de la parcelle, il y a toujours une légumineuse qui convient. Mais pour choisir l’espèce parmi toutes, les questions à se poser concernent essentiellement le type de sol, le mode d’utilisation ou d’exploitation de la plante (fauche exclusive, pâture exclusive ou alternance fauche-pâture) et l’éventuelle association avec d’autres espèces, notamment les graminées prairiales. En sol séchant, on peut envisager le lotier, la minette. En sol frais pâturé, l’espèce que l’on peut qualifier de « moteur de la prairie » est le trèfle blanc dont la valeur alimentaire, l’appétence en font le champion toute catégorie. Dans les prairies pâturées plus humides, le trèfle hybride et le trèfle de Micheli sont plus adaptés. Pour la fauche, en sol séchant et profond, c’est bien sûr la luzerne qui est la solution, mais aussi le lotier s’il est associé à des graminées. En sol frais, la luzerne est aussi utilisable, de même que le trèfle violet. En sol humide, le trèfle violet est l’espèce la mieux appropriée. Dans les sols pauvres, peu profonds, le sainfoin et la minette permettent une valorisation des parcelles.
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