« Les vaches, je ne peux pas m’en passer »
François Fillatre est responsable technique de la station de Moussours en Corrèze où sont évaluées les qualités maternelles des futurs taureaux d’insémination Limousin. Il a débuté sa carrière avec des laitières et la poursuit avec des allaitantes.
François Fillatre est responsable technique de la station de Moussours en Corrèze où sont évaluées les qualités maternelles des futurs taureaux d’insémination Limousin. Il a débuté sa carrière avec des laitières et la poursuit avec des allaitantes.

Normand de naissance
J’ai été producteur laitier 15 ans sur une petite ferme de la Manche. Je m’étais installé à 16 ans avec ma mère après le décès de mon père. Nous avons cessé d’exploiter peu avant la mise en place des quotas. J’ai repris mes études (BTA puis BTS en formation pour adultes) à 31 ans alors que je n’avais que le BEPC. Puis j’ai travaillé 12 ans à la ferme des Trinottières dans le Maine-et- Loire. La moitié de mon temps était consacré à la formation pour adulte et pour l’autre j’étais responsable du troupeau limousin. J'ai ensuite rejoint la station de Moussours en Corrèze. Avoir été agriculteur pendant 15 ans donne du recul et une autre vision des choses. J’ai gardé la fibre « éleveur ». Les vaches, je ne peux pas m’en passer !
Format et croissance
Les facilités de naissance ont contribué au succès de la Limousine et à l’expansion de ses effectifs. C’est un atout précieux mais attention aux évolutions en cours ! Les éleveurs doivent rester raisonnables dans leur volonté d’améliorer format et potentiel de croissance pour ne pas s’exposer à un accroissement des difficultés de vêlage.
Chasse et pêche
Je fais partie de l’ACCA d’Uzerche où nous chassons au chien courant chevreuil et sanglier. J’ai pour cela quelques Bassets fauves de Bretagne et des Ariégeois. Je suis également estimateur des dégâts de gibier pour la Fédération des chasseurs. Je pêche aussi la truite dans les beaux ruisseaux corréziens. En revanche, je ne suis pas très champignons, mis à part s’ils arrivent tout cuits dans mon assiette !
Mongolie
Une mission en Mongolie restera mon meilleur souvenir professionnel. Elle était organisée à la rencontre des éleveurs locaux (viande et lait), pour appréhender leurs contraintes et leurs besoins et voir si on pouvait les accompagner dans leur souci d’améliorer le fonctionnement de leurs exploitations.
Lait et facilités de vêlage
Le plus dur dans la sélection d’un cheptel allaitant, c’est améliorer le lait, les facilités de vêlage et plus globalement les qualités d’élevage. Des caractères déterminants pour la rentabilité et la facilité de conduite, mais qui ne se voient pas à l’examen de la seule morphologie. Attention à ne pas être trop focalisé sur le phénotype au moment du tri des génisses avec le risque de passer à côté des qualités d’élevage.
550 à 900 bovins sur 205 ha
À Moussours, il y a selon les périodes de l’année 550 à 900 têtes à gérer et nourrir. Ce troupeau est conduit sur 205 ha répartis entre163 ha d’herbe et 42 de maïs ensilage. Chaque lot (60 à 70 têtes) tourne sur 6 parcelles. Cette conduite est bien calée et quand la météo est de la partie, ne pose pas de problèmes particuliers. Sans le pâturage tournant, on ne pourrait arriver à tel chargement. On achète en revanche toute la paille (600 tonnes/an) à l’extérieur.
Finition en ration sèche
A Moussours on vend à l’automne pour la reproduction les deux tiers des femelles utilisées pour l’évaluation sur descendance. Le tiers restant est fini en ration sèche. J’aime cette activité d’engraissement. Les filles de certains taureaux sont plus faciles à finir que d’autres. Mais faute de pouvoir être évalué sur un effectif suffisant, cet effet de l’origine paternelle ne peut être prise en compte dans l’évaluation. C’est dommage.
1500 visiteurs par an
On accueille à Moussours une moyenne de 1500 visiteurs/an (éleveurs, étudiants, délégations étrangères). Le plus souvent par groupes de 20 à 50 personnes avec aussi régulièrement le passage de certains naisseurs des taureaux mis en évaluation. Ils souhaitent voir comment évolue la descendance de l’animal né chez eux.
Gérer l’herbe et peser FACU
Les lycées agricoles ne sensibilisent pas suffisamment à la gestion de l’herbe et à son corollaire : l’allongement de la période de pâturage. Cela permet pourtant de conforter les croissances avec la seule herbe pâturée et réduit le coût de l’alimentation. Le recours à la bascule n’est pas non plus assez mis en avant. Il est essentiel de peser régulièrement pour situer les performances et mieux caler une ration ou un mode de conduite.